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Le triomphe de la vérité

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Edito: L’encouragement à la corruption


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Si le Gouvernement voulait semer la confusion dans le scandale de l’eau, il ne s’y prendrait pas autrement. Dans le communiqué du conseil extraordinaire des ministres des mardi 07, mercredi 08 et mardi 14 avril 2015, on a l’impression que le Gouvernement veut recourir à ces entreprises pour financer son nouveau programme de lutte contre l’extrême pauvreté, programme qu’il lui a plu d’instaurer en pleine campagne électorale suite aux nombreuses sorties héliportées du chef de l’Etat. Le communiqué indique ainsi qu’ « il a été relevé des poches d’extrême pauvreté dans des localités où des citoyens ont des difficultés à subvenir à leurs besoins alimentaires. » Le Gouvernement décide, dès lors, sur la foi d’un rapport du ministre en charge de l’eau et de l’énergie, de mettre en œuvre un « programme d’urgence 2015 d’alimentation en eau potable en zone rurale ». Son rôle est de faire procéder au forage de trois cents puits d’un coût de près de trois milliards de francs CFA en vue d’assurer l’alimentation en eau des populations qui en sont dépourvues. Ce qui intrigue dans cette mesure gouvernementale, c’est bien le fait que son financement ait été projeté pour être assuré par « des contributions exceptionnelles des entreprises publiques et des opérateurs GSM ». Le Gouvernement est allé jusqu’à ajouter que « les modalités de répartition équilibrée des forages de puits d’eau dans les localités seront établies par le ministre en charge de l’eau et soumis à l’appréciation du Conseil des ministres. »
Dans ce sillage, voici la répartition initiée par le Gouvernement : CNCB (200 millions de F CFA), PAC (300 millions de FCFA), SOBEMAP (200 millions de F CFA), LNB (100 millions de FCFA), SONEB (200 millions de F CFA), SBEE (300 millions de FCFA), Bénin Telecoms (100 millions de FCFA), la Poste du Bénin (50 millions de F CFA), SOGEMA (20 millions de F CFA), ONIP (20 millions de F CFA), ONAB (100 millions de F CFA), COBENAM (50 millions de F CFA), SONAPRA (200 millions de F CFA), OBRGM (10 millions de F CFA) et CNSR (50 millions de F CFA). Et pour couronner le tout, le Gouvernement demande que le Directeur national du contrôle des marchés publics (DNCMP) soit instruit aux fins d’autoriser la réalisation de ce marché par la procédure de gré à gré.
Entendons-nous bien. Personne n’a dit que cette collecte de fonds était une façon de couvrir les 3 milliards environ qui font l’objet de tiraillements entre le Bénin et les Pays-Bas. Le fait précisément que ce programme soit chiffré à environ trois milliards de FCFA, n’est peut-être pas un détail anodin. J’attends d’avoir des preuves avant de conclure. Pour le moment, ce qui m’intéresse, c’est de savoir de quel droit un gouvernement de la République peut utiliser les entreprises nationales, qu’elles soient publiques ou privées, pour financer un programme social qu’il a initié de son propre chef. A quelle logique cela répond-t-il ?
Passons le fait que le chef de l’Etat constate lui-même après neuf ans de gestion, que la prospérité promise aux populations n’est pas au rendez-vous. Oublions même le fait qu’il appartient au Gouvernement, et à lui en priorité, de trouver les ressources nécessaires à la satisfaction de ces besoins. Posons alors la question : Où donc ces entreprises trouveront-elles les fonds qu’on leur demande de payer ? Ce qui est clair, si une entreprise comme la SOBEMAP décide de prélever effectivement les 200 millions de FCFA demandés par le Gouvernement, elle se retrouverait automatiquement en porte-à-faux avec la loi. Ses dirigeants risqueraient de se retrouver en prison, tôt ou tard, pour répondre de leurs forfaits, quelles que puissent être les raisons invoquées. C’est pire encore pour les entreprises privées dont les conseils d’administration feront bloc pour refuser cette imposture et limoger tout directeur général qui se serait adonné à cette fantaisie de mauvais goût avec les ressources difficilement engrangées par leurs entreprises.
Je veux dire de tout ceci que ce genre de pratiques constitue un encouragement à la corruption. Et il faut se demander dans quelle mesure ces pratiques malsaines et répugnantes ont pu se développer sous le règne du changement, notamment, pour financer des activités politiques.

Par Olivier ALLOCHEME

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