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Le triomphe de la vérité

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Problématique des INONDATIONS à Cotonou : Le directeur des services techniques de la ville s’explique


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A peine les premières pluies ont commencé que Cotonou se retrouve sous l’eau. Et comme cela est de coutume à chaque saison pluvieuse, les critiques les plus inappropriées fusent de toutes parts pour en jeter la responsabilité sur l’équipe municipale. Pourtant, les esprits bien avertis savent que le tiers de la superficie de Cotonou est entièrement marécageux. Dans le même temps, les populations ne cessent d’occuper ces zones censées être le réceptacle naturel de l’eau. Mais les autorités municipales ne sont pour autant pas restées les bras croisés. Loin de là, cette situation constitue pour le président-maire Nicéphore D. Soglo et son équipe municipale un casse-tête quotidien. C’est ce qui justifie qu’en deux décennies, plus de 64 milliards ont été investis pour l’assainissement de la ville. Il en est de même de l’opération Cotonou en campagne contre les inondations (3CI) qui, contrairement à ce que pensent certaines populations, n’a pas vocation de constituer une solution définitive au problème des inondations dans la ville.  C’est une mesure de soulagement indispensable pour pallier des difficultés et nuisances de toutes sortes auxquelles les populations sont confrontées en saison de pluie. Seuls des investissements colossaux qui nécessitent l’implication du pouvoir central (gouvernement), une gestion judicieuse du territoire et une planification spatiale cohérente pourront régler définitivement le problème des inondations. C’est ce qu’a expliqué de façon explicite M. Marc Doubogan, le directeur des services techniques (Dd) de la mairie de Cotonou à travers l’exposé qui suit.

1-        Eléments contextuels

De plus en plus, des attaques verbales et par presses interposées se font sans scrupule sur les actions que mènent depuis un peu plus dune décennie, les autorités de la ville de Cotonou, notamment en matière d’assainissement. Et il suffit que la saison des pluies commence pour que ces attaques deviennent plus sévères et perverses surtout en ce qui concerne le dégagement des eaux pluviales de la ville.

Est-ce encore nécessaire de rappeler à l’opinion nationale et aux Cotonois en particulier la morphologie du sol de la ville et de ses communes voisines telles que Sèmè-Podji, Porto-Novo, Abomey-Calavi et Ouidah en partie ? La répétition étant pédagogique, nous croyons que oui.

Cotonou et une bonne partie des villes de la conurbation (Sèmè Podji, Porto-Novo, Abomey-Calavi et Ouidah) sont nées des alluvions qui se sont déposées au cours des ères géologiques. Cotonou est constitué dune bande de terre de 5km environ de large avec une altitude maximale de l’ordre de 7m. Elle est constituée d’Est en Ouest d’une alternance de dunes séparées par des dépressions marécageuses, d’où le tiers de sa superficie est entièrement marécageuse.

Enfin, Cotonou avec son ouverture sur l’Océan Atlantique et sa situation de delta est une ville dont le site est globalement exposé à d’autres inondations, notamment celles causées par les eaux venant du septentrion. Dans la sous-région, toutes les villes situées dans le Golfe de Guinée sont soumises à cette dure réalité. Il en est ainsi des villes de Lagos, Lomé, Abidjan, Accra etc.

En dehors de ces facteurs géologiques précités, il faut ajouter les facteurs anthropiques, c’est-à-dire l’action de l’homme sur le milieu. Avec la croissance démographique et l’urbanisation sans précédent qua connues la ville de Cotonou, conjuguées avec l’exode rural, les zones fragiles ont été occupées par des habitations précaires avec pour corollaire l’obstruction des chemins d’écoulement des eaux pluviales. Dans le même registre, le plan directeur d’urbanisme n’a pas été respecté et pourtant la ville a bénéficié de quatre documents de planification spatiale à savoir:

le Plan directeur de Cotonou de 1951 ;

le Plan directeur d’urbanisme de 1961 ;

le Schéma de Structure de 1985 ;

le Schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme (Sdau) du « Grand Nokoué » de 2007.

A l’avènement de la décentralisation, la ville a élaboré conformément à la loi son Plan de Développement Communal.

Cependant, l’occupation inappropriée des marges urbaines a continué. Il s’agit des zones de périurbanisation, notamment, les quartiers nord de la ville (2e, 3e, 6e, 9e, 12e, 13e arrondissements). Cette occupation anarchique et illégale se traduit par la parcellisation de zones inondables et des berges du Chenal et du lac Nokoué etc.  Elle entraîne comme conséquences :

de nombreuses difficultés d’aménagement et d’assainissement des sites;

des atteintes portées à  la santé et au bien-être des populations;

l’insécurité résidentielle et immobilière;

la limitation des investissements urbains.

Tout ceci nécessite l’arrêt de l’installation des populations dans les zones impropres à l’habitation.

