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Le triomphe de la vérité

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Déclaration du secrétaire permanent de l’organisation du Hadj: « Le Bénin a payé un lourd tribut avec 52 morts, 41 disparus et 02 blessés »


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El Hadj Abdoulaye Zimé EPLa bousculade meurtrière survenue à la Mecque cette année a plongé la communauté musulmane du monde dans la consternation. Au Bénin, le bilan provisoire de cette tragédie est de 52 morts, 41 disparus et 2 pèlerins blessés restés en terre saoudienne. El Hadj Abdoulaye Zimé, secrétaire permanent de l’organisation du Hadj, donne plus de détails dans cet entretien.
L’Evénement Précis : Quel est le dernier bilan des Béninois qui ont péri en Arabie Saoudite ?

Abdoulaye Zimé : C’est trop dire que de parler de dernier bilan. Le bilan dont nous disposons est essentiellement provisoire. Il est composé de trois éléments, à savoir, les décès confirmés, les présumés disparus et les malades. D’un moment à l’autre, ça peut évoluer. Notre prière est que ce bilan puisse évoluer dans le sens positif, que les présumés disparus réapparaissent et que la comptabilité macabre s’arrête. Que ceux qui sont hospitalisés retrouvent la santé afin que le reste des Béninois puisse nous rejoindre. Ayons une pensée pour ceux qui sont tombés et qui, à l’heure où je vous parle, sont au nombre de 52. Nous avons 41 présumés disparus et deux malades suivis par les médecins à la Mecque.

Il y a donc eu 52 pèlerins béninois morts lors de la bousculade de Mina
Exactement. Nous en avons encore qui sont en train de suivre des soins et parmi les disparus éventuellement, la gestion du drame ayant été un peu irrationnelle. Nous avons des malades qui sont dans certains hôpitaux que nous n’avons pas pu récupérer. Certains ont été hélico-portés inconscients à des centaines de kilomètres. Nous pouvons dire que parmi les présumés disparus, nous avons des malades qui sont, peut-être, dans le coma et qui pourront guérir et rentrer au bercail. C’est pour cette raison que je dis que le bilan actuel est provisoire et qu’il pourra changer dans le meilleur sens. Je ne pourrai pas dire, dans ces genres de conditions, que je réserverai la primeur de l’information parce que tout le monde l’attendait. Tous les parents restés au Bénin sont anxieux. Parfois, on vous parle au téléphone avec des doutes. Avec tant d’émotions, beaucoup de Béninois ont eu leurs voix complètement cassées et les parents sont heureux de les voir revenir.

C’est un lourd tribut que le Bénin paie dans cette catastrophe ?
Déjà, un mort dans une famille est un lourd tribut. 52 morts pour une nation, c’est un très lourd tribut. Comparaison n’est pas raison mais à côté de nous, nous avons d’autres pays qui sont aussi éplorés comme le nôtre. Mais nous en avons qui ont payé un tribut encore plus lourd. La méthode utilisée dans la collecte des informations pour compter les morts a été une méthode suffisamment rationnelle qui nous a permis d’anticiper sur les autorités saoudiennes du Hadj chargées de la santé. Ce qui fait que nous avons pu tenir une comptabilité sans trop attendre que les informations viennent des autorités du Hadj. D’autres pays voisins ont considéré leurs bilans relativement légers en parlant de 25 ou de 30 morts mais avec un nombre de disparus encore plus important, 90 ou 95. Trois jours après la Conférence des pays africains au sud du Sahara, les chargés de la communication du Hadj se sont retrouvés, environ 8 à 9 pays et trois jours après, le bilan de ces pays est passé du simple au double. Ce qui suppose que nous avons encore des choses à ajouter, du point de vue des disparus pour certains de ces pays qui croyaient être moins éprouvés que le Bénin. Nous le reconnaissons parce que la violence du drame était telle que certains groupes de convoyeurs béninois se sont retrouvés au mauvais endroit, au mauvais moment. La plupart, ce sont de vieilles personnes de sexe féminin. Du point de vue de la proportion, dans les 52 morts, le Bénin compte 60% de femmes à peu près. Des femmes d’un certain âge. Ce qui n’exclut pas qu’il y a aussi des jeunes qui sont allés au secours de ces vieilles personnes. Nous les avons vu tomber mais on ne pouvait rien à ce niveau. Les plus valides ont pu s’en sortir en escaladant les grilles du couloir de la mort. Malheureusement, nous avons laissé 52 des nôtres.

