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Le triomphe de la vérité

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Edito: La fraude est de retour


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La Cour Constitutionnelle a pu relever des irrégularités qui n’ont probablement pas entaché la validité et la crédibilité du scrutin du 26 avril dernier. La ritournelle  habituelle n’aura pas varié depuis 25 années de démocratie, mais cette fois-ci, elle a couvert des pratiques frauduleuses qui n’ont pas échappé aux observateurs. Malgré une LEPI porteuse de vertus, voilà qui nous renvoie à nos vieilles amours.

Soyons clair cependant. La LEPI est une avancée majeure indiscutable. Seulement, on avait prétendu qu’elle mettrait définitivement fin à la fraude. Eh bien non ! La Cour a pu relever des cas d’irrégularités sciemment orchestrées comme les cas de décompte fantaisiste de voix  sur la feuille de  dépouillement et/ou le procès-verbal de déroulement du scrutin. Il y a eu aussi des cas de dépassement du nombre de votants par rapport au nombre d’inscrits, cas relevés par la haute juridiction dans le village de Sampéto, centre de vote EPP Sampéto (commune de Banikoara), poste de vote n°010101160201 avec 486 votants pour 359 inscrits. Il en est de même  à Gbodjo Ouganhoué, commune de Calavi, poste de vote n°030151101001 ainsi qu’à  Pèrèrè,  dans le village Gninsy-Gando, centre de vote EPP Sémi, poste de vote n°040601060201.  Pour ces quelques cas découverts par la Cour, combien sont passés inaperçus ? Seul Dieu pourra le dire.

        Nous avons dépensé plus de quarante milliards de FCFA pour que ces cas ne surviennent plus jamais dans notre pays. Pas seulement des milliards, mais aussi de longs débats parlementaires, des séminaires en tout genre, une mobilisation sociale intense et surtout un battage médiatique sans précédent. Finalement, nous avons obtenu une carte d’électeur et des fraudes.

        Il est impossible d’imaginer la panoplie de fraudes dont fourmillent les professionnels de tout acabit qui s’y adonnent. Mais l’on sait que l’achat de cartes d’électeurs et les votes multiples ont été les plus employées. Il n’est pas possible à l’Etat d’enrayer l’achat de cartes d’électeurs, sauf à appliquer des sanctions exemplaires contre les faussaires éventuels, à des fins dissuasives. C’est tout. Le niveau d’indigence des populations et leur patriotisme  dérisoire, constituent des portes ouvertes à ces pratiques avilissantes. Ne nous trompons pas. Même ceux qui ne votent qu’à la suite des libéralités qu’ils ont reçues de la part des candidats doivent être rangés dans cette catégorie. Le vote, dans ce cas comme dans l’autre, est acheté. L’électeur accepte de jouer le jeu de ceux qui veulent contrôler son expression. Malheureusement, on comptera au Bénin d’aujourd’hui très peu de citoyens capables de résister à l’attrait de l’argent électoral.

        C’est l’autre versant de la fraude, en effet : la corruption électorale. Elle s’est exercée massivement sur les électeurs, mais aussi sur les agents électoraux. Dans certaines circonscriptions âprement disputées, ce sont les coordonnateurs d’arrondissement même qui ont été pris en charge par les candidats qui n’ont pas hésité à mettre la main à la poche. Si en quelques jours, ils peuvent empocher légalement au moins 400.000 FCFA, les dessous-de-table récoltés à gauche et à droite viennent corser ces émoluments. La patrie et le patriotisme peuvent toujours attendre. Ne parlons pas des représentants des partis et alliances de partis. Les candidats fortunés les soudoient bien vite s’ils n’ont pas un niveau de militantisme et un niveau de conscience patriotique élevés. Il suffit, bien souvent, que l’agent perçoive quelque pécule chez le challenger de son candidat pour qu’il ne soit plus que l’ombre de lui-même. Il laisse faire, et peut même, parfois, participer à l’imposture. C’est un monde à l’envers que les observateurs les plus perspicaces, ont vu ce 26 avril 2015.

Parce que le poids de l’argent, en l’occurrence, de l’argent facile, continue de régenter les consciences, l’arsenal juridique mis en place parait bien dérisoire, 25 années après la conférence nationale. Et l’on se demande  si la fraude pourra jamais disparaitre à cette allure où tout s’explique par la pauvreté et la misère des populations. Mais il n’est que de voir comment des agents permanents de l’Etat, même disposant des meilleurs salaires, n’échappent pas à ce cercle infernal.

La fraude ne mourra donc pas du fait des lois. Elle pourrait diminuer du fait des hommes. Tout le reste n’est que conjectures.

Par Olivier ALLOCHEME

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