2- Les mesures en vigueur depuis 1990

Prenant la mesure de ces réalités, notamment l’insuffisance d’une bonne planification spatiale, le président SOGLO en accédant à la magistrature suprême a mis un accent particulier sur l’élaboration d’un schéma directeur d’assainissement de la ville réalisé par SNC LAVALIN en 1994. Pour arriver à bout des inondations dues aux eaux pluviales, le rapport de ce cabinet a révélé qu’il faudra investir environ 200 milliards de Francs CFA non dévalués soit 400 milliards de Francs CFA de nos jours. C’est donc pour cela que des projets ont été initiés dans ce sens à savoir : ‘

– Le Projet de Réhabilitation et de Gestion Urbaine d’un coût global de 15 Milliards pour lequel Cotonou a bénéficié de plus de 7 milliards de Francs CFA pour l’assainissement de 1992 à 1996 ;

– Le premier Projet de Gestion Urbaine Décentralisée d’un coût global de plus de 25 milliards  pour lequel Cotonou a bénéficié de plus de 12 milliards de Francs CFA de 1999 à 2004 ;

– Le deuxième Projet de Gestion Urbaine Décentralisée d’un coût global de plus de 30 milliards pour lequel la ville de Cotonou a bénéficié de plus de 10 milliards de Francs CFA de 2006 à 2012 ;

– Le financement japonais pour la construction et la réhabilitation des collecteurs A et B pour un coût global de plus de 7 milliards de Francs CFA  en 1995 ;

– Le financement AFD à travers le Projet d’Appui à l’Agglomération de Cotonou pour un coût de plus de 2,7 milliards de francs CFA en 2007 ;

– Le financement Union Européenne à travers le 9ème FED pour l’Aménagement des Quartiers Inondables de Cotonou Ouest (AQICO) pour un coût de plus de 13 milliards de Francs CFA en 2008 ;

– Le financement en cours actuellement du Projet d’urgence de gestion Environnementale en Milieu Urbain (PUGEMU) pour un coût de plus de 12 milliards de Francs CFA.

Ainsi en deux décennies, il a été investi près de 64 milliards de Francs CFA dans l’assainissement de la ville. Cela représente incontestablement un effort louable. Cependant, les inondations de 2010 ont davantage montré la vulnérabilité de la ville. La forme deltaïque quelle prend avant l’ouverture du chenal qui communique le lac Nokoué avec l’Océan Atlantique et sa situation au-dessous de la basse vallée de l’Ouémé sont autant de facteurs handicapant pour  son assainissement. Vous convenez donc avec nous qu’il faudra encore investir beaucoup d’argent pour arriver à bout des inondations et c’est ce qui se fait progressivement. Face à ces conditions difficiles, la ville n’est pas restée les bras croisés. Elle a opté pour des solutions réalistes en mettant en place un plan de secours qu’est « Cotonou en Campagne Contre les Inondations » (3CI). Ce plan n’a d’autres objectifs  que de venir au secours des populations en cas de sinistres. L’opération 3CI est pour la ville ce que les services d’urgences sont pour l’hôpital. Comme tout plan de secours, il intègre une phase de prévention avant la saison des pluies, une phase d’intervention active pendant la saison pluvieuse et une phase de réparation des dégâts après  la saison pluvieuse. 3CI na donc pas vocation à constituer une solution définitive au problème des inondations dans la ville. Par contre, elle ambitionne bien à court terme d’assurer un soulagement indispensable des difficultés, des nuisances de toutes sortes auxquelles les populations sont confrontées en saison des pluies.

C’est ainsi qu’ont été réalisés au cours des dix dernières années :

-Les travaux de rechargement et de reprofilage des voies dans tous les arrondissements soit en moyenne 70 000 mètres linéaires par an ;

-Les travaux d’aménagement et d’entretien de bassins de rétention ;

-Les travaux d’ouvertures et d’entretien de tranchées soit en moyenne 110 000 mètres linéaires par an ;

-La construction d’ouvrages de franchissement dans les zones les plus enclavées ;

-Les travaux d’ouverture de voies dans les zones les plus enclavées (contournement de l’aéroport, liaison Fidjrossè – Akogbato par Yèmicodji etc.)

-Les travaux d’assèchement d’infrastructures socio communautaires ;

-Les travaux de pavage et d’assainissement de la rue du marché Vèdoko.

Les travaux de pavage et d’assainissement de la rue longeant les pylônes à Agla prévus pour cette année sont à l’étape de démarrage pour désenclaver l’un des quartiers les plus populeux et les plus inondables de Cotonou Ouest.

Nous sommes tous tributaires de l’eau et pour remédier aux dégâts quelle peut causer, nous devons adopter désormais des comportements citoyens. Nous devons plutôt apprendre à vivre avec elle en transformant ses menaces en atouts et opportunités de développement à l’instar des Néerlandais. Pour y arriver, il nous faut une gestion judicieuse des territoires et une planification spatiale cohérente.

Le slogan : « la ville travaille pour nous » n’est donc pas une incantation creuse. C’est l’expression de la ferme volonté de l’équipe municipale à faire de Cotonou une ville assainie et accueillante pour ses populations et ses visiteurs.

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