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Le triomphe de la vérité

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Déclaration de Agboessi Noumonvi Cloubou, « Sous l’Arbre à Palabres » de L’Evénement Précis: « L’objectif ultime du capsocalisme est un emploi pour chacun »


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Kloubou AgbéossiAgboessi Noumonvi Cloubou est la 95e personnalité invitée ‘’Sous l’arbre à palabres’’ de l’Evénement Précis. Potentiel candidat à l’élection présidentielle de mars 2016, il parle essentiellement du capsocalisme, ce nouveau concept qu’il veut développer au Bénin dès avril 2016 s’il est élu. A bâtons rompus avec les journalistes, Agboessi Noumonvi Cloubou définit le capsocalisme, le décrypte, décline le concept et la méthodologie de sa mise en œuvre sur tous les plans : politique, économique, social et culturel. Le militaire de formation, fonctionnaire international, dévoile ses idées pour une croissance forte et déplore le manque d’audace des Béninois après son diagnostic de la situation sociopolitique et économique du Bénin. Agboessi Noumonvi Cloubou éclaire sur les raisons de son entrée en politique et les motivations de sa candidature à la présidentielle de février prochain.

Et si on en parlait

Nous sommes dans la soif de vous connaitre, nous allons vous demander, qui êtes-vous ?
Chers collègues, chers compatriotes, bonsoir. Mais avant de me présenter, laissez-moi vous remercier. Je vous assure que c’est un réel plaisir puisque le Bénin, notre pays, va certainement décider de tourner une page dès la semaine qui s’annonce. C’est une semaine cruciale et je voudrais vous exprimer toute la gratitude du mouvement qui, spontanément, me soutient, en l’occurrence, Monsieur Césaire Amoussou grâce à qui j’ai pu avoir ce privilège de me retrouver face à vous. Mon nom, c’est Agboessi Noumonvi Cloubou. Je suis né à Sèhomi dans la commune de Bopa. J’ai fait mon primaire à Sèhomi, mon secondaire à Bopa, à Aplahoué et à Lokossa. Très tôt, l’agression du 16 janvier 1977 nous a permis de passer le concours et d’aller en Union soviétique et de faire partie des 51 officiers formés. C’était pour la direction de l’armée de l’air, la chasse. Après trois ans de séjour, on est revenu en 1980. Nous n’avons pas eu la chance d’acheter des avions de chasse mais avons été obligés de subir des transformations, c’est-à-dire, au lieu de devenir aviateur, on est devenu para pour les uns, fantassins pour les autres. Moi j’ai choisis de faire du parachutisme. J’étais allé aux Etats Unis pour faire le cours d’Infanterie de base en 1986. Je suis reparti en 1992 pour le cours avancé. En 1990, je suis reparti en France pour être chef des TAP (Troupes aéroportées). En 1997, je suis reparti aux Etats-Unis, cette fois, pour être instructeur de la langue anglaise au sein de l’armée. A mon retour en 1998, j’ai fait le cours d’Etat major au Bénin et en 1999, j’étais reparti aux Etats Unis pour faire le cours de deuxième niveau pour être instructeur de la langue anglaise. J’ai fait, entre temps, le centre Koffi Annan du Ghana, j’ai fait la Pologne, le Kenya, et puis, après 29 ans de carrière militaire d’officier, j’ai passé un test pour devenir fonctionnaire international aux Nations Unies. C’était en avril 2006 et j’ai dû quitter le Bénin. J’ai servi aux Comores en tant que conseiller des Nations Unies. Après les Comores, j’ai servi en Mauritanie. En septembre 2014, j’ai été affecté comme chef du centre de l’information et de la sécurité des Nations Unies. C’est une grande mission d’environ quinze mille personnes.

Et le siège se situe où ?
A Juba au Soudan du sud. Mais s’agissant de mon souci du bien-être social, je peux affirmer que depuis 1988, j’avais déjà commencé à mener quelques réflexions. Ce qui m’a poussé à écrire un premier livre. Je commandais le camp de Bembèrèkè. Je me disais, une attaque extérieure, avec notre capacité, ce que nous pouvons faire pour contenir un tel assaut. C’est en réponse à ce questionnement que j’ai écrit le livre et j’avais fait également quelques fiches à l’endroit de l’Etat-major pour qu’on réorganise l’armée. Cela n’a pas suffi. En 1994, j’ai voulu réellement écrire un livre sur le leadership. Au même moment, j’avais commencé par avoir des réflexions politiques. Pas en tant que tel, j’ai su le bien-être social. J’avais quelques collègues qui travaillaient avec Nicéphore Soglo, Amoussou Bruno, Kérékou et Boni Yayi. En 1995, j’avais partagé l’ébauche du projet de société que j’ai avec le président Nicéphore Dieudonné Soglo. En poursuivant ma réflexion et profitant de mes voyages et des observations faites dans différents pays, j’ai affiné ma compréhension et le tour de vice a été la publication du livre « La rupture » de notre compatriote que j’appelle le pionnier  factuel, Valentin Agon. A la publication de ce livre, j’ai jugé bon qu’il ne serait pas normal de faire une rupture. La rupture est une révolution qui ne devait pas nous aider. Cependant j’avais concédé qu’on devait faire des ruptures sectorielles et faire un greffage, d’où le titre du livre « L’émergence de l’Afrique, le greffage qui s’impose ».

Quel est le diagnostic que vous faites de la situation sociopolitique et économique du Bénin ?
Laissez-moi vous dire très clairement qu’en dépit de l’effort fait par nos différents dirigeants, je crois que nous n’avons pas osé pousser, nous n’avons pas osé nous valoriser nous-mêmes, nous n’avons pas osé nous rendre utiles, nous n’avons pas osé prendre en charge notre identité individuelle. Est-ce que nous sommes des êtres humains ? Ce que nous représentons, nous n’avons pas osé le dire face aux autres, lever la tête et dire nous comptons aussi dans le monde. Ce diagnostic est général. Il part depuis l’accession de notre pays à l’indépendance où nous avons servi le colonisateur. Après, c’est devenu des néo-colonisateurs. On a fait la conférence, mais malheureusement, quand vous observez tous les domaines d’activité, social, politique, économique, environnement, vous comprenez que nous ne savons réellement pas ce que nous voulons ou nous ne savons pas que nous pouvons être utiles et que nous pouvons faire quelque chose, nous-mêmes.

