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Le triomphe de la vérité

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Edito: La trahison des leaders


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logo journalLa question est de savoir aujourd’hui si la trahison gagnera. Lionel Zinsou est finalement le fruit d’une trahison, d’une drible historique que les Béninois sont appelés à valider ou à rejeter.

            D’un côté, il est sorti des calculs de Boni Yayi qui a trahi les siens sur toute la ligne, en positionnant un inconnu aux bataillons FCBE. François Abiola, Aké Natondé et tous les caciques FCBE n’ont obtenu aucune grâce à ses yeux, pas même son propre beau-frère, Marcel de Souza.

            D’un autre côté, il y a la trahison de la RB et du PRD. Les Soglo, père et mère, ont beau crier, leur parti a fait exactement ce qu’ils dénonçaient il y a seulement une semaine. C’est à croire que ce parti est assis sur un dualisme idéologique qui éclate au grand jour. Quant à lui, le PRD trahit à la fois ses électeurs qui ont massivement voté contre le système Yayi mais aussi ses propres alliés qui avaient consenti des sacrifices énormes pour hisser Adrien Houngbédji au perchoir de l’Assemblée nationale en mai dernier. La coupe est difficile à boire. Elle est même amère et insupportable. Je n’ose pas imaginer le désarroi de tous ces citoyens qui avaient cru en la sagesse de maitre Houngbédji. En allant à la rivière de Yayi, le président du PRD a aussi tourné dos à des alliés qui ont profondément cru en sa personne. C’est une immense déception qui les a envahis depuis hier. Une déception et une angoisse profonde sur le sens même de la politique dans ce pays. A quoi sert-elle ? A satisfaire des individus ou à développer un pays ?

Mais il y a ce peuple aussi qui a trahi ses nobles idéaux de 1990. En prêtant le flanc à la marchandisation éhontée de l’arène politique, le peuple béninois a vendu sa dignité. Il l’a vendangée et ne sait précisément plus jusqu’où s’arrêter. L’indignité du peuple qui ne raisonne plus en face du dieu argent, a ouvert la voie à la déliquescence de l’arène politique. Nous en sommes témoin, la démocratie que nous pratiquons est une démocratie où règne l’argent, avec des acteurs médiocres.

            Le plus curieux reste l’UN. Elle est restée jusqu’au bout incapable de désigner un candidat, malgré les annonces tonitruantes. Bruno Amoussou, Idji Kolawolé, Lazare Sèhouéto et autres Sacca Fikara sont plus doués dans l’art des intrigues que dans celui, périlleux, de la construction d’un idéal républicain. Finalement, c’est Désiré Vodonou qui a eu raison. Le plus grand regroupement de l’opposition béninoise est proprement incapable de quoi que ce soit. Si en 2011 elle n’a pas pu faire élire Adrien Houngbédji, l’UN n’a même pas pu choisir un candidat en 2016…

            A qui la faute? A trop d’intelligences machiavéliques réunies, trop d’intrigues et d’ambitions cacophoniques, une vacuité idéologique qui a fait le lit à la médiocrité. Et pourtant l’UN était un réservoir d’espoirs. Face à un yayisme folklorique, elle offrait l’espoir d’un vrai recentrage du débat politique autour des objectifs de développement et non d’un culte éhonté de la personnalité. Le yayisme et ses accents rétrogrades marqués par la confiscation de la pensée, nous avaient déçus. Le messie annoncé était un gnome. La goujaterie qui a servi à gouverner ce pays est une honte à l’intelligence. Aujourd’hui encore, nous avons le sentiment que le Bénin méritait largement mieux.

            Mais les échecs patents de la coalition UN nous ont montré que le peuple a constamment rejeté la classe politique depuis 2006. Il y a dix ans, le succès retentissant de Boni Yayi, ne pouvait laisser une autre interprétation : il en avait marre. Ce qui s’est passé hier renforce ce qui se passa en 2006.

            Depuis hier, la coalition menée par Lionel Zinsou menace encore de réduire l’UN à un silence définitif. Eric Houndété a déposé sa candidature, mais les esprits avisés savent qu’il n’a fait ce geste que par dépit. Il ira jusqu’au bout, quoi que cela puisse lui coûter.

                Il faudra aujourd’hui plus que ces ambitions individuelles. Pour battre la coalition menée par Zinsou, l’opposition doit rapidement se réorganiser. Le jeu est encore jouable lorsqu’on sait les trahisons ayant abouti à cette forfaiture. Et lorsqu’on sait aussi qu’entre le peuple et ses leaders, il se passe aujourd’hui comme une rupture d’alliance. Une trahison qui trouvera vengeance, dans les urnes.

Par Olivier ALLOCHEME

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