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De la planche, Ousmane Alédji ramène sa pièce Omon-mi dans le livre. Un livre volumineux de 98 pages coédité par ArtistikAfrica Edition et les éditions Plumes Soleil. Il s’agit d’une pièce créée depuis 2005 et qui a été représentée aux dires de l’auteur du livre sur plusieurs festivals à travers le monde. De quoi s’agit-il réellement ? La réponse à cette interrogation a été donnée par le présentateur du livre, le professeur Pierre Mèdéhouégnon lors de la cérémonie ayant consacré le lancement officiel du livre le mercredi 8 avril 2015 dernier à ArtistikAfrica sis au quartier Agla à Cotonou. Selon ses explications en effet, ce livre apporte la lumière sur un fait socio-culturel qui continue d’avoir droit de citer dans certaines communautés béninoises. Il s’agit du phénomène des enfants sorciers. Celui du livre a juste deux jours. Son tort, c’est de naître avec le placenta de sa mère. Un motif jugé suffisant par le Conseil traditionnel pour lui coller le qualificatif de sorcier. Il s’agit d’une scène qui se déroule en région nago. Désormais enfant sorcier, le bébé de deux jours, dans l’anonymat sera condamné à mort par le Conseil traditionnel. De quelle manière mourra-t-il ? En principe, les tueurs à gage commis pour l’achever devraient le mettre dans un trou et l’enterrer vivant. Mais les pleurs incessants et les regards plutôt troublants vont faire émouvoir ses bourreaux qui ont fini par le laisser mourir dans le trou à ciel ouvert. Et c’est justement cette attitude du bébé qui fait dire au présentateur du livre qu’il s’agit d’un personnage atypique. Il en déduit d’ailleurs que l’auteur du livre laisse transparaître dans sa, plume, à travers cette manie de faire d’un bébé de deux jours, un héros, une lueur d’espoir qui pourrait changer ces pratiques ancestrales qui nuisent aux enfants. « Je pense que l’auteur du livre voudrait nous montrer que si petit que nous sommes, nous sommes capables de souler des montagnes », a commenté le professeur Pierre Mèdéhouégnon. Sur le plan de la structuration du livre, il en déduit un récit à deux niveaux. On y découvre selon ses explications, un niveau de déroulement de l’action et un second niveau de flash-back. Un procédé que le professeur Pierre Mèdéhouégnon trouve original. Néanmoins, il estime difficilement compréhensible l’option d’alternance des 13 scènes courtes, et ce sans didascalie que l’auteur du livre a choisie. Mais pour le metteur en scène, Claude Balogoun, il s’agit d’une option plutôt intéressante qui permet aux metteurs en scène d’avoir la liberté d’opérer à leur guise, la mise en scène de la pièce. Une façon pour lui d’inviter les praticiens du théâtre à se procurer de ce livre désormais disponible dans les librairies.
Donatien GBAGUIDI