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Le triomphe de la vérité

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Edito: Et Talon revint


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logo journalOn attendait un  retour en fanfare, on eut un retour sans  fard. L’arrivée de Patrice Talon ce jeudi 08 octobre, presque en catimini, relance les enjeux de la présidentielle de 2016. On le sait, l’homme se prépare à se lancer dans la course. Mais entre les intentions affichées et les réalités du terrain, il y a un fossé.
Les réalités du terrain, c’est que Patrice Talon n’a pas encore quitté l’œil du cyclone. En dépit de tous les pardons qu’on connait, les menaces qui pèsent sur l’homme d’affaires sont réelles. Une affaire peut être réveillée à tout moment pour le voir derrière les barreaux. Mais cette option judiciaire peut ne pas prospérer. Le bras de fer entretenu entre le pouvoir et la justice ne rend pas les magistrats particulièrement manipulables. Ils ne se laisseront pas dicter leurs prérogatives, dussent-ils pour cela affronter le Chef de l’Etat. Mais une action semblable à celle ayant abouti à l’enlèvement de Fagbohoun dès 2006, n’est pas à exclure.  L’ancien député était encore chez lui, quelques semaines après l’avènement du changement auquel il a contribué de ses finances, lorsqu’une escouade militaire sans mandat était venue le chercher. C’était la garde républicaine. Folle de sa puissance, elle avait outrepassé toutes les règles de l’Etat de droit, pour venir chercher le vieil homme, avec pour seule légitimité, les instructions du Chef de l’Etat. Après environ 20 mois de détention sans procès et sans rien, Fagbohoun a été libéré.  Une telle hérésie peut toujours revenir, à la faveur de la résurgence de la phobie anti-Talon.
Mais il y a une autre menace, celle de la sécurité. Le Talon qui  a foulé le sol béninois jeudi dernier, n’est en rien comparable à celui qui, en 2011 faisait encore la pluie et le beau temps. Trois ans d’exil, une partie des entreprises carrément fermées avec des grincements de dents chez les employés, la traque du régime, ont certainement modelé une autre personnalité. Cette personnalité est désormais entrée dans l’arène politique dont les exigences sont connues : être au plus près du citoyen le plus pauvre, dans sa hutte au village ou son taudis en ville. Le milliardaire peut-il mouiller le marteau jusqu’à ce point ? Rien n’est moins sûr. Car les ennuis sécuritaires n’émaneront pas seulement de la garde républicaine, loin s’en faut. Ils pourraient provenir de la meute pro-Yayi décidée à en découdre, ou de la foule des courtisans prêts à toutes les grimaces pour montrer leur « soutien indéfectible » au Chef de l’Etat.
Mais l’on connait le fonctionnement des machines stratégiques lorsqu’elles ont besoin de victimisation. Un faux complot, un attentat « mal préparé » ou encore un kidnapping mal pensé sont vite montés pour créer l’électrochoc. Car, en cas d’action contre lui, la houle populaire montera du sein du peuple, lui-même, pour soulever une révolution. Le politique devient dès lors insaisissable, homme de compromis et de toute compromission.
Tout compte fait, le Talon qui a foulé le sol béninois ce jeudi, est désormais dans la peau du politique. C’est en homme averti qu’il part à la conquête des électeurs. Croit-il réellement au pardon ? Il a intérêt à ne pas y croire. Il a surtout intérêt à ne pas provoquer le Chef de l’Etat.
En réalité, Boni Yayi a été surpris par la fin de son régime. Il n’a rien préparé et il sait qu’il devra  vivre une fin de règne chaotique. Les colmatages qu’il tente en faisant appel aux déçus du changement pour constituer un nouveau bloc ne changeront rien à la perspective du chaos.  Ses erreurs du passé ont définitivement remis en cause la possibilité même d’une victoire du slogan « après nous, c’est nous ». Aucun candidat FCBE n’est à l’abri des guerres de tranchées qui déchirent déjà la maison Cauris. La cacophonie des ambitions n’est pas faite pour améliorer la situation. Elle va les empirer.
Dans ces conditions, Patrice Talon a en face de lui une machine Yayi en pleine déliquescence. Le Yayi de 2011 ou 2012, celui qui se prenait pour le nombril de la  terre, n’aurait pas  été capable de laisser venir son pire ennemi. Il le verra faire campagne bientôt, sans aucune possibilité réelle de lui faire mal, sans que le bâton ne se retourne contre lui. Signe des temps qui changent, Patrice Talon, lui-même, cessera de rester derrière le rideau. Le temps des dévoilements est arrivé.

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