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Le triomphe de la vérité

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Edito: Le CEP au rabais


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Le CEP 2015 va encore nous livrer des scores staliniens d’ici quelques semaines : 99, 98%. On verra que presque tous les candidats sont des génies qui savent lire, écrire et compter. Ils entrent en sixième comme en académie. C’est la génération des 100%.

En réalité, c’est 100% de tromperie officialisée, depuis l’époque Karimou Rafiatou. C’est-à-dire depuis que, Karimou Rafiatou étant ministre de l’enseignement primaire, l’approche dite par les compétences (grosso modo les nouveaux programmes) a été  institutionnalisée sur financement extérieur. Et pour montrer aux Blancs que les programmes sont excellents, il fallait des résultats tout aussi insultants que le programme lui-même : 100%.  Aujourd’hui encore 80% des candidats admis à cet examen sont de parfaits déchets.

C’est pourquoi beaucoup demandent déjà avec insistance  la suppression du CEP qui finalement, ne rimerait plus à grand-chose : trop d’admis sans aucune base, alors que l’on met sur les enfants une forte pression psychologique. Finalement, on se demanderait si ce sont les maitres qui sont devenus niais ou si ce sont au contraire les enfants qui se crétinisent avec le temps.

Comment expliquer en effet qu’une bonne majorité d’élèves de sixième de nos collèges, soient si parfaitement nuls en lecture et en mathématique ? Beaucoup ne savent rien écrire, ni rien lire et semblent éternellement plongés dans les vapeurs. S’il faut comprendre qu’un système ne produit que les résultats qui sont à son niveau, il faut aussi admettre que ces résultats révèlent ce que le système éducatif béninois, vu sous cet angle du CEP, est dilapidé en mille morceaux :  il ne produit qu’une majeure partie de déchets.

J’entends d’ici les uns et les autres récriminer contre ceux qui sont opposés aux 100%, stigmatisant  la culture du  nivellement par le bas chez le Béninois. Oui, bien évidemment, je suis de ceux qui pensent que le système éducatif béninois ne célèbre pas assez la notion de réussite ou d’excellence. Les bonnes notes constituent l’exception, les mauvaises y forment la règle. Les copies ayant la note 18 ou 20 y sont regardées avec une redoutable méfiance, tandis que pleuvent les 04 et les 05, sans que personne ne s’en émeuve.

Non, ce n’est pas de cette discrimination  qu’il est question ici, mais de cette fabrication à grande échelle de cancres qui a lieu dans nos écoles. Cancres mais aussi indisciplinés. Qui donc a interdit  la chicotte de nos écoles, collèges et lycées ? Les campagnes dites « Apprendre sans peur » destinées à sensibiliser la communauté éducative sur les dangers de la violence pédagogique, sont vues comme une incitation au laxisme.     Et bonjour l’indiscipline à l’école.

C

e qui est ici remarquable, c’est qu’au même moment où se met en place une génération mal formée du fait d’un système mal adapté, beaucoup d’écoles, notamment, les privées, se sont rendues compte des dérives. C’est elles qui envoient au collège les meilleurs élèves. Le fait est que les classes surpeuplées, les maitres mal formés face à des programmes inadaptés génèrent aujourd’hui des résultats du CEP qui   sont loin d’être excellents. Ils ne le sont d’ailleurs  que pour ceux qui ne connaissent pas le jeu malsain qui se joue à la correction de cet examen. Comme d’ailleurs au BEPC où les manipulations les plus grotesques ont lieu, dans le seul but de montrer que tel ou tel ministre a donné de bons résultats. Mais il est vrai aussi que chaque année, ce sont les examinateurs mêmes qui s’organisent pour souffler les réponses aux candidats du CEP, malgré les exhortations des ministres. Les enseignants ont certainement compris que le mieux à faire dans ce genre de système est la tricherie.

Personne n’est dupe. Il faut réformer l’enseignement primaire. Il faut le réformer au plus vite, si nous ne voulons pas transformer nos enfants demain en inadaptés sociaux, incapables de s’insérer dans le monde en mouvement qui est le leur. Oui, des colmatages géants se font d’année en année, face  à la catastrophe des nouveaux programmes. Nous en sommes aujourd’hui à l’heure de la dictée, dont on ne sait pas encore quels doivent être les critères de réintroduction dans les curricula. C’est une piste en cours de mise en place et dont on gagnerait réellement à accélérer l’avènement heureux.

Car il faut qu’au sortir du CEP, aucun candidat admis ne puisse être accusé de ne savoir ni lire ni écrire. Si tel n’est pas le cas, eh bien arrêtons la supercherie du CEP !

par Olivier ALLOCHEME

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