Vous pensez que le Béninois croit qu’il n’a pas une place importante dans le monde ?
On ne sait pas, surtout les pays francophones. Pour nous, tout ce qui vient de l’extérieur est la meilleure matière. C’est le produit fabriqué à l’extérieur qui compte. Du coup, au lieu de travailler pour son peuple, pour se valoriser, nous travaillons pour valoriser les autres. Le diagnostic est un peu amer. Prenons l’éducation. L’éducation, c’est la tête d’un homme. Dans l’éducation, nous avons les vacataires et les volontaires. Qu’est-ce qui nous empêche de professionnaliser l’éducation ?  Je vois également notre administration, c’est le ventre. Nous ne travaillons pas bien, nous ne produisons rien. Dans ces conditions, nous ne pouvons pas espérer de meilleures conditions sociales. Nous avons parlé du Minimum social commun mais sans vraiment viser le Meilleur social commun et c’est ce qu’il faut. En se projetant un peu plus haut, en ayant une imagination vive de l’avenir, on peut mener des actions hardies. Sans cela, il n’y a rien. Prenez d’autres exemples terre à terre : le centre culturel français. Heureusement que la France est là. A part ces centres culturels français et américain, il n’y a plus rien pour nous-mêmes.  Ce sont eux qui choisissent les livres que nous allons étudier. Il faut que ça cesse. Nous sommes capables d’avoir des centres culturels dans chaque commune. On peut le faire. Prenons un autre cas qui est le football. Je ne sais pas si demain on peut aller en finale d’une coupe. Oui, on peut. C’est une question d’organisation, une question de honte, d’amour, de décision, d’engagement pour ce peuple. Tant qu’on ne l’aura pas, on aura beau crier, on n’aura pas de bons résultats. Prenons l’exemple de l’assainissement. Prenez Dantokpa. On a la chance d’avoir le plus grand marché de l’Afrique de l’Ouest et on est incapable de faire un complexe moderne digne de nom, avec des immondices  partout. Allez dans nos quartiers, il y a des ordures partout. Nous pensons nous-mêmes que nous sommes encore bas, qu’on ne mérite pas ceci ou cela. Est-ce que c’est important ? Si oui, on peut. Comment peut-on encore accepter que des gens meurent encore du paludisme au Bénin alors qu’il suffit de travailler, de nous organiser. Je vais faire le tour. L’alphabétisation, nous avons presque 80% de nos compatriotes qui ne peuvent ni lire, ni écrire et on ne fait rien, on en parle tous les jours. Ce n’est pas possible. Le travail ou l’emploi ? Le travail parce que nous avons oublié d’identifier les niches de travail et voir des méthodes à mettre en œuvre pour en faire des incubateurs d’emplois. C’est-à-dire, regardez un peu nos fleuves où tous ces cours d’eau qui sont ensablés. On ne fait rien pour les draguer, or le dragage est déjà fait sous nos yeux. On a des ingénieurs, des experts dans tous les domaines. On ne peut pas copier et faire le dragage nous-mêmes ? Il faut que les autres viennent faire le dragage pour nous, ce qui n’est pas normal. Je parle encore des niches du travail. Prenons l’assainissement,  c’est pareil et on peut s’organiser. Prenons la sécurité, on peut faire ce que nous voulons avec. Prenons la production de la tomate, on préfère que cela vienne du Burkina Faso. Prenons l’ananas, le coton qui est la seule filière, ça ne suffit pas. C’est pourquoi c’est gangrené. Prenons nous-mêmes, le « afitin », nous préférons aller acheter le Dijon dans une boutique plutôt que d’améliorer notre afitin. Aujourd’hui, le diagnostic est difficile à établir et vous savez pourquoi ? En 1989, nous pensions qu’il fallait couper la tête du serpent. Mais, aujourd’hui, il faut couper la tête à tous les Béninois parce qu’on est tous dedans, on est complice, comptable, coupable. On a laissé aller et de jour en jour, ça devient de plus en plus compliqué. C’est comme Boko Haram. Au départ, on aurait pu éviter le problème, on a laissé tomber et c’est fini. Regardez l’énergie électrique. Nous avons des cadres. C’est pourquoi le livre que j’ai écrit s’adresse expressément aux cadres, à nos compatriotes. L’idée que j’avais depuis 1994, ce n’est pas parce que je fais comme les autres mais c’est parce que je suis un observateur, j’ai servi au Bénin. Les gens pensent que le facteur déstabilisateur au Bénin est la corruption ou le non respect des lois. Non, c’est faux. C’est le détournement.

C’est la corruption
Non, ce n’est pas la corruption. Voyons la corruption sous trois angles. Dans un premier temps, je te demande une faveur verbale et après satisfaction, je mets la main dans la poche. C’est devenu, après, un conflit d’attribution entre parents, un lobby, un groupe. Si un projet coûte 100.000 FCFA, on coupe 20.000 de ces 100.000 qu’on va donner à quelqu’un pour lui demander de rendre le service. Dès que nous avons coupé comme ça, le projet n’existe plus, il est mort. Allez à la maternité, au cimetière, dans nos villages, les parents ne connaissent pas la corruption. On détourne tout et c’est ce qui tue le pays.

Vous n’êtes de ceux qui pensent que c’est Yayi qui a aggravé la situation et c’est l’échec de son régime qui a fait péricliter le pays.
Ce qu’il est important de savoir, c’est que le président de la République vient avec une vision et il faut des hommes pour animer cela. Depuis quelques années, on est incapable de nous dire les vrais résultats de toutes les élections. Si c’est comme ça, vous voulez et attendez quoi ? Allez demander aux institutions, on ne peut pas dire les vrais résultats issus de toutes les élections. Est-ce que c’est comme ça ailleurs ? Je ne sais pas, mais moi je m’interroge. Du coup, on dit que c’est Nicéphore Soglo, c’est Kérékou, c’est Yayi. Ils viennent et partent. Le peuple et les cadres sont là. Combien de fois avons-nous entendu dire les cadres « ça va ». Il y a des inégalités qui peuvent créer des frustrations. Je suis d’accord que de temps en temps, sous Soglo, c’était pareil, sous Kérékou et sous Yayi Boni, c’est pareil. Ça n’a pas changé. Si ce ne sont pas des lobbies, ce sont des réseaux. Si vous n’êtes pas de ce réseau, ou de cette région, vous n’avez rien. On ne peut pas continuer à condamner les présidents. Il faut que nous puissions mettre la responsabilité individuelle en avant. Comme ça, on peut prendre des décisions qui nous incombent. S’il faut croire toujours que c’est l’autre le bouc émissaire, si on continue comme ça, on va se retrouver quand ? Qui sont ceux qui ont dit non à l’envahisseur à Abomey ? On va dire que c’est Béhanzin ; mais en réalité, ce sont les amazones. C’est pour cela que le contexte qui prévaut aujourd’hui impose ce qui fait la dignité de l’homme. Pourquoi on est devenu aujourd’hui des hommes sans dignité ? Comment perdons-nous la dignité. Il y a deux sortes de dignité. La première, c’est le travail et la seconde, c’est le toit. Celui qui n’a pas un travail n’est pas un homme. S’il n’a pas un toit au Bénin, il n’est pas Béninois. Le problème de l’emploi doit rester une priorité pour les familles et les gouvernants. Tant que nous n’allons pas régler ce problème, on aura des difficultés. Qui dit emploi, dit production et la production appelle à une meilleure condition de vie. Si on n’a pas ça, on va toujours souffrir du mal dont on souffre. D’ailleurs, nous avons proposé une conférence de réconciliation et de pardon économique. L’objectif serait un engagement national pour la bonne gestion des ressources. L’autre fléau est la méchanceté. Cela date de très longtemps. Au cours de cette conférence, les sages trouveront les moyens pour solutionner cela.

