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Le triomphe de la vérité

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Edito: Des ODD au plan Marshall


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Et si les objectifs du développement durable (ODD) n’étaient qu’un leurre ? Et si ce n’était que du vent ?
C’est une question légitime que l’on devrait se poser au lendemain de l’adoption ce 25 septembre 2015 des ODD qui servent à remplacer les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). En fait, malgré les succès que l’on chante ici ou là, la pauvreté n’a pas disparu de la planète. Les OMD  adoptés en 2000 étaient censés éradiquer l’extrême pauvreté de la planète, mais celle-ci n’a guère disparu. Le nouveau dispositif institutionnel  comporte 17 objectifs avec 169 cibles et  une portée plus large que les 8 OMD et leurs 21 cibles. Là où ces derniers étaient centrés principalement sur des thématiques sociales, les ODD couvrent l’ensemble des dimensions du développement durable, à savoir, la croissance économique, l’intégration sociale et la protection de l’environnement. Du point de vue géographique, les OMD ciblaient essentiellement les pays en développement, en particulier, les plus pauvres, alors que les ODD seront applicables aussi bien aux pays riches qu’aux pays pauvres. Le premier d’entre eux, par exemple, l’ODD N°1, se propose d’éradiquer la pauvreté sous toutes ses formes, et non pas seulement l’extrême pauvreté.
Mais pour l’Afrique, les ODD restent encore loin des espoirs de développement réel. Ce qu’il faut pour le continent, c’est un appui massif sur les secteurs névralgiques de croissance économique.   En 2050, le continent aura une population de  2,5 milliards d’habitants, soit deux fois celle de la  Chine. Plus du tiers des jeunes  de la planète seront alors des Africains. L’alimentation des  9 milliards d’individus qui peupleront la planète en 2050 dépendra en grande partie du continent qui dispose encore aujourd’hui  de 65% des terres arables du monde. S’enliser dans ces conditions dans de petites mesures réparatrices serait le meilleur moyen de retomber dans les travers d’aujourd’hui.
En clair, il faut un plan Marshall moderne inspiré  de ce que l’Amérique fit à l’Europe et au Japon après la deuxième guerre mondiale. Il faut aujourd’hui un vaste plan pour l’industrie, les infrastructures, l’éducation et la santé en Afrique, c’est-à-dire, sur les principaux leviers de croissance économique. Son but ultime serait de soutenir une révolution industrielle endogène portée d’abord par l’éducation.
L’histoire du monde est celle de conquêtes dont la base est d’abord l’éducation. Si l’on ne prend que le cas du Bénin, il faut de vastes investissements dans le secteur pour combler ses énormes failles, failles qui empêchent toute industrialisation. Un accent particulier devrait être mis sur les matières scientifiques afin de constituer localement les ingénieurs des sciences et techniques à même de concevoir et de produire les biens dont le pays a besoin. L’idée est de mettre fin ou, à tout le moins, de réduire des importations massives qui empêchent aujourd’hui toute industrialisation. Ce qui est clair, c’est qu’il n’y a aucun développement possible sans industrie florissante. Le contraire serait un leurre.
L’investissement dans l’industrie devrait donc se faire à travers un programme d’appui à la production et à la consommation des biens industriels locaux, avec une option sur la sous-région.  Encourager la recherche sur  les énergies propres et  à un coût abordable serait dès lors un bon départ afin de préserver la planète tout en assurant  un développement durable de nos cités en pleine croissance démographique.
Il faut le même type d’investissement dans le domaine de la santé. Aujourd’hui encore, le taux de mortalité élevé, les maladies endémiques comme la fièvre hémorragique à virus Ebola ainsi que le sida et le paludisme dont les ravages sont connus constituent des freins irrémédiables à tout progrès sur le continent. Financer la construction d’hôpitaux de référence, la formation et le maintien des personnels de santé de qualité constituent des pistes de réflexion et d’action pour le futur. La mise en place d’un système d’assurance santé fiable devrait permettre à toutes les bourses d’accéder à des soins de santé acceptables à des coûts raisonnables.
Le propos que je développe, c’est que la communauté internationale  aime bien l’Afrique et l’aide de son mieux. Mais il faut remarquer que cette aide n’a pas empêché le spectre de la pauvreté de s’abattre sur le continent.  En partie du fait des ravages psychologiques de la traite négrière aggravée par la colonisation prédatrice, en partie aussi en raison des carences d’une éducation mal orientée, l’homme africain est encore à la traine du monde. Pour un sursaut véritable, il faut une nouvelle dynamique que les ODD ne permettent pas encore d’envisager.

Par Olivier ALLOCHEME

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