Est-ce qu’il y aura une liste des victimes qui sera publiée ?
Oui. Mais sous le contrôle de l’Etat parce que nous avons déjà une liste qui est connue par la cellule de l’urgence que nous avons mise sur pied. Je l’ai encore avec moi mais je ne saurais vous la remettre sans rendre compte aux autorités. Nous avons essayé d’être ouverts au niveau de la gestion. Chaque fois qu’un parent appelle, nous leur disons d’attendre et quand on n’a pas des informations, nous leur disons qu’il est vraiment décédé. Quant aux disparus, nous ne les avons pas encore trouvés. Priez pour qu’on les retrouve dans nos recherches. C’est une liste qui n’a pas été confidentielle quand nous étions là-bas. Mais nous devons rendre compte à l’Etat avant que la liste ne soit publiée. Je crois que les imams, les mosquées centrales et toutes les religions qui ont été touchées par ce drame seront également informées.

Avez-vous des informations sur la prière nationale annoncée par le Chef de l’Etat ?
Nous allons nous mettre dans le dispositif. Nous sommes informés mais nous devons aller dans le sens indiqué par le président de la République. Nous ne savons encore quand et comment ça va se passer.

Pensez-vous que les Etats africains doivent demander des comptes à l’Arabie Saoudite comme l’a fait le président Ouattara ?

On est en droit de demander des comptes. Mais face à la foi, les réactions sont parfois nuancées. Les pays africains concernés par ce drame, comme la Côte d’Ivoire, ont d’abord envoyé les lettres de condoléances à l’Arabie saoudite. Nous sommes en droit que l’Arabie saoudite, après le travail qui est en train d’être fait, nous envoie des messages de condoléances. De l’autre côté, la démarche de l’Arabie saoudite était d’attendre que les autorités concernées donnent l’autorisation d’inhumation des corps parce qu’il s’agit quand même des citoyens d’une nation qui sont morts. On ne saurait les enterrer en catimini quelles que soient leurs confessions religieuses. Il est vrai que les musulmans ont tendance à enterrer très rapidement mais j’avoue que la capacité des morgues et des chambres frigorifiques avait largement été dépassée. C’est une réaction que je trouve légitime. Je ne suis pas sûr que les choses ne puissent pas rentrer dans l’ordre. Tous les présidents doivent demander l’autorisation d’inhumation des corps et nous allons pouvoir gérer l’après crise au niveau de chaque Etat.

3840 pèlerins béninois ont participé au Hadj 2015. Quelles stratégies comptez-vous mettre en œuvre pour que ce nombre ne régresse, vu le drame qui est survenu ?
Le drame n’a rien à voir avec le nombre de pèlerins au Hadj. Le Hadj est d’abord une question de moyens mais également une question de foi. Chaque fois qu’au nom de la foi les effectifs grandissent, chaque fois que les moyens sont disponibles, on a tendance à emmener les parents à la Mecque ou à y aller soi-même. Le nombre de Béninois au Hadj ne fait que croitre chaque année et ce drame n’arrêtera pas cette croissance. Ce nombre ira en grandissant et nous allons peut-être améliorer notre stratégie d’organisation et de participation de l’Etat béninois et de sa communauté musulmane au pèlerinage à la Mecque qui est le cinquième pilier de l’Islam. Le drame est un événement extérieur à nous tous et un cas de force majeure, comme on le dit. Ceux qui sont morts n’ont pas pris rendez-vous avec la mort à la Mecque. La mort s’est imposée à nous, ils sont tombés et nous prions que le tout puissant puisse les accueillir dans son paradis.

Entretien réalisé par Rastel DAN

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