Insuffisances qui empêchent la mise en œuvre de la démocratie béninoise pour que certains parlent d’échec aujourd’hui
La première faille à mon avis repose sur les institutions qui ne jouent pas leurs rôles. Je m’explique. Pourquoi je parle de vision ? La vision doit s’appuyer sur le développement, c’est-à-dire, le meilleur être. Il s’impose donc une dynamique de croissance sans quoi, on parlera de carton vide. La société civile, dans une certaine mesure, a fait son travail mais pas au complet. Le grand problème que vivent les Africains repose sur le manque d’emploi. Celui qui ne travaille pas et ne mange pas n’a pas de conscience. Donc, si on doit classer, je parlerai des institutions, la société civile et le manque de travail. Il y a des facteurs comme l’alphabétisation.

Le concept de Capsocalisme
La rupture du patriote Valentin Agon dont j’ai parlé tout à l’heure à côté du  greffage qui s’impose est juste une option d’introduction, d’application technique et technologique dans notre vie. Donc, est-ce que l’on peut transformer le « Ablo »  (pâte sucrée faite à base de farine de riz)  et autres aliments locaux ? Quand je faisais le point, je me disais qu’il y avait quelque chose. Vous vous rendez compte que la première menace en Afrique et au Bénin, en particulier, ce sont les jeunes et femmes sans emploi. Donc, cela devient une bombe à retardement. Même si l’on dit qu’on va donner de l’argent à tous les diplômés sans emploi, je crois que cela ne va pas résoudre le problème. On va leur payer cela pendant combien de temps. Il faut mettre le pays au travail. Il faut mobiliser le peuple dans l’action. Alors, face aux deux systèmes dans le monde, les systèmes économique ou financier, le capitalisme ou le socialisme. Il faut comprendre que ces deux sont aujourd’hui en perte de vitesse. Le socialisme a pratiquement disparu et le capitalisme, je doute. Dans ces conditions, juxtaposons les deux. Le capitalisme pour soutenir le social et utiliser le social pour apprendre à produire le capital d’où le capsocalisme. C’est un nouveau concept que nous allons développer au Bénin dès avril 2016. Puisque l’objectif ultime du capsocalisme est un emploi pour chacun. On fera en sorte à soutenir les actions des chefs quartiers ou chefs de village, on pourrait créer des coopératives qui sont enregistrées au tribunal avec la biométrie. Du coup, quand ces coopératives seront formées, les confrères qui sont obligés de faire du frelaté, conduire le taxi-moto, vont se retrouver pour choisir une filière agricole ou l’élevage. On va les organiser de sorte que les opérateurs économiques auront la part du lion dans cette affaire de la manière suivante. Si c’est bien organisé, il y aura des incubateurs soit pour les alevins, les poussins, les dindonneaux et autres. Et il faut bien des gens pour le faire. Il faut des gens pour les installations, fabriquer la provende, les engrais, la distribution. Il faut également des gens pour aller collecter les produits, les conditionner et d’autres pour la commercialisation.   Donc, les opérateurs économiques seront impliqués de même que les banques. C’est pourquoi je parle de biométrie. Ceci afin que quelqu’un n’aille pas frauder. On fera en sorte que les choses soient faites par commune. En cherchant à trouver de l’emploi pour chacun, j’avais pensé que la décentralisation jusqu’à la base ne suffit pas et que la coopération ne suffira pas. Donc, il faut aller chercher ailleurs des centres de recherches. Nous en créerons pour que les jeunes aillent s’exercer. Nous avons déjà la chance d’avoir le projet Songhaï, l’université d’agriculture de Kétou, les facultés spécialisées. Le plus important serait, au bout du compte, d’avoir des Béninois prêts à créer de petites machines pour transformer, déterrer, éplucher les produits agricoles. Ceci nous permettra, au bout du compte, d’avoir plusieurs filières à part le coton. On peut en avoir une dizaine. Comme cela, les salaires vont s’améliorer. C’est inadmissible que quelqu’un aille à la retraite et perçoivent moins que le Smig comme pension. Il faut qu’on arrête cela.

Déclinaison du concept au plan politique
Le capsocalisme et le greffage  sont des philosophies de renforcement de capacités. Leur déclinaison reste comment dynamiser la croissance et assurer le développement du pays. Ce n’est pas en tant que politique seulement. Ça doit être une option du Gouvernement de dire qu’il veut créer trente  filières au Bénin. Je veux organiser et avoir un certain nombre  de filières tout en permettant aux banques, opérateurs économiques et à l’Etat de former des individus et de leur permettre de produire du capital. Dans cette dynamique, elle peut prendre un sens politique. Le Gouvernement à mettre en place en 2016 devrait structurer cela et en faire des filières pour que celui qui crée sa société s’en serve pour promouvoir telle ou telle filière. Ce ne serait pas dans le vide. Donc, il faudrait que le travail individuel que nous faisons permette de soutenir cette vision globale de faire du Bénin un pays producteur de piment, d’ananas, de concombre, de poissons ou autres choses qu’on voudra. Donc, c’est comme cela que moi je vois que cela est faisable.

