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Jeûne musulman: Plaintes dans les marchés de fruits et de viande


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Paradoxe ! Les fruits ne s’écoulent plus comme d’habitude en temps de carême. Au marché de la viande, c’est le comble. Et des appels à la fin du jeûne musulman se multiplient.  Reportage au cœur de deux marchés qui se vident de leurs usagers.

Vendredi 10 juillet 2015.  Il  est 9 h. Le soleil négocie encore sa visibilité avec l’épais nuage qui a envahi le ciel. Nous sommes en face du marché des fruits de Cadjèhoun, un quartier populeux de Cotonou. Le temps peu clément empêche les vendeuses de fruits de s’installer en nombre comme d’ordinaire à pareille heure. Mais quelques unes ont pourtant fait l’effort d’ériger, comme à l’accoutumée leurs étalages de fruits. Parmi celles-ci, il y a dame Joséphine Gbèha. Sexagénaire à peine, elle s’affaire pour appâter ses clients. Dans des paniers, elle met différents types de fruits bien mûrs. Et un de ses clients musulmans vient de mordre à l’hameçon.  D’une taille généreuse, bien barbu et vêtu d’un boubou blanc, il se pointe devant la vendeuse de fruits. En rupture de stock de fruits à la maison, ce musulman qui refuse de décliner son identité vient s’approvisionner en  fruits très demandés en ce temps de carême par les musulmans. Il est d’ailleurs l’un des rares clients de dame Joséphine, rencontré après une trentaine de minutes d’attente. Et c’est ce qui fait mal à celle-ci. « Il n’y a plus vraiment de  vente comme  c’est le cas il y a 5 ans », a-t-elle regretté avant d’ajouter : « Tout le monde se plaint de la situation  économique du pays ». Et elle semble avoir raison de s’inquiéter de la mévente qui s’observe dans ce marché de fruits. Car, ce marché était bien vide ce vendredi matin. Une situation inhabituelle d’ailleurs parce que jadis, les clients se bousculaient pour s’approvisionner en fruits afin de tenir leur temps de jeûne. Et s’il en est ainsi, pour dame Joséphine comme plusieurs autres de ses collègues du marché, « la situation économique » actuelle en est pour quelque chose. Ce n’est d’ailleurs pas la seule cause, selon elles. « Certains clients estiment que les fruits sont trop chers et que cela n’est pas à la portée de leurs bourses ». Mais cette raison, elle la trouve bien injuste : « Comme vous le savez, dans une période pareille, les jardiniers nous  vendent chers les fruits. Ce qui fait que nous-mêmes, sommes obligées d’augmenter les prix pour éviter de vendre à perte », a-t-elle expliqué.

 

Au marché de la viande, le comble !

Si les marchés de fruits continuent d’enregistrer quelques rares clients, ceux de la viande ont pratiquement cessé de s’animer. En tout cas, c’est le constat fait au marché Saint Michel de Cotonou ; un marché qui, en temps normal, grouille de monde. La plupart de ceux qui fréquentent les bouchers de ce marché en temps normal sont des musulmans. Au regard des interdictions qui leur sont faites, ils sont devenus  abonnés absents de ce marché comme c’est le cas dans plusieurs autres. Et les bouchers en font sérieusement les frais. Ils n’écoulent plus pratiquement leur viande. Et le sieur Joël Babalola en sait bien quelque chose. Devant un gigot, il déploie une folle énergie pour persuader les quelques rares usagers à acheter chez lui. La tâche paraît aussi bien complexe pour ses autres comparses. Car, il faut crier  et user de plusieurs autres stratégies pour pouvoir attirer l’attention de tout usager qui fait son entrée dans le marché. Face à la situation, Joël Babalola semble bien épuisé. « Vous voyez maintenant toute l’énergie que nous déployons pour pouvoir vendre ? Vraiment, c’est trop compliqué. La raison, c’est que la plupart de nos clients sont des musulmans et pendant le carême, ils réduisent leur consommation en viande rouge. Certains chrétiens qui sont aussi nos clients les accompagnent parfois dans leur carême. Du coup, le marché se vide de ses usagers habituels », a-t-il fait savoir. Et là, il prie, tout comme ses autres collègues afin que le carême prenne fin. «Je souhaite  vivement que le carême finisse et très bien afin que nos activités reprennent leur cours normal », a-t-il souhaité.

Henriette HANGNANMEY (Stag.)

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