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Le triomphe de la vérité

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Entretien avec Edgard Kpatindé, Fondateur de la société I3S: « Il y avait beaucoup de doutes sur la réelle volonté de Goodluck Jonathan de combattre Boko Haram »


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PHOTO OFFICIELLE EKenMonsieur Kpatindé, vous êtes fondateur de la société I3S (Intelligence Sécurité Stratégie et Service)  vous aviez dans une interview donnée à Golfe Télévision début mars 2015 annoncé la chute du président Goodluck Jonathan.

Merci de m’ouvrir les pages de votre journal. I3S est, en effet, la première agence béninoise spécialisée dans les questions d’intelligence économique et de sécurité globale. En collaboration avec un réseau d’experts, nous suivons de très près la situation régionale afin d’anticiper et d’assurer la veille pour nos clients, notamment, les entreprises qui nous font confiance. C’est vrai qu’après avoir donné la primeur à vos confrères de Golfe TV sur les villes camerounaises et nigérianes qui pourraient être l’objet de nouvelles attaques de BokoHaram, j’avais ajouté que le président Goodluck Jonathan serait battu aux élections.

 

Vous en étiez si sûr?

Je n’ai pas eu l’ombre d’un doute à ce sujet.

 

Comment faites-vous ?

Notre analyse prend toujours en compte une multiplicité de paramètres, sécuritaires, économiques, politiques, notamment, la cartographie des acteurs, les alliances apparentes et souterraines.Cette grille de lecture conjuguée à une longue expérience me permet d’émettre des hypothèses, souvent justes comme dans le cas présent.J’ajoute que dans ce cas précis, ce n’était pas bien sorcier… même si certains palais présidentiels avaient préparé les lettres de félicitation pour Goodluck.

 

Comment un président de la République peut-il déclarer après tant de morts dans son pays « j’ai mal évalué la capacité de nuisance du groupe BokoHaram » ?

En 2010, BokoHaram avait perpétré 31 attaques, 136 en 2011, 364 en 2012…Et le président peut faire des déclarations pareilles alors qu’une bonne partie du territoire national est devenue zone de non droit et que des bases militaires tombaient les unes après les autres dans les mains des terroristes. !Le Nigéria, ce grand pays, était humilié à la face du monde, ses filles violées, enlevées, converties de force, réduite en esclavage, ses populations vivaient dans une crainte permanente et dans des conditions de précarité économique croissante alors que le pays est producteur de pétrole. Il était inéluctable que le peuple réagisse comme il l’a fait ailleurs, comme il le fait de plus en plus souvent. N’en déplaise aux tenants du statu quo, les démocraties africaines sont en marche et ce n’est pas mauvais pour les affaires.D’ailleurs, avez-vous remarqué, la bourse de Lagos a connu une hausse jamais égalée depuis 10 ans. Le problème c’était bien la tête de l’exécutif.

 

Monsieur Kpatindé, vous êtes dur !

Dur ? Non ! Mais  juste dans mon analyse.Il y avait beaucoup de doutes sur sa réelle volonté de combattre ou de laisser combattre BokoHaram par les gouvernants hypocrites et pervers, tous les autres sont heureux des résultats de ce scrutin.

C’est vrai que certains auraient voulu que la situation dégénère pour voir une contamination du Bénin…Hélas, le Nigeria a montré qu’il était un Etat moderne.Tous les chefs d’Etat, dans l’intimité de leur cercle, se posaient beaucoup de questions. Il y avait beaucoup de doutes sur sa réelle volonté de combattre ou de laisser combattre le groupe BokoHaram.

 

Il était peut-être sincère,le président Goodluck Jonathan ?

Sincère ? Un président capable de tergiverser comme il l’a fait uniquement dans l’espoir de rester au pouvoir ! Et ce, en sacrifiant des centaines, voire des milliers de vies humaines…Je ne peux pas le croire. La radicalisation deBokoHaram et son expansion sont intervenues très tôt bien avant la surexposition médiatique du mouvement. Il ne pouvait pas l’ignorer, comme ne pouvaient pas d’ailleurs non plus l’ignorer les pays voisins qui, pour certains, jouent encore la politique d’autruche ou du caniche.

 

Vous étiez conseiller spécial du président de la République, qu’aviez-vous fait ?

J’ai fait une note au président de la République sur les risques sécuritaires liés à BokoHaram insistant sur la radicalisation de ce groupe dans les années à venir.

 

Sa réaction ?

Il ne me revient pas de le dire, moi j’ai dit ce que j’ai fait, c’est déjà beaucoup.

 

Un coup de gueule ?

Regardez le massacre de nos plages, spécialement derrière le quartier de la CEN-SAD. Ce massacre a lieu sous nos yeux, alors que les lois internationales protègent nos côtes et le littoral, les gens ont érigé des murs en béton en dépit de tout bon sens ; je fais confiance en l’avenir.

 

Un coup de cœur ?

Certes, mais ça n’intéressera pas grand monde. Il s’agit d’un livre de Scott Moeller et Chris Brady « Intelligent M and A … »

C’est une réflexion sur le renseignement d’entreprise. Une démarche qui prend ses distances avec les manuels généralistes et qui adopte une démarche plus ciblée sur les opérations de fusion acquisition.

 

Un dernier mot

Good Luck au président MuhammaduBuhari.

Merci

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