Déclinaison du concept au plan socioculturel
Nous n’allons pas formater le Béninois. C’est la rupture. Si on efface tout, on ne pourra plus reformer. Alors, le capsocalisme permettra de rendre les communes autonomes. Les communes qui ont une faible consommation d’énergie électrique devraient être déconnectées du réseau national. En remplacement, on leur met en place des centrales. En principe, en un mois, on a résolu le problème du délestage. Je le crois bien. Les travaux sont au laboratoire. Chaque commune devrait avoir sa piste d’atterrissage, son hôpital de référence, son centre culturel. En principe, le capsocalisme devrait permettre à chaque établissement scolaire d’avoir sa bibliothèque moderne. Si on ne le fait pas de la sorte, on risque beaucoup pour la jeune génération. Les petits ont déjà perdu l’habitude de lire, donc il faut leur faire une immersion en mettant à leur disposition autant de matériels didactiques et de recherches. Toujours dans le cadre du volet socio-économique, chaque commune devrait établir ses sites touristiques. Car, cela devrait se faire par  commune. Oui, toutes les communes ont leurs  potentialités. Chaque commune  devrait établir ses sites touristiques.  Chaque commune devrait s’interroger sur sa population d’ici 2030. Puisque nous devons aussi circuler sur les voies, il faut penser aux prévisions à faire. C’est aussi au capsocalisme de voir le meilleur social commun. Sur le plan économique, disais-je, c’est déjà cette volonté de voir et de créer des plateformes de réflexion, de recherche ou de loisirs. Dès que ces plateformes sont créées, le peuple peut circuler librement. C’est en s’amusant que les gens ont créé tout ce que nous utilisons aujourd’hui. C’est en s’amusant que quelqu’un a créé la lumière, un moteur et autres. Malheureusement, nous nous ne sommes pas dans cette dynamique. Au Bénin, il y a un compatriote qui a créé une radio qui a été fermée. C’est une aberration.    Nous devons faire le premier pas afin d’avancer. Si on ne le fait pas, comment allons-nous avancer ? Il va falloir également penser à la valorisation de nos savoir-faire endogènes. C’est ce que le greffage prône. Je voulais parler des techniques de l’information et de la communication de l’Afrique noire traditionnelle et le déterminisme ambiant de les utiliser la nuit,  de façon déguisée, illégale-même. Nous les utilisions, ces techniques de l’information et de la communication, du monde invisible et visible, et nous nous évitons de le dire. Mais, le tapis volant, le système est utilisé dans les villages. Nous refusons de croire que l’armée peut développer sa politique de défense sur la base d’une pratique de défense locale. Puisque nos parents se défendaient dans une certaine mesure avec les moyens et ces moyens ont toujours marché. C’est parce que, souvent, il y a eu la trahison, il y a eu le manque de solidarité. C’est ça qu’il faut d’ailleurs, pour ICC. Il faut une solidarité nationale pour que tous ceux qui ont été spoliés soient remboursés. Peu importe le pourcentage. Il faut que l’intelligence s’asseye et qu’on voie comment payer. Parce que c’est un nouveau scandale si on se tait là-dessus, parce que l’administration l’a endossé et il faut continuer, il faut payer. Absolument.

Quelle sera la méthodologie de la mise en œuvre de ce concept ?
Nous avons pensé que la première année, il s’agirait de l’aménagement priorisé. Voyons un peu nos départements, voyons là où il y a un peu de faiblesse. On n’a pas d’eau. Il faut courir pour leur donner de l’eau. Là où les routes ne marchent pas, il faut que l’armée coure pour rétablir la situation. C’est ça l’aménagement priorisé. Comment peut-on autoriser que tous les ans, il y ait inondation à Cotonou ? C’est inadmissible. On veut servir ou on veut se servir ? Ça, c’est parmi les aménagements priorisés la première année. La deuxième année, nous parlerons de l’année de recherche. Nous allons commencer par mettre en place des mécanismes, des plates-formes pour la recherche, pour mettre en place des coopératives, le recensement des jeunes. C’est ce que nous allons faire au cours de la deuxième année. En principe, dans ma compréhension, dans ma vision, nous pouvons mieux faire.  Nous avons des terres noires, nous avons des rochers, nous n’en faisons rien. Nous n’avons jamais cherché ce que nous pouvons faire avec ces terres noires. Moi je dis que nous devons tout faire pour trouver du matériau solide, nous-mêmes. Ainsi nous allons commencer la construction nationale dès la troisième année. Les autres ont observé la nature. Ils ont travaillé la nature. En Afrique, nous aimons travailler la nature. Nous devons chercher à savoir comment ça ce passe. Nous sommes des êtres humains, nous pouvons faire des découvertes, nous pouvons faire des innovations. Nous pouvons nous rendre utiles, pourvu qu’on prenne une décision, qu’on prenne un engagement. Troisième année, construction nationale. En principe, l’essor de l’économie nationale doit commencer à partir de la quatrième année. Et en fin d’année, on devrait déjà dire ‘’je suis fier d’être Béninois’’. Comment pouvez-vous accepter que des gens vivent au nord sans connaître la mer, et que des gens vivent au sud sans connaître les milieux naturels ? De toutes les façons, il importe, pour nous, dans ce tournant-là, de regarder à nos pieds et de voir ce que nous pouvons faire pour nous-mêmes. Si on doit tout attendre des autres, même si les autres, les OMD, les autres établissent les priorités, nous devons les incorporer dans nos propres systèmes. Et c’est pour cela que, s’agissant des stratégies, nous avons retenu neuf objectifs. Le premier objectif est d’abord le travail, c’est-à-dire, la première dignité humaine. Le deuxième, c’est la faim. Il faut que les gens aient à manger, parce que si le ventre est plein, il peut insuffler l’espérance au cerveau. Le troisième objectif  c’est le mental. Comment nous pouvons améliorer le mental des Béninois, et j’en viens à une question que vous avez posé tout à l’heure : la confiance. Parce qu’au Bénin, plus personne ne fait confiance à personne, même à la maison. C’est pour cela que nous devons insister sur les coopératives, pour rétablir la confiance à la base. On doit l’imposer. Si deux mécaniciens veulent faire une coopération avec un soudeur, un tôlier ou un peintre, ce genre de coopérative avec un garage digne de ce nom, les gens seront obligés d’aller au tribunal signer. Ce n’est plus comme avant. Avant, vous vous organisiez, comme vous voulez. Maintenant ce n’est pas ça parce que la banque qui vous passe son argent ne veut pas le faire sans garantie  et l’Etat doit se porter garant, en insistant, en faisant en sorte que tous ceux qui sont enregistrés le soient légalement pour qu’on puisse assurer la traçabilité et le suivi. Après, nous devons parler de l’environnement, de la sécurité, de l’industrialisation et également de la fierté nationale. Ce sont les neuf objectifs que nous avons prévus dans notre projet de société.  Cela devrait nous permettre, couplé avec les stratégies et la plus grande stratégie, pour le triangle de gestion de la vie publique, en insistant sur ce qui émerge du collectif. Ce qui émerge du collectif, quand nous parlons de coopérative, le système devrait être fait de telle manière que les productions soient raisonnables. Nous n’allons pas produire partout. Si nous produisons les mêmes choses partout, nous n’allons pas pouvoir bien organiser l’industrialisation. Si c’est au sud qu’il faut produire l’ananas, qu’on mette l’accent sur l’ananas, la région où c’est l’arachide, c’est l’arachide, la région du piment, c’est le piment. Comme cela, ça nous permettra de voir comment développer et assurer un bon suivi et une bonne industrialisation. Je parlais de ce qui émerge du collectif, c’est-à-dire, que chaque région devrait exprimer ses besoins en matière de développement et l’Etat accompagne, avec en toile de fond, les institutions qui sont en réalité là pour légaliser les ressources à mettre à la disposition des populations. Donc, le triangle des acteurs, le Gouvernement, les élus locaux et les institutions, c’est ceux-là qui feront que les choix ou les besoins réels des populations dans leurs contrées servent d’étalonnage et permettent aux populations de s’impliquer dans les décisions qu’elles auraient prises, elles-mêmes. C’est ce qui est important dans ce qui émerge du collectif.

