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Le triomphe de la vérité

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Edito: Quel avenir pour l’industrie béninoise ?


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Tous les Béninois engagés dans le secteur industriel vous le diront : les contraintes de l’industrie mondiale sont de plus en plus difficiles à respecter par les Africains. Ces contraintes renvoient déjà vers une industrie de nouvelle génération alors même que nous avons déjà du mal à nous adapter à celles de la génération actuelle.
Pour être plus clair, il faut se référer aux normes internationales qui sont de plus en plus contraignantes sur la responsabilité sociale des entreprises, leur respect des règles environnementales ou même le traitement des agents qu’ils utilisent pour fabriquer leurs produits. Pour produire et pouvoir exporter par exemple des aliments transformés à base de céréales destinés aux nourrissons et enfants en bas-âge, le CODEX Alimentarius impose un cadre strict qui pourrait décourager le plus enthousiaste des industriels béninois. Les composantes en lipides, en protéines, en sels minéraux et en vitamines sont spécifiées en quantité et en qualité. Elles sont  contrôlées aux aéroports et aux ports, avec une grande rigueur afin de garantir au consommateur européen des aliments de qualité.  En langage commercial, on dira que ce sont des barrières non tarifaires érigées par ces pays pour protéger leurs propres industries, mais aussi leur population.
Le problème, c’est que pour des industries à peine naissantes comme les nôtres, il est presque impossible de respecter intégralement ces normes et de pouvoir être rentables.  Le problème aussi, c’est qu’en même temps que ces marchés se ferment aussi clairement à nos produits industriels, l’Europe et le monde inondent nos marchés de leurs propres produits, parfois à des prix défiant toute concurrence.
Ainsi, vous verrez à Cotonou, des jus de mangue importés d’Asie ou d’Europe et coûtant beaucoup moins cher que les jus nationaux.
Car le paradoxe, c’est qu’autant les marchés étrangers sont hermétiquement fermés aux produits venant de chez nous, autant le marché béninois reste grandement ouvert à tout ce qui vient de l’extérieur. Un exemple. Lorsque les industriels béninois amènent leurs produits au Nigeria qui est réputé pour être un pays mal discipliné (excusez du peu !), ils sont surpris des contrôles multiples opérés à tous les niveaux par les agents du NAFDAC, l’agence nigériane de contrôle de la qualité sanitaire des aliments. Osons le dire tout de suite : aucun produit, surtout étranger, ne peut être légalement commercialisé dans ce pays sans le certificat du NAFDAC. Mais l’obtention de ce sésame seul constitue un challenge difficilement franchissable par les Béninois, tant les contraintes imposées sont complexes et difficiles. En la matière, le Nigeria a adopté les mêmes règles que les pays occidentaux, surtout pour protéger son industrie, mais aussi, accessoirement la santé de la population.

A contrario, qu’observons-nous au Bénin ?

Les organismes d’inspection et de contrôle que sont la DANA et l’ABMCQ  manquent cruellement de moyens matériels et humains et ne disposent pas des marges de manœuvres nécessaires pour exercer leurs missions. Disons donc par un raccourci funeste que si vous n’arrivez pas à vendre votre poison à Lagos, amenez-le à Cotonou, et vous aurez tous les passe-droits nécessaires pour le faire, parce que les agents chargés du contrôle ne disposent pas de moyens appropriés et ne sont pas en nombre suffisants dans les ports, les aéroports et dans les commerces pour exercer leur mission. Et c’est ainsi que tous les produits de contrefaçon fleurissent sur nos étalages, sans que l’on ne sache s’ils sont aptes à la consommation ou si les autorités sanitaires assermentées les ont contrôlés ou pas.
Autant l’avouer tout de suite. Dans cette jungle, il ne faut pas espérer que se constitue au plan local un tissu  industriel suffisamment solide pour affronter le marché international.  Parce qu’en dehors des importations incontrôlées, les industriels nationaux, pour aller sur ce marché doivent respecter la multitude des normes dont nous venons de parler. On imagine la suite. La plupart d’entre eux se découragent et quittent le secteur. Ceux qui le peuvent y restent, mais fabriquent des produits de piètre qualité qui ne peuvent sortir des frontières nationales.
L’avenir, ce sera que les industriels se mettent aux normes en cherchant à être toujours les meilleurs dans leurs secteurs d’activité. Et je reste convaincu aussi que l’avenir, c’est que l’Etat dote les organes de contrôle et d’inspection de moyens réglementaires et légaux, humains et matériels pour faire leur travail.

Par Olivier ALLOCHEME

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