.
.

Le triomphe de la vérité

.

Edito: La brouille des perspectives


Visits: 3

logo journalCe week-end, de curieux soutiens sont intervenus. Des conseillers communaux de Djougou (10 sur 17) ont clamé leur soutien à Sébastien Ajavon. Idem pour quelques-uns à Ouaké et Sinendé. Pour qui connait cette commune, le cas de Sinendé peut paraître  particulièrement curieux. Voilà une commune des plus enclavées, située à plus de 50 km de Bembèrèkè centre et qui appelle subitement à voter pour un candidat qui n’y a jamais mis pied. Ce ralliement sulfureux est aussi crédible que les chantiers de transformation volcanique lancés par Boni Yayi à la veille des élections.
Le sujet pourrait paraitre bien risible. Mais il prend des allures plus curieuses lorsqu’on sait que ceux qui parlent sont des élus dont les couleurs politiques sont connues de toute la population. A première vue, on accepterait leur volte-face en se basant sur des convictions politiques fluctuantes, la communauté de visions ou encore le travail souterrain mené par les équipes du candidat sur le terrain. Mais je reste perplexe. De quelle équipe Sébastien Ajavon a-t-il pu disposer jusqu’à Sinendé ?
Il ne faut pas chercher loin. Ces ralliements sont chiffrés, ils ne sont pas sincères. La question, légitime en un cas aussi grotesque, est de savoir   si les conseillers faussaires vont revenir sur leurs déclarations, une fois les poches pleines. Dans ces communes, les rumeurs les plus folles circulent sur les montants encaissés ainsi que les reliquats qui attendent une fois les élections gagnées. Plus concrètement, on sent des mains subreptices qui donnent et d’autres qui moissonnent à la vitesse de l’éclair, pour « profiter » de la période  électorale.
Alors question : si tout se vend et que tout s’achète durant cette période, quelle sera la crédibilité du personnel politique ? Tous ces conseillers, élus à la base, qui répandent la honte sur eux-mêmes par des ralliements factices, se comportent exactement comme les grands leaders eux-mêmes qui auraient pris des milliards pour effectuer leurs choix. La décentralisation de ce militantisme du profit, a de quoi inquiéter. Car à voir de près, les montants partagés entre les complices sont en-dessous de 2 millions de FCFA.  Moins de deux millions pour salir une réputation et compromettre un avenir !
Le fait est qu’avec ces ralliements sans contenu, l’élection de février prochain aura un goût de CFA. Les uns achètent les autres et l’arène est plus embrouillée que jamais. Il est désormais impossible de pronostiquer sur l’issue du scrutin, tant les hypocrisies et les filouteries se sont multipliées au point de n’être que le point commun de toutes les chapelles. Entre les FCBE dont une bonne partie des militants qui en veulent à leur candidat, ouvrier de la 25ème heure, la RB et le PRD  minés par des déchirements  internes et les autres camps qui recrutent à tour de bras dans le lot des déçus, l’observateur  le plus averti y perd son latin. Il faut maintenant scruter le comportement des fiefs les plus sûrs pour comprendre le sens des événements qui se passent sous nos yeux.
A coup sûr, le PRD et la RB perdront des plumes. Leurs bases électorales sont désormais prises d’assaut par les autres candidats. Les milliardaires en font même une question d’honneur : ils montreront de quoi ils sont capables, à ceux qui les ont rejetés. Chacune de ces formations compte un nombre non négligeable de déçus qui choisiront d’autres voies. Au PSD, malgré le mot d’ordre appelant à soutenir Ajavon, l’heure n’est pas à la sérénité. Même le secrétaire général du parti a contesté le choix effectué. Sans compter que le véritable leader du PSD, Bruno Amoussou, est resté muet jusqu’ici.
En prenant le septentrion, on sait que Bio Tchané reste un candidat des plus sérieux. Il ne se laissera pas voler sa victoire, maintenant qu’aucun candidat d’envergure ne l’affronte au Nord. Il fera le plein des voix dans l’Atacora-Donga et sera en tête dans Parakou et région. Mais ce qui aurait pu être son fief, est aujourd’hui la proie à quelques déchirements. Les comportements ambigus de quelques conseillers communaux de Djougou sont là pour rappeler que l’argent peut faire basculer des positions autrefois rigides.
Et c’est pourquoi, cette élection n’est vraiment pas comme les autres. Elle se jouera surtout au premier tour dans une obscurité difficile à percer  pour les électeurs et surtout pour les candidats.

Par Olivier ALLOCHEME

Reviews

  • Total Score 0%


Plus sur ce sujet

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

You cannot copy content of this page