Pouvez-vous nous expliquer le greffage dont vous parliez tantôt ?
La mangue greffée, nous la voulons un peu plus grosse, un peu plus succulente. Est-ce que nous voulons continuer de labourer avec la houe ? Les Blancs n’ont pas tout inventé. Nous aussi, on peut créer. Qu’est-ce qui nous empêche de trouver une technique pour que ‘’ablo’’ soit produit industriellement ? Vous l’acheter, le mettez dans de l’eau chaude, ça gonfle et vous mangez. On pourra vendre. Le greffage, c’est par exemple, dans certaines régions, nos parents peuvent quitter  un endroit pour un autre en une seconde ou en cinq minutes. Est-ce que c’est possible de quantifier, d’orienter et  de développer ? Quantifier, c’est-à-dire, développer la logique qui permet de déterminer que les effets ou les variables  liées à cet événement-là peuvent être ? Est-ce que ces variables-là, on peut les garantir sans ambiguïté ? Est-ce qu’on peut démontrer que A+B ou A-C donne E ? Peu importe. Donc, quel que soit l’endroit où nous appliquons A-C, on aura E. Donc, quel que soit l’endroit où nous appliquons A-C, on aura E. Pourquoi ne pas compléter le tarmac ? Je ne dis pas que ce sera fait exactement comme ça, mais en ayant l’esprit de valoriser ce que nous avons, de le quantifier, on peut y arriver. Donc, le tarmac est là et dès qu’il y a un séisme, une catastrophe, le Bénin dit ‘’dans une heure, j’envoie les premiers humanitaires’’. C’est possible, c’est une question de travail.

Donc, le greffage, c’est la valorisation des techniques traditionnelles
Absolument ! C’est l’introduction des applications techniques et technologiques dans nos vies, dans notre savoir-faire.

C’est quoi le meilleur social commun ?
On doit vivre. Est-ce que ce n’est pas minable que tout le monde soit obligé de détourner ? Le salaire est minable tout le temps, tous les jours. Tout le monde se plaint.

L e minimum social  commun de Tévoédjrè
Ça fait un moment qu’il a prôné cela. Il faut qu’on vise haut. Si on ne vise pas haut, comment peut-on travailler ?

Votre séjour soviétique  vous a transformé, visiblement  
C’était dans les années 70-80, ça fait longtemps. Je peux croire que la transformation est née aux Etats-Unis. Avant d’aller en Union soviétique, j’avais toujours 0,5 en français, en dissertation. C’est en 4e que j’ai appris à rédiger et j’ai commencé par avoir 8. Je n’ai jamais dépassé 8  jusqu’en terminale. Mais en Unions soviétique, il y a une surprise, il y a un événement qui s’est produit. Nous étions arrivés là-bas avec un peu de retard et l’alphabet russe est un peu compliqué. On est allés au premier cours et le lendemain j’ai restitué l’alphabet russe d’un trait, alors que des étudiants qui étaient là depuis trois mois n’avaient pas pu le faire. Tollé dans l’établissement. Deux ou trois jours après, beaucoup d’autres Béninois ont suivi et les Béninois ont pris le dessus. C’est alors que ma professeur m’a donné un carnet que j’ai encore, ‘’toutes les belles expressions, il faut les écrire dedans’’. C’est là que j’ai commencé à écrire, à prendre note. Peut-être que c’est l’Union soviétique qui m’a transformé sur ce plan. C’est le secret de la vie. Tant que vous prenez note, l’avenir est radieux.  Parce que les idées ou les faits anodins passent vite, surtout quand ils sont porteurs de bonheur.  Ils passent vite et disparaissent.

Selon vous, comment faut-il faire pour accéder à une croissance forte ?
Puisque nous sommes partis de la CEDEAO, de l’UEMOA, c’est là qu’il faut trouver la réponse. C’est un genre de panafricanisme, c’est-à-dire que les grandes recherches peuvent se faire. Nos chefs d’États doivent un jour se dépasser et chercher à servir leurs peuples. C’est l’engouement de servir, de porter le bonheur, de porter leur pays sur l’autel de la prospérité ; c’est ça qu’il faut pour nos chefs d’Etats. Si nous produisons du coton, pourquoi nos armées doivent s’habiller de tissu produit ailleurs ? C’est à nous d’instituer. L’engrais est acheté ailleurs, la provende ailleurs, les grandes écoles, c’est ailleurs. Si vraiment nous voulons évoluer, parce que le grand problème, c’est celui des moyens, mais c’est également un problème de décision. Puisque chaque pays a toujours les moyens et pour le faire, il y a un autre outil, la communication. Que le peuple comprenne. Quand on ne communique pas, nous détournons également l’attention. Dire la vérité, bien communiquer. Quand la communication est bien, c’est comme le sang qui circule. Les grands pays le savent. On est quartier latin, ce n’est pas pour la forme. Le Nigéria est là. J’avais dit la dernière fois qu’au besoin, il faut nommer un ministre chargé des affaires avec le Nigéria pour être sûr que nous avons un bon système de commerce avec le Nigéria. Il y a des petits pays qui sont riches. C’est une question de route, d’amour et de service. J’avais exigé au départ que le détournement sous toutes ses formes, le sectarisme politique et religieux à outrance cessent. Il faut que tout cela cesse. Et c’est pour cela que nous proposons la conférence du pardon. Il fut un moment, les policiers étaient très exigeants au sujet du port du casque. Et puis, j’arrive au pays en mars et je constate un relâchement. J’interroge et on me répond que c’est à cause des élections. Qu’est-ce que les élections ont à voir avec le port de casque ? Mais, il n’y a aucun lien. Est-ce que nos compatriotes comprennent que le port du casque, c’est pour la prévention des cas de mortalité en cas de choc impliquant un motocycliste ? Est-ce qu’on a communiqué sur cet aspect ? Mais, on détourne leur conscience en leur faisant croire que le Gouvernement pense à eux. Non et non. Et ce sont nos collègues cadres qui font cela. Ces genres de détournement sont présents partout dans tous les domaines, dans tous les faits au quotidien. Alors, moi je vois sans être trop long, deux décisions, un engagement de l’intelligence et du courage.

