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Le triomphe de la vérité

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Edito: Les banques face aux PME


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logo journalC’est ce qu’on appelle le paradoxe de l’UEMOA. Malgré l’abondance de liquidité et l’assainissement du système bancaire, la contribution du secteur bancaire au financement des économies de l’Union reste faible. Cette contribution, mesurée par le rapport entre les crédits à l’économie et le PIB, est passée de 14 % en 2000 à 18 % en 2009 et à 23% en 2014. En clair, seuls 23% environ des activités économiques sont financées par les banques dans l’espace UEMOA. Dans un pays comme le Bénin, la situation est plus préoccupante : c’est moins de 20%. Par contre au Nigeria, les crédits à l’économie se situent autour de 34 %, 77 % au Maroc et 145 % en Afrique du Sud. Pour faire court, disons simplement que les petites et moyennes entreprises ont beaucoup de mal à se faire financer par les banques. Et même lorsqu’elles le font, les banques ne financent généralement que l’import-export. 70 % des crédits vont au secteur tertiaire, contre moins de 8 % pour le secteur primaire qui emploie pourtant près de 70 %.

Alors, qu’est-ce qui explique cette situation ?

Pour comprendre cette situation, il faut se référer à ce que les banquiers eux-mêmes disent. Et qu’est-ce qu’ils disent ? Ils parlent tous de « la très forte asymétrie d’information entre les établissements de crédit et leur clientèle ». C’est un terme compliqué pour dire qu’une bonne partie des entreprises de chez nous ne délivre pas des informations fiables à leurs banques. L’un des subterfuges les plus couramment utilisés, c’est le recours aux états financiers biaisés. Ainsi donc, la plupart des PME produisent trois rapports en fin d’année, un destiné aux banques et qui montre des bénéfices records, un destiné aux impôts qui affiche des pertes afin de minimiser les impositions et un autre destiné au conseil d’administration ou au gérant lui-même. Cette asymétrie d’information ne permet pas du tout aux banques d’être sûres de la fiabilité des clients à qui elles doivent passer de l’argent. Résultats, elles sont méfiantes parce que la qualité de leur portefeuille s’avère problématique, les créances douteuses étant un outil de mesure de leurs performances. Et leurs résultats annuels s’en ressentent fortement.
Mais à cela, il convient d’ajouter la faiblesse des fonds propres des banques qui limite leur capacité de prêt. Pour contourner toutes ces failles, les PME ont recours aux institutions de micro-finance qui offrent des crédits de proximité, et qui sont elles-mêmes adossées aux banques. Mais ceci devient plus compliqué lorsqu’il faut des montants élevés pour réaliser un chantier de plusieurs milliards de FCFA, importer des conteneurs d’huile végétale ou même investir dans une ferme agro-pastorale de grande dimension. Les IMF ne peuvent pas soutenir ce type de crédit.

Alors quelle est la solution ?

La solution, c’est certainement d’obliger les banques à augmenter leur contribution à l’économie à travers des dispositions statutaires que seule l’UEMOA est habilitée à prendre. Il y a quelques années, le président Alassane Ouattara avait été investi de cette mission, mais les solutions envisagées ne semblent pas pouvoir aider à sortir de l’ornière.
Mais, il y a aussi que l’on peut installer au Bénin une centrale des risques opérationnels, comme au Sénégal ou en Côte d’Ivoire. Il s’agit d’institutions financées par l’Etat pour minimiser les risques que prennent les établissements de crédits dans les secteurs sensibles. Cette solution est de loin la meilleure.
A plus long terme, il faut voir comment la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) pourra, elle-même, participer au financement des économies de la zone. Car, comme vous le savez, elle dispose d’un compte d’opération largement excédentaire. La BCEAO dispose, en effet, de 3600 milliards de FCFA sur le compte du Trésor français et peut dégager une partie de ce montant pour financer l’industrie ou le tourisme ou même l’agriculture et l’économie verte dans nos Etats. Il est évident que sans cet argent qui nous appartient mais qui est stocké depuis des lustres en France, il est quasiment impossible pour nos pays de rattraper les économies émergentes ou de faire face à la problématique du financement des infrastructures.
Au total, il faut que les banques participent au financement des PME ou même des grandes entreprises. C’est un impératif qui ne peut être négocié si nous voulons aller de l’avant.

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