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Le triomphe de la vérité

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Edito : Si j’étais Yayi


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La mauvaise passe du Chef de l’Etat n’est pas une fiction. Tous ses ministres sont obligés de le lâcher, pour pouvoir exister politiquement durant les cinq prochaines années. Même les caciques des FCBE sont aujourd’hui obligés d’envisager d’autres horizons politiques, tant est que le système Yayi, fondé sur un homme et non sur des valeurs, s’est effondré au soir des élections du 26 avril dernier et surtout avec la constitution du bureau du parlement le 19 mai 2015. Plus que Kérékou en 2005, le Boni Yayi de 2015 n’est plus que l’ombre de lui-même, un demi-président. Deux revers électoraux, c’est trop pour un Chef d’Etat en fin de mandat. C’est précisément maintenant qu’il doit faire parler son génie politique, s’il en a, afin de redorer son blason pratiquement à terre.
Et donc si j’étais à sa place, je chercherais d’abord à semer la peur dans mon entourage, tout au moins pour endiguer l’inflation des scandales. Et surtout pour continuer à garder la main jusqu’en 2016. Pour ce faire, je nommerais un premier ministre à poigne, un homme finalement fou qui ferait la sale besogne : maintenir la troupe en état de travail jusqu’en 2016. Mais avec la situation politique actuelle, il n’y aurait que des cadres apolitiques et sans ambitions électorales qui accepteraient d’aller à cet abattoir. Hypothèse donc vraiment improbable, dans un Bénin de Yayi où l’on a compris que le fauteuil ministériel est éjectable à tout moment et que l’on n’y est que pour 24h renouvelables. Les cadres sérieux ne mettront pas le bout de leur pied dans cet engrenage.
Mais s’il est une manœuvre à faire pour « supporter » les dix mois à venir, tout en étant encore un président craint et à qui on obéit, c’est celle qui consistera à faire peur même à l’opposition. Il s’agira de débaucher un de ses leaders, et d’en faire un ministre d’Etat ou un Premier ministre disposant de pouvoirs étendus. Ne vous en faites pas, je connais bien Yayi et ses nombreux complexes qui l’empêcheraient d’adopter cette solution idéale. Je connais surtout son obsession presque maladive du pouvoir, principal obstacle à la mise en place d’un portefeuille de premier ministre fiable. Et je sais que c’est à cause de cela qu’un certain Pascal Irénée Koupaki s’est contenté de n’être qu’un premier ministre sans histoire auprès de Yayi, c’est-à-dire un premier ministre kpayo (faux premier ministre). Mais ici, il ne s’agirait plus de nommer pour nommer, mais de nommer pour atteindre un objectif majeur.
Cette hypothèse est celle qui correspond le mieux à la cohabitation réelle qui s’est imposée depuis avril dernier. Cohabitation qui eût été de règle si le Bénin était en régime parlementaire. Dans les circonstances actuelles, il n’y a rien d’autre à faire pour le pouvoir que de composer avec l’opposition, si le Chef de l’Etat ne cherche pas à jongler pour survivre politiquement.
Ce ne serait pas un gouvernement d’union nationale, mais une équipe de sauvegarde républicaine. Ce qu’il y a, c’est que Boni Yayi se verra opposé une fin de non recevoir. L’opposition voit venir avec raison, la perspective d’une victoire pour 2016. Et elle y réussira si elle parvient à écraser tout mouvancier velléitaire. Car, les FCBE préparent en douce un dauphin de remplacement, après l’échec en cascade de leur chef. Le fait est que celui-là ne sera pas accepté au sein de la troupe, surtout avec la perspective d’une victoire de l’opposition. Avec la déstructuration annoncée de la mouvance, Boni Yayi sera réduit à constater qu’il ne pourra pas lui-même assurer la survie de son équipe. Résultat, il lui faut un opposant accepté d’un côté comme de l’autre et qui soit à même de former un gouvernement digne du nom. Il est évident que ce premier ministre véritable (premier ministre « tchigan », pour ainsi dire), devrait aller aux élections de 2016 avec le soutien du Chef de l’Etat. Ce sera un compromis historique qui permettrait à Yayi de placer un homme qui ne lui ferait pas de chicanes après 2016.
Actuellement, avec la candidature annoncée de Patrice Talon, c’est une véritable épée de Damoclès qui plane sur l’avenir post-présidentiel de Boni Yayi.Et il ne tient qu’à lui pour ne pas, après une sortie par la petite porte, se retrouver à croupir le reste de ses jours en prison.
Par Olivier ALLOCHEME

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