Est-ce que, selon vous, il faut changer le système éducatif ?
Pourquoi pas ?

Que faut-il changer fondamentalement ?
La première chose, selon moi, c’est qu’il faut rendre l’éducation aux enseignants. L’enseignement, c’est des trucs techniques. On ne peut pas avoir enseignement primaire, enseignement secondaire et autre… Non, c’est l’éducation tout court. On peut avoir des directeurs. Rendons l’éducation  aux enseignants parce qu’il faut stabiliser ce milieu. Il faut que ce soient les enseignants eux-mêmes qui organisent leur carrière. Aussi, faut-il créer des bibliothèques dans chaque établissement. Faire en sorte qu’il y ait de nouveaux internats (4) qui vont appuyer les deux qui existent déjà (Bembèrèkè et Natitingou). A côté de tout cela, il faut qu’on mette l’accent sur la formation des enseignants en professionnalisant l’enseignement, c’est-à-dire, amener les vacataires et les volontaires à intégrer la fonction complètement. C’est quoi un vacataire ou un volontaire ? L’enseignement ne peut plus continuer en misant sur cette catégorie d’éducateurs.

A vous entendre, les vacataires et les volontaires n’ont pas leurs places dans l’enseignement ?
Ils peuvent avoir leurs places. Mais, il faut les professionnaliser. S’ils doivent faire carrière dans le domaine, nous devons les former et les recruter comme agents permanents de l’Etat (APE). Parce que quand nous n’allons pas faire comme cela, et que nous allons continuer avec ce qui se fait actuellement, d’ici à 5 ans, ce sera terminé. L’Etat ne pourra plus rien pour eux. Ce qui sera grave. Moi, je crois qu’il faut faire de ces enseignants vacataires et volontaires des professionnels. Comme cela, avec la gestion des carrières des enseignants par des enseignants, le budget géré par eux-mêmes, le secteur de l’éducation peut connaitre un mieux-être. Aussi, y a-t-il des inégalités qu’il faut éviter. En principe, un enseignant qui travaille à Banikoara ou Sinendé, bref dans une région difficile doit, à grade égal avec son confrère de Cotonou, gagner plus que ce dernier à cause des primes. Si ce n’est pas le cas, on a perdu. Parce qu’il faut motiver les enseignants. Donc, ceux qui sont dans des régions reculées doivent gagner plus que ceux qui sont dans les villes de manière à ce que nous puissions avoir de bons enseignants. C’est ce que les grandes nations font. Et ça leur marche. Je crois qu’en faisant ainsi, nous pouvons redorer le blason de l’enseignement. Nous pouvons redonner confiance aux enseignants et nous pourrons permettre au système éducatif de nous former des élites.

Quand on observe bien l’un des rouleaux d’étranglement, c’est l’administration publique. Que faut-il faire pour la redynamiser ?
L’administration est pour un Etat ce qu’est le ventre pour le corps humain. J’ai parlé tout à l’heure du détournement. A côté de cela, il y a le sectarisme, ce qui fait qu’on n’a pas à la place qu’il faut la personne qu’il faut. C’est un facteur suffisant pour qu’on organise la conférence de réconciliation et de pardon. A la suite de çà, il faut maintenant former, parce que c’est un triangle. Si le triangle n’est pas bien rempli, que nos gens ne sont pas professionnels, ne sont pas loyaux et n’ont pas les outils pour le travail comme vous êtes ici, il n’y a rien et c’est perdu.  Le plus important, c’est d’abord le travail qu’on aura créé pour tout l’ensemble parce que, la plupart sont troublés quand ils viennent au boulot.

Que mettez-vous dans le « sectarisme » ?
C’est la politisation à outrance. Si vous n’êtes pas de tel bord, on ne vous confie rien, vous ne pouvez pas avoir de la place. Cela n’encourage pas l’élitisme.

Que dites-vous donc de la politique des quotas qui sont attribués aux régions lors des concours ? Ne pensez-vous pas que cela participe de l’équilibre régional ?
En réalité, c’est ce qu’il faut. Mais, en toute chose, il faut créer des normes. Il faut établir des règles. Pour l’élection présidentielle, on a dit qu’il faut avoir entre 40 ans et 70 ans. C’est clair. Maintenant, il y a des concours, nous disons il faut avoir au moins 12 de moyenne. Si quelqu’un n’a pas la moyenne, il ne peut pas réussir. Parce que si on crée les bases et que le quota est établi, celui qui est à Tanguiéta et qui a 11. Comment on va faire ? Le problème devient compliqué à partir du moment où les hautes fonctions sont occupées par des compatriotes venant de certaines régions. Comment vous ferez pour gérer demain cette frustration, cette inégalité  qui est créée. Tantôt, j’avais parlé de l’aménagement priorisé. Est-ce que tous les bons enseignants sont aussi au nord ? Ou bien tout le monde est à Cotonou ou à Parakou. Est-ce que, à Sinendé aussi c’est possible ? Alors, nous pensons que le quota doit être appliqué avec discernement. Les magistrats, ce que nous disons, à un certain niveau, on a besoin d’une certaine capacité, d’une certaine expertise. Ce qui fait qu’il faut négocier, qu’il faut discuter. Est-ce que nous allons établir des normes, des plafonds ? Si oui, on les établit. Et nous nous entendons sur les bases. Quelqu’un me demandait si tous les premiers au BAC et au BEPC sont toujours des villes ? C’est non. J’ai demandé qu’on me fasse les statistiques et le résultat est non. Ce n’est pas toujours le cas. Alors, qu’est-ce qui se passe ?  Donc, si on doit s’assurer que tous les départements sont représentés, il faut créer un format dans lequel on doit pouvoir évoluer. Et cela crée un autre problème parce que c’est l’organisation même de ces examens qui pose problème.

