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Le triomphe de la vérité

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Edito: Crépuscule d’un dictateur


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Boni Yayi pensait cueillir Candide Azanaï chez lui ce lundi matin. Il aura vécu la journée la plus houleuse de son règne. L’aveuglement de son gouvernement avec son communiqué insultant pour l’intelligence, aggravera la situation s’il n’y a une autorité suffisamment forte pour arrêter les dérives. Pour la première fois depuis 1990, on peut dire qu’un Chef de l’Etat en fonction dans notre pays, n’a pas été à la hauteur. Boni Yayi est carrément un piètre dirigeant. Et s’il ne sait pas faire, il passera le reste de son dernier quinquennat en exil.
Le déchaînement de la colère populaire dans les rues de Cotonou a ceci de spontané, que personne ne pouvait s’attendre à ce qu’un Président de la République cherche à incarcérer un parlementaire de la trempe d’Azanaï comme un vulgaire voleur de poulet. Personne ne pouvait imaginer qu’ayant été l’instigateur principal des dérives verbales dont il accuse le député, Boni Yayi en viendrait encore à porter plainte et à faire pression sur son ministre de la justice pour obtenir gain de cause de cette manière. En dépit de toutes les lois de la république, il entend utiliser une procédure ordinaire pour emprisonner un parlementaire éminemment protégé par l’immunité et qui, du reste, vient de bénéficier d’un véritable plébiscite. L’obsession autoritaire du chef de l’Etat, l’a empêché, sur ce coup, de percevoir que sa volonté dictatoriale pourrait être arrêtée nette par la foule furieuse des partisans de son adversaire. La spontanéité des populations de Cotonou en aura surpris plus d’un. Y compris le gouvernement qui, jusque tard dans la nuit ne pouvait pas voir dans les feux allumés de-ci de-là, l’inexorable manifestation d’une déchirure.
A vrai dire, il y a eu hier le ras-le-bol  d’un peuple qui n’en peut plus de tolérer les outrances quotidiennes de son Président passé maitre dans l’art de la provocation et de la forfaiture. Yayi Boni, Hélouééé ! scandaient les jeunes déchainés aux carrefours névralgiques de Cotonou, suivis par des milliers de gens tout aussi excédés par les dérives du pouvoir. Le seuil de tolérance est atteint. Des foules déchaînées tentaient hier de prendre d’assaut la résidence présidentielle, malgré le dispositif sécuritaire mis en place. Et si aujourd’hui Boni Yayi n’arrête pas ce qu’il a déclenché, il pourrait être surpris d’un nouveau courage qui aveugle ceux et celles qui sont rassasiés d’imposture et ne peuvent plus reculer.  Le peuple qui a manifesté hier ne reculera pas et commettra le pire si on l’y contraint. La seule alternative est celle de la raison. Soit Boni Yayi recule et renonce à son action illégale  et anticonstitutionnelle, soit il choisit de partir par la petite porte.
Le plus fâcheux dans l’affaire, ce n’est pas vraiment l’imposture ambiante, mais la persévérance diabolique que montre tout le gouvernement, en commençant par son chef.
Je peine en effet à comprendre comment un président de la république puisse conduire son pays avec une telle légèreté, au lendemain immédiat d’échéances électorales réputées périlleuses. Au moment où tout citoyen normal cherche à sauvegarder la paix et l’entente en ces moments de cristallisation des crises, l’on s’attend à ce que le premier artisan de cette quête de paix soit le Président de la République. Mais ici, c’est à peine si l’on ne se demande pas s’il ne se met pas au rang des pyromanes. La funeste réalité est celle-là. Plus ça brûle, mieux ça vaut pour cette gouvernance qui ne se satisfait que des crises. Hier, on a atteint un sommet d’imposture.
Les méthodes cavalières aujourd’hui décriées, ne datent malheureusement pas de ce lundi. En 2006 déjà, Séfou Fagbohoun avait été ainsi « enlevé » sans autre forme de procès, par la garde républicaine qui le jeta en prison. Tout député qu’il est, il subit le sort des badauds et ne fut jamais jugé, mais a dû passer plusieurs années derrière les barreaux. Il n’y eut aucune forme de protestation contre cette forfaiture.
L’amertume populaire qui a explosé hier constitue peut-être une première, mais elle dénote de la déliquescence définitive de l’image de Boni Yayi. Dans l’imagerie des Cotonois, son statut de Chef d’Etat est tombé.

Par Olivier ALLOCHEME

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