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Le triomphe de la vérité

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Edito: Et si le k.o ne passait pas ?


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logo journalLe strip-tease électoraliste qui a permis à une partie de l’opposition de rejoindre la mouvance, est basée sur un postulat sans scrupule : gagner à tout prix pour ne plus faire l’opposition. Au nom de l’idéologie de la victoire qui tourne dos au développement de ce pays et à son relèvement moral, le PRD et d’autres partis ont réalisé un grand écart qui restera l’une des plus grandes acrobaties politiques de notre histoire récente. Mais les partis coalisés ont oublié que l’arithmétique électorale est tout sauf cartésienne.
Ce qui va se passer probablement, à moins d’un tremblement de terre, c’est que le K.O. tant espéré n’aura pas lieu. Et s’il a lieu, ce sera pour mettre hors circuit Lionel Zinsou et tout l’aréopage d’opportunistes qui croient pouvoir trouver   en politique les moyens de satisfaire leurs besoins matériels. Ce qui écœure le plus le bas-peuple, c’est la facilité de renoncement dont fait montre la classe politique béninoise. Voir le PRD arborer des arguments proches du déni de démocratie (« on est fatigué de faire l’opposition »), entendre les leaders de la RB célébrer comme un messie le « Professeur Lionel Zinsou » et écouter le timoré François Abiola au sujet de cette même candidature, en ont convaincu le peuple des électeurs qu’il y a une pourriture grave dans le personnel politique.
En dehors des valeurs cardinales qui se sont perdues au cours des deux   mandats finissants, il y a que le sens du politique s’est liquéfié au point de n’être qu’opportunisme grégaire. Au point de ne s’apparenter qu’à ce que Philippe Noudjènoumè appelle une « morale de brigand » : la victoire à tout prix. Où sont donc passées nos valeurs d’éthique et de morale ? Elles ont été jetées dans la nouvelle idéologie du gain. L’opportunisme alimentaire qui sous-tend ces alignements contre-nature fait fi du peuple, oublie le chômage des jeunes, crache sur les problèmes d’eau et d’assainissement, l’éducation en faillite, les problèmes colossaux des entreprises ou encore la corruption érigée en système de gouvernance. Nous sommes dans la réinvention de l’idéal démocratique.  Jadis, on luttait pour une certaine idée du Bénin, aujourd’hui on se bat ouvertement pour gagner ou faire gagner des marchés, décrocher des postes ministériels ou de direction générale,  positionner les gens de son village dans la fonction publique. …
Le plus curieux, c’est qu’en développant cette thèse insultante, chaque leader continue de penser que le peuple suivra. Et si le peuple, révolté par tant d’outrances, décidait de ne pas se faire insulter et de prendre sa revanche ?
C’est le scénario catastrophe qui attend les leaders coalisés dont les calculs d’apothicaires n’ont aucune prise sur la fureur des électeurs. Car, au moment où les Béninois s’apprêtent à prendre leur revanche sur les politiques qui les ont floués, un autre phénomène est apparu : la montée en puissance des alternatives crédibles. Autrement dit, que ce soit ABT au Nord, Ajavon, Talon ou Koupaki au Sud, ceux qui portent désormais l’espérance du peuple meurtri  ne sont pas des enfants de chœur. Ils portent en eux la flamme d’un renouveau politique qui viendra chasser l’ancien système gangréné et rétrograde.
Et je suis de ceux qui pensent que l’ancien système est en sursis. Incarné par ceux qui ont mis en vedette le clinquant de l’argent roi, il devrait disparaitre avec le yayisme et ses avatars.  L’échec de Lionel Zinsou sera le coup de grâce que le peuple donnerait, presque sans le vouloir,  à une certaine vision de la politique  privilégiant l’immoralité et le jeu des intérêts personnels. Voilà ce qui est en jeu.
Bien entendu, j’attends ce que feront le PRD et la RB  quand sonnera l’heure de la déroute. Beaucoup d’observateurs prophétisent déjà la déstabilisation des deux partis dont les bases électorales seront assiégées et mises en morceaux. Ils ne survivront pas à la bourrasque. En croyant naviguer désormais sur un fleuve tranquille menant à la victoire, Adrien Houngbédji et tous ceux qui le suivent, jouent gros : leur échec signera leur déchéance. Leur hypothétique victoire plongera le pays dans une gouvernance tricéphale porteuse de cacophonie.
Dans tous les cas, en enlevant à la politique la force des idées qui fait sa dignité et sa noblesse, les acteurs politiques obligent les citoyens à expérimenter désormais leur propre sursaut.

Par Olivier ALLOCHEME

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