Beaucoup estiment aujourd’hui que pour gagner les élections, il faut  frauder. Qu’en pensez-vous ?
Je l’ai dit tantôt qu’il n’y a actuellement  aucune structure au Bénin qui peut nous donner les résultats des élections organisées chez nous surtout depuis la démocratie. Pour ce que nous savons, toutes les élections ont été truquées. C’est ce que nous avons appris et c’est pour cela que nous luttons pour que la décentralisation continue, étalée  jusqu’à la base de manière que la LEPI, les appareils qu’ils ont aillent au moins jusqu’à la mairie. C’est pourquoi nous demandons qu’il faut rétablir la confiance de la base et que, comme dans les grands pays, les départements donnent les résultats. Pourquoi doit-on attendre de rassembler tous les bulletins à Cotonou ? Si le truc est fait au niveau des communes on aura limité un peu la fraude. C’est  de petites astuces qui peuvent nous permettre de limiter la fraude parce que  le maire sait  que s’ils changent le numéro de tel village, les villageois ne vont pas accepter.

La machine électorale qui est mise en place est faite que pour que la fraude n’ait pas lieu mais, lors des dernières élections législatives et communales, beaucoup d’acteurs estiment qu’il y a toujours de la fraude. Est-ce que vous pensez que cela va continuer en 2016 ?
Laissez-moi vous dire une chose avant de répondre à cette question. Je disais tantôt qu’en 1989, on devait couper la tête d’un serpent. Mais en 2016, il faut couper la tête de tous les Béninois. Ce qui fait que personne ne fait confiance à son prochain. Et ma foi, je crois qu’une fois au regard de l’enjeu, au regard des facteurs en jeu et de la mobilisation des jeunes surtout, les dégâts seront limités. Vous ne pouvez pas l’empêcher à 100%. Les dégâts seront minimisés.  Puisque les jeunes, la société civile, cette fois-ci, sont beaucoup plus mobilisés.

En réalité, qu’est-ce qui vous a motivé à aller dans la politique ?
Laissez-moi préciser  deux ou trois choses. Le premier fait,  est qu’en 1994, j’avais déjà décrit la dynamique politique qui ferait la clé, l’outil principal de l’élection en 1996. Donc, ça veut dire que j’avais déjà un regard assez particulier sur la vie sociale, sur les faits de société. En 1995, j’avais effectivement fait l’ébauche de projet avec le président Nicéphore Soglo. J’avais écrit le manuscrit. Laissez-moi dire quelque chose que j’aimerais partager. En 2009, j’avais écrit aux Etats-Unis que nous allons vivre la troisième guerre mondiale inter-Etat. Et je me posais la question si l’amour et la patrie peuvent prévenir cela. Donc, j’ai écrit ce livre en 2009. J’avais déjà les grandes lignes que j’avais envoyées à l’Institut de paix aux Etats Unis. En ce moment, je venais d’arriver aux Comores où j’avais quelques soucis sérieux de gestion du personnel des Nations Unies aux Comores. J’avais répondu que je n’avais plus le temps. J’avais déjà fait les grandes lignes des deux bouquins qu’il faut écrire. Nous étions là quand les Nations Unies m’ont appelé au sujet du printemps arabe. En 2010, j’étais prêt à quitter les Comores pour la Mauritanie. Je n’ai pas pu. Mais, entre temps, je suis allé dans la politique, j’ai essayé d’écrire les livres mais je n’ai pas pu. Entre temps, je m’intéressais à la communication au point où j’ai été fait, un jour, une communication à un leader politique au Bénin sur la mobilisation politique. Avec le déclic donné par Agon, la rupture et le greffage, le capsocalisme. Je me suis demandé ce qu’il faut faire. Mais avant, j’étais allé voir Houédonou Boniface. Il était le préfet de l’Atlantique, qu’il fallait prendre obligatoirement une décision pour Dantokpa. J’avais écrit l’ébauche à Soglo mais il ne l’avait pas utilisée. En 1994, le projet était déjà prêt, le livre aussi. J’étais arrivé à Cotonou. Nago faisait sa conférence à Bopa. Je l’ai appelé pour qu’on se parle,  je lui ai remis ma carte de visite mais rien. Avec mon jeune frère je dis, comment on fait. Mon jeune frère me dit : la poussée intérieure qui te pousse à écrire tout ça, c’est toi seul. Tu ne peux pas dire pourquoi tu écris tout ça. Le capsocalisme, le greffage, si la personne ne l’a pas vécu intérieurement, comment elle peut l’expliquer, l’exprimer vocalement. Nous étions là quand le 19 avril 2015, j’étais au bureau, j’avais coulé des larmes et commencé par écrire une lettre. « Juba, le 19 avril 2015. Cela fait déjà 30 ans que tu travailles déjà sur le leadership et le bien-être social, c’est-à-dire, sur les problèmes sociopolitiques sans un objectif précis comme celui de briguer la magistrature suprême du Bénin. En 1995, tu avais remis en mains propres une ébauche de société au président Nicéphore Soglo.  Tu avais eu des entretiens avec monsieur Bruno Amoussou sur la communication politique. Tu avais toujours communiqué avec les chefs d’Etat-major successifs sur les problèmes saillants du pays. Tu avais alors partagé plusieurs fiches sur la visibilité du Bénin avec diverses structures du pays. Depuis septembre 2014, tu te disais sans cesse, mon heure a sonné. Cette fois-ci donc, tu dois prendre une décision qui te projettera sur une voie à sens unique où toute issue vers l’arrière va s’obscurcir au fil des jours. Il faut noter que tu es un fonctionnaire aux Nations Unies et pourtant, c’est comme si tu te retrouves face à la porte de la Jérusalem antique. Tu dois tout abandonner pour avancer, délester toute monture et charge pour évoluer. Au secours mon Dieu. Quels seront les contours et lignes directrices de ton nouveau testament qui sera ton guide ? Quelle alliance ou quel parti politique s’appuyer ? Faut-il  être un candidat indépendant ? Qui financera la campagne électorale ? Comment assurer une présentation et une présence sur tout le territoire national ? Sans ambiguïté, servir le Bénin est le seul réflexe qui résonne à chaque instant dans ton for intérieur. Pour réussir, tu dois appliquer la loi de l’effort renversé, eu égard  à la grandeur de la mission. Tu dois être intelligent et courageux pour ce projet. Rappelle-toi qu’un gagneur ne lâche pas. Lève-toi  et le peuple te suivra. Et comme tu es convaincu de ce que tu veux faire, tu dois simplement te battre en honnête et conscient amoureux pour atteindre ton objectif. Que les bénédictions soient ». C’était donc ce qui s’est passé ce 19 avril. Et j’avais beaucoup pleuré. Il fallait que je quitte les Nations Unies, alors que je gagnais bien. Je gagnais plus de 16 000 dollars par mois. Décision difficile à prendre. J’ai appelé ma femme et je lui ai donc dit qu’il faut que je quitte les Nations-Unies. Je lui ai expliqué qu’il fallait que je rentre. J’ai écrit aux Nations Unies qui n’ont pas accepté. L’organisation ne l’avait pas jugé nécessaire en un premier temps. Mais, je suis venu sortir le livre, et alors, le 14 juillet, on me dit, tu peux partir. Je suis alors descendu au Bénin depuis le 1er août dernier, sans avoir un parti en tant que tel, même si je peux me réclamer de la RB, des FCBE pour les contributions et même du PRPB.

