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Le triomphe de la vérité

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Edito: Le coton est-il rentable ?


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logoVoilà une question qui fera dresser les cheveux à ceux qui vivent de la manne cotonnière depuis des années. Ce sont des milliers de paysans de toutes conditions, des transporteurs, des agents du développement rural, des ouvriers d’usines et finalement des commerçants de toutes catégories qui vivent directement ou indirectement de cette production. Il est donc certain que si la production cotonnière venait à s’arrêter un jour, ce serait toute la chaine qui se serait brisée, en provoquant une crise socio-économique difficile à prévoir.

Mais alors pourquoi s’intéresser aujourd’hui à la rentabilité du coton ?
Ce dimanche 15 novembre 2015, le chef de l’Etat a officiellement lancé la campagne de commercialisation  du coton, 2015-2016. La cérémonie de lancement a eu lieu dans la commune de Banikoara qui est un symbole des bienfaits du coton. Banikoara est la plus grande commune productrice d’or blanc au Bénin. Les 2/3 de la population en vivent, y compris les cadres dont beaucoup ont leur champ qu’ils exploitent comme ils peuvent. Mais Banikoara, c’est aussi des problèmes de pollution des eaux due à l’utilisation massive des engrais qui se déversent dans la nappe phréatique et intoxiquent la population. La commune est aussi marquée par la diminution des productions vivrières. Il fut un temps où le maïs coûtait plus cher à Banikoara qu’à Parakou qui est pourtant censée être une ville. Il y a bien des conseils qui se donnent aux cotonculteurs sur la nécessité d’associer le coton aux cultures vivrières. Mais la réalité, c’est que ces associations ne sont pas toujours possibles, compte tenu de la qualité des sols.
Si vous allez à Nikki, vous vous rendrez compte que la seule activité économique de cette grande commune est le coton. L’installation de l’usine MCI dans la localité a permis de donner un coup de fouet à la production sur place. De sorte que la commune a vécu la fermeture de cette unité de production comme un véritable drame. Sa réouverture a permis de redonner du travail à des centaines de jeunes qui n’avaient d’autre choix que d’aller chercher du travail au Nigeria voisin.

Tout cela nous montre que nous sommes dans une monoculture qui a ses revers aussi.
La filière cotonnière constitue la base de l’économie rurale et agro-industrielle au Bénin. Sa contribution,
en terme de valeur ajoutée est estimée à 13 % du PIB. Elle représente environ 70 % de la valeur totale des exportations et 35 % des rentrées fiscales (hors douanes). Elle constitue un outil stratégique privilégié pour lutter contre la pauvreté, sachant que les achats annuels de coton-graine représentent environ 70 milliards de FCFA qui sont versés annuellement à plus de 300.000 exploitants agricoles, assurant ainsi indirectement des revenus monétaires à environ trois millions de personnes. Le coton est cultivé par environ un tiers des paysans au Bénin et il occupe environ 20 % de la superficie cultivée. Mais seul 2% du coton produit  est transformé chez  nous. Tout le reste, c’est-à-dire, 98% de la production va à l’extérieur et nous revient sous forme de tissus vendus sur nos marchés à des prix que vous connaissez bien.
Je vous épargnerai des manœuvres utilisées depuis des lustres par les acteurs du secteur pour profiter de cette manne. Parce que le coton est devenu un outil politique de premier ordre. Conscient de la situation, des opérateurs économiques rusés ont réussi, durant des années à se rendre incontournables, en fixant les prix qui leur conviennent et en livrant aux paysans des intrants de mauvaise qualité qui ont dévasté les cultures. Souvenez-vous de la polémique de l’hélicoverpa qui a dévasté les champs de coton en 2006-2007 du fait d’intrants périmés mais vendus quand même aux producteurs.
Le problème, c’est que les cadres de ce pays sont pour la plupart en quête d’argent et se laissent trop souvent avoir par les opérateurs économiques prêts à tout.
Pour finir, je dirais que la rentabilité du coton ne devrait pas se mesurer à ce que cette culture apporte directement dans les caisses de l’Etat. Elle constitue le salut pour des régions de notre pays qui n’ont pas aujourd’hui d’autre alternative de développement. Mais il faut que l’Etat investisse dans d’autres spéculations, notamment le palmier-à-huile et l’ananas qui se développent, sans un apport consistant de l’Etat central.

Par Olivier ALLOCHEME

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