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Le triomphe de la vérité

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Edito: Le PRD timoré


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Le PRD a choisi de ne pas choisir…avant décembre 2015. Les résolutions issues de l’université de vacances du Parti du Renouveau Démocratique sont d’un opportunisme déroutant. Et timoré.
Oui, il est vrai que le parti de maitre Houngbédji a connu une véritable traversée de désert depuis 1998, année où il a quitté le gouvernement Kérékou. Depuis lors, Adrien Houngbédji et les siens sont constamment restés dans l’opposition. Contrairement à certains grands partis de l’opposition qui ont pu trouver quelques accointances avec le régime Yayi, le PRD n’a jamais coalisé avec le changement. Egal à lui-même, il n’a accepté aucune forme de compromission, même au moment où il était laminé par des départs massifs et des trahisons forcées. Mais voilà le parti revenu de l’isolement qui plastronne en 2015 comme le premier parti politique du Bénin. Dix députés à lui tout seul, présidence de l’Assemblée nationale et du Cos-Lépi, conquêtes de deux mairies majeures (Porto-Novo et Sèmè-Kpodji), sans oublier les autres… Le parti règne sans partage sur l’Ouémé. Houngbédji a pris sa revanche sur les misères du passé et se positionne désormais comme la clé du scrutin de 2016, dans le sud-Bénin. Il sera presque impossible aux présidentiables de cette partie du Bénin de sortir la tête de l’eau sans le soutien du PRD. Le vote discipliné et massif ayant laminé les FCBE et les autres partis dans ce département montre que le parti a une assise confortable et fidèle, tout ce dont rêvent les leaders politiques. Toute analyse faite, tout soutien qu’il accordera à quelque candidat que ce soit, le propulsera loin, pour peu qu’il ait lui-même une base bien définie en dehors de l’Ouémé.
Conscient de ce poids électoral indéniable, le PRD ne devrait point se complaire dans l’attentisme qu’il affiche aujourd’hui. Pour être sûr de ne pas se tromper sur le cheval gagnant en 2016, le parti a choisi de supporter une candidature externe ou interne lors de son conseil national qui n’aura lieu qu’en décembre, presque à la veille du dépôt des candidatures dont la clôture est prévue pour le 12 janvier 2016. C’est-à-dire que le plus grand parti du Bénin ne veut choisir de candidat qu’à moins de deux semaines de la clôture officielle du dépôt des candidatures. Le PRD compte ainsi être sûr que son cheval va effectivement gagner.
Cette attitude cache à la fois un opportunisme indigne d’un parti de cette envergure et un calcul peu pertinent.
Opportunisme indigne ? Oui, car le jeu du PRD s’apparente à une fuite en avant, un refus peu glorieux de toute option idéologique pour n’afficher que vacuité des idées, volonté de profiter des avancées des autres. Et surtout de n’y participer qu’en dernier ressort. Le PRD ne veut prendre aucun risque alors qu’il se retrouve au milieu de la bourrasque. Le fait même qu’il se retrouve sans candidat reconnu à cinq mois de ce scrutin majeur, devrait l’amener à se poser des questions. Pourquoi n’a-t-on préparé aucune relève au sein du parti ? La situation est telle qu’une candidature interne est vouée à l’échec. En dehors de Ahouanvoébla dont la position actuelle est totalement incompatible avec une candidature, aucun leadership véritable n’émerge du parti pour assurer la relève de maitre Adrien Houngbédji. Et voilà le plus grand parti du Bénin obligé de soutenir soit un inconnu, en courant le risque de faire le lit de la contestation des caciques ayant travaillé depuis longtemps au rayonnement du parti, soit une candidature externe par aveu d’incapacité de vision prospective.
Ce qui dérange, c’est qu’en réalité le PRD qui est resté critique ces dix dernières années, ne fait pas mieux que Boni Yayi accusé de piloter à vue. Pourtant, s’il est un terme pour désigner l’attitude actuelle, c’est précisément celui-là : le pilotage à vue.
L’impertinence apparait lorsqu’on regarde de plus près l’attentisme en lui-même. Au cas où le candidat en question gagnerait les élections, rien ne garantit que le PRD ferait la mouvance présidentielle pendant les cinq années à venir. Une mésentente est vite arrivée, et, sans idéologie définie dans un contexte d’échafaudage d’alliances de dernière heure, les incompréhensions le conduiraient fatalement à l’opposition.
Non, il faudra que le PRD revienne à une stature de bâtisseur plutôt qu’à vouloir être un profiteur. Ce parti est en réalité le mieux placé aujourd’hui pour initier une coalition pouvant conduire inévitablement à la victoire en 2016. Et maitre Houngbédji peut bien être à la manette de ce regroupement, s’il ne veut pas demain compter parmi les profiteurs de la vingt-cinquième heure.

Par Olivier ALLOCHEME

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