 Et aujourd’hui, comment est-ce que vous vous définissez, si vous êtes lieutenant-colonel à la retraite, et vous entrez en politique ? Comment cela s’entend ?
Non, je suis un citoyen simple, ayant une vision, un sens élevé de discernement  avec une bonne compréhension du contexte national et régional tout simplement. Mais quel que soit le titre, ce n’est pas cela qui importe.

 Mais qu’est-ce qui motive votre foi en l’avenir ?
Je vais vous raconter deux ou trois faits. Le premier,   j’étais à Bembèrèkè pour commander  le centre régional des troupes aéroportées, en tant que capitaine. J’avais constaté qu’il y avait de vieux manguiers à  la devanture de l’institution. J’ai alors demandé s’il n’y avait  pas de jeunes plants. On m’a répondu non. Ce sont les colons qui ont semé ceux qui s’y trouvent.

Que diriez-vous s’il vous était donné de conclure ces échanges ?
Je voudrais exprimer ma sincère gratitude à l’Evénement Précis pour avoir choisi ce moment précis et voudrais dire en des termes précis que cette interview marque un tournant dans la vie du Bénin. Je voudrais bien vous remercier et espérer qu’en 2016, le Bénin retrouvera la marche des grandes nations et que le quartier latin trouvera les moyens de s’offrir sur une terre de prospérité du meilleur social commun c’est-à-dire le développement humain intégral où chaque citoyen a le droit et surtout que nous puissions nous valoriser car personne ne peut le faire à notre place.  L’outil c’est le travail et le travail.

Carte d’identité

Le pilote de chasse et le visionnaire

Agboessi Noumonvi Cloubou naît  à Sèhomi dans la commune de Bopa le 1er janvier 1956. Après l’école  primaire à Sèhomi, le secondaire à Bopa, à Aplahoué et à Lokossa, il part en 1977 à l’ex-URSS   pour une formation militaire à l’issue de laquelle il devient officier. Pilote de chasse, il rentre au pays trois ans plus tard. Faute d’avions de chasse, il entre dans le corps des parachutistes de l’armée béninoise. En 1986, le lieutenant Cloubou part  aux Etats-Unis pour y suivre le cours d’Infanterie de base, puis en 1992 pour le cours avancé dans cette même spécialité. Cinq ans plus tard, en 1997, le voilà  reparti aux Etats-Unis, cette fois pour être instructeur de la langue anglaise au sein de l’armée. Il fait alors partie des cadres supérieurs de l’armée béninoise. Ce qui lui donne le droit de participer en 1998 au cours d’Etat-major avant de repartir en 1999  aux Etats Unis pour suivre le cours de deuxième niveau pour être instructeur de langue anglaise. Il suit d’autres formations militaires et paramilitaires, participe aux opérations de maintien de la paix  au Congo et en Côte d’Ivoire. Chef du Centre d’opérations inter-forces des forces armées béninoises, il est reconnu pour son professionnalisme et sa sociabilité.  
Mais après 29 ans de carrière militaire, le lieutenant-colonel Cloubou passe un test en 2006  pour devenir fonctionnaire international aux Nations Unies. Avec son succès, il prend une retraite anticipée dès le 02 avril 2006. C’est donc en fonctionnaire international qu’il quitte à nouveau le  Bénin pour les Comores en qualité de conseiller à la sécurité au Département de la sûreté et de la sécurité des Nations Unies.  Après les Comores, on le retrouve en Mauritanie et en septembre 2014, il est affecté comme chef du centre de l’information et de la sécurité des Nations Unies à Juba, capitale du Sud-Soudan. Juba constitue  une grande mission d’environ quinze mille personnes. Malgré cette carrière exemplaire couronnée par des promotions régulières, l’homme ne manque pas de mener une réflexion approfondie sur la cité.  En 1988, alors qu’il  commandait encore l’Ecole Nationale des Troupes Aéroportées de Bembèrèkè,  il se mit à réfléchir sur la stratégie de réponse appropriée à une attaque extérieure.  Il produit alors son premier livre intitulé « La Patrouille, Ne bougez pas :». En 1994, il est l’auteur d’un manuscrit sur le leadership au sein des Forces armées. Mais le déclic, ce sera ses échanges avec le président Nicéphore Soglo sur le devenir du pays ainsi que la  publication en 2010 du livre « La rupture » de  Valentin Agon. « La rupture est une révolution qui ne devrait pas nous aider, dit-il. Cependant j’avais concédé qu’on devrait faire des ruptures sectorielles et faire un greffage ». D’où le titre de son livre « L’émergence de l’Afrique, le greffage qui s’impose »  publié en 2015.   Lorsqu’on lui demande pourquoi il a décidé après tout ce parcours d’entrer en politique, il cite sans ambages un extrait d’une lettre qu’il a écrite le 19 avril 2015: « Cette fois-ci donc, tu dois prendre une décision qui te projettera sur une voie à sens unique où toute issue vers l’arrière va s’obscurcir au fil des jours. »  Dans cette lettre, Agboessi N. Cloubou prend la décision sans retour de prendre sa retraite anticipée de l’ONU pour prendre ses responsabilités dans son pays.  Perçu comme un visionnaire par son entourage, il a décidé de rendre au pays ce qu’il lui doit en y travaillant à un niveau supérieur. « Il faut que l’on puisse oser établir des plates-formes pour avoir du travail, des emplois pour chaque citoyen pour que je sois suffisamment content de moi-même et que mon pays soit content de moi », dit-il.

Intimité: L’homme de la  fraternité

Marié et père de sept enfants, Agboessi N. Cloubou est un homme de toute fraternité et de grande ouverture d’esprit. La lecture, la musique et le sport représentent ses loisirs. A table, le militaire aime bien la salade. En termes de boissons, il apprécie le Coca cola et n’aime pas du tout l’alcool.

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