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Le triomphe de la vérité

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Edito : Inventer un nouveau challenge


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Le tout nouveau premier ministre l’a redit à Jeune Afrique cette semaine.  Son rôle sera  de « rendre irréversible un certain nombre de réformes et de chantiers afin que le prochain chef de l’État hérite d’un Bénin sur les rails de la bonne gouvernance ». Il ne vient donc pas pour réinventer la roue ni pour être …le dauphin de Yayi. Sur le sujet de ses réelles intentions pour 2016, motus. Pour le moment, il préfère éluder la question ou faire entendre clairement qu’il ne souhaite pas s’y étendre.

                Ainsi donc, le but « technique » de la nouvelle équipe est de faire aboutir les réformes. Et les chantiers sont nombreux, qui vont de la concrétisation des investissements de la Table Ronde de Paris à la finalisation des réformes douanières, en passant par les  réformes sectorielles. Côté face.

                Côté pile, il y a les objectifs politiques inavoués du chef de l’Etat et de son premier ministre. En  constituant une équipe  aussi éclectique,  Boni Yayi ne surprend personne. Le savant dosage régional est une bombe politique propre à affronter les échéances électorales de 2016. Il n’est que de réfléchir au rôle politique éventuel des ministres d’Etat dans leurs zones d’influence. Si Amoussouga est parti pour être le faire-valoir technique de l’équipe, en plus du Premier ministre, il est clair que les autres ont été placés à ces postes pour jouer des rôles éminemment politiques. Le cas le plus flagrant reste celui du ministre d’Etat en charge de l’enseignement secondaire qui ne semble avoir été hissé à ce seuil que pour combattre Bio Tchané dans son fief de Djougou. François Abiola fera pièce à la montée en puissance de Houngbédji dans l’Ouémé-Plateau et Komi Koutché servira à conserver les Collines. L’équilibrage comporte une volonté de quadrillage territorial et une démonstration  de froideur manœuvrière qui a tout de Machiavel.

Du parachutage du Premier ministre, surgissent deux observations majeures.

La première, c’est que contrairement à ce que l’on croit, Boni Yayi ne changera plus. Le timing choisi pour nommer Lionel Zinsou, au moment même où plane le spectre d’une candidature éventuelle de Patrice Talon, laisse penser qu’il a voulu répondre à l’équation de l’exilé parisien. Si jamais il était candidat, Boni Yayi soutiendra en douceur son premier ministre. Celui-ci usera alors de sa fortune (qui serait colossale) pour se positionner, non pas forcément pour gagner mais pour prendre date. Mais ce que le Premier ministre ignore parfaitement jusqu’ici c’est que dans les faits, aucun ministre n’échappe à Boni Yayi. Dorothée Kindé-Gazard a raconté son lot de malheurs ce lundi, confiant à la face du monde qu’on l’a empêché de former son cabinet depuis des années. Tout le monde connait le fond de ce dossier : elle refusait ostensiblement de faire les marches et les prières de soutien au président de la République. Valentin Djènontin, lui-même, béni-oui-oui attitré du chef de l’Etat, n’a pas manqué  de dire ce lundi que son Ministère était géré depuis la présidence de la république. D’autres ministres pourraient nous dire comment les cadres nommés sur leur « proposition » étaient en fait imposés pour la plupart depuis les sombres officines de la Marina.

                C’est ce Boni Yayi qui a nommé Lionel Zinsou pour se payer une virginité et s’afficher comme le chantre de la bonne gouvernance. Et ce Lionel Zinsou ne sait certainement pas que dans tous ses discours, il faudra qu’il évoque et invoque le nom de son président, sans quoi les fins limiers de la présidence se chargeront de lui montrer comment cela se passe sous nos cieux.  Ce Lionel Zinsou ne sait (même) pas que c’est Boni Yayi qui lance et inaugure tout dans le pays : routes et ponts, marchés et latrines publiques, poteaux électriques et adductions d’eau potable. Tout…

                Deuxième observation, et elle coule de source: aucune réforme ne réussit au Bénin depuis 2006 à cause de Boni Yayi. Pourquoi ? Après avoir politisé toute l’administration publique dans des proportions inimaginables, on ne peut demander à cette même administration de se réformer, sauf à avoir des tentations suicidaires. Les roitelets positionnés dans tous les services, à force de régionalisme et de militantisme FCBE, sont des blocs de granit qui bloquent tout changement véritable.  Face à ce tableau mitigé,  le nouveau gouvernement aura fort à faire pour faire aboutir ne serait-ce que cinq réformes économiques majeures. C’est ce que je crois.

Par Olivier ALLOCHEME

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