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Le triomphe de la vérité

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Edito : Les chances de Talon


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Peut-on imaginer cette scène de Boni Yayi passant le témoin à Patrice Talon en 2016 ? Évidemment, ce serait surréaliste. La passation de charges risquerait même de s’achever à queue de poisson, tant il est vrai que l’animosité existant entre les deux hommes a atteint  un point de non-retour. Yayi et Talon sont les plus célèbres ennemis du Bénin et l’un ne risque pas vraiment de succéder à l’autre l’année prochaine.

            Les Béninois ne sont pas dupes. La candidature de Patrice Talon passe mal dans l’opinion publique. Dans la plupart des discussions, deux idées reviennent. La première, c’est que Patrice Talon entend par sa candidature hypothétique, assouvir son plan de vengeance contre Yayi. Et les Béninois ne veulent pas se prêter à une vendetta qui serait une source  d’instabilité pour le futur. Comment pourrait-on même  les empêcher de penser de la sorte quand on sait les graves accusations que les deux personnalités se sont lancées. Pour une bonne part, aujourd’hui, Boni Yayi a tout fait pour anéantir les affaires de Talon et celui-ci l’a pratiquement terrassé au plan politique. C’est une guerre sans merci que les Béninois vivent très mal.

            Deuxièmement, le spectre de l’homme d’affaires calculateur froid et sans cœur, plane sur les desseins politiques de Talon. La plupart des Béninois aujourd’hui, souhaitent que Talon laisse le champ politique à ceux qui l’animent et s’occupe des affaires.  Même s’il lui faudrait s’occuper aussi de politique en soutenant un ou deux candidats de son choix, très peu de gens acceptent l’idée de voter pour un opérateur économique, adepte du capitalisme le plus sauvage. Là aussi,  les gourous de la communication qui mijotent mille stratagèmes pour faire basculer l’opinion, rencontreront une résistance farouche qu’il sera difficile de vaincre.

E

n fait, l’image de l’homme d’affaires et partout dans le monde, est passablement contraire aux valeurs qui guident la politique. La politique, c’est l’exacerbation du  service à la communauté. Elle n’a de sens qu’à travers  le sacrifice de soi pour la nation. Sacrifice désintéressé, acceptation volontaire de souffrir les misères du peuple avec lui, la politique n’est pas recherche de profit. Son esprit se trouve aux antipodes de l’esprit des affaires. De là vient la détestation dans laquelle sont tenus les hommes d’affaires qui, partout, sont pris pour des êtres sans cœur, même s’ils sont aussi crédités d’une certaine générosité. Et l’on sait que cette générosité elle-même est attachée à un solide sens de l’opportunité. N’allez donc pas penser que les gens croient en la générosité de Talon. Son porte-monnaie ne s’ouvre qu’à la mesure de ses intérêts. Rien de plus normal.

Beaucoup ne lui pardonnent pas d’avoir été le financier principal de Yayi en 2006 et surtout en 2011. Pour 2011 précisément, il est apparu qu’il a attaché son apport financier à la signature du contrat du PVI, en jouant de ruse pour mettre Houngbédji et Yayi dans la balance. Le calcul à courte vue qu’il a fait, n’a prospéré que pour quelques mois, Boni Yayi s’étant lui-même retourné entretemps contre les clauses du contrat. Pour les remettre en cause, le chef de l’Etat eut des mots historiques que les générations futures analyseront certainement comme une œuvre  de lâcheté indigne d’un homme de son rang. Il a pu expérimenter à ses dépens et aux dépens du peuple béninois, la capacité de nuisance des hommes d’affaires, lorsqu’ils ont en face d’eux des acteurs politiques sans scrupules. Ce duo infernal est capable de vendre un Etat pour des cacahuètes. Et c’est ce qui a failli se passer avec le PVI.

Si Talon ne reste pas dans l’arène économique où il a montré une dextérité qui en fascine plus d’un, il risque de se faire piéger.  Lorsqu’envers et contre tous, le milliardaire Moshood Abiola s’est fait élire à la tête du  Nigeria dans les années 1990, il a rencontré   la dictature d’un certain Sanni Abacha. Il mourut dans les tourments d’un empoisonnement orchestré par le monstre d’Abuja. C’est qu’après près de trois ans de saignée financière, Patrice Talon ne saurait souffrir un éventuel échec en 2016. En s’alignant dans la course, il entre en zone de grande incertitude, alors qu’il a plus que jamais besoin de gagner pour espérer relever ses affaires.

Par Olivier ALLOCHEME

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