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Le triomphe de la vérité

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Edito: Que la démocratie seule ne suffit point


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 La démocratie nigériane nous offre un bel exemple   d’alternance responsable. Dans ce pays aux proportions éléphantesques et aux crises tout aussi profondes, le dénouement du processus électoral laisse briller beaucoup d’espoirs. L’économie de la sous-région va en ressentir les contrecoups positifs.      A vrai dire, le pays a étonné le monde. Au moment où l’on s’attendait à la résurgence des crises ethno-régionalistes l’ayant ensanglanté par le passé, le fair-play de Goodluck Jonathan a totalement dissipé les inquiétudes. Déjà, au fur et à mesure du décompte final des voix, un début de   soulèvement avait commencé dans certaines villes du pays, avant que le siège de la commission nationale électorale ne soit la proie du chaos. Il eût suffi d’un mot de Jonathan pour que l’embrasement survienne. Et le malheur n’arriva jamais. Il s’est passé au contraire un éclat de soleil qui a fait rayonner notre ciel pour de bon.      En dehors d’être la première économie du continent, notre voisin de l’Est est  simplement une source de revenus pour la grande majorité des populations de l’Ouémé-Plateau, du Borgou-Alibori comme des Collines. Un seul débordement dans ce pays, et nous serions très vite incapables de supporter les déferlements qui pourraient en découler. Sur ce plan du moins, Jonathan Goodluck a été exemplaire.     Si cette exemplarité pouvait être contagieuse, elle servirait les desseins de la paix dans notre sous-région. Il semble, en réalité, que les Nigérians ont été effrayés par les possibles répercussions d’une crise postélectorale sur leur pays déjà en proie à des déchirements. Avec les ravages de Boko Haram dans le Nord Est du pays, une crise postélectorale serait la meilleure idée pour casser définitivement la fédération. Ceux qui rêvaient déjà d’un Nigeria moins gros et moins fort, en seraient ravis. Les Nigérians ont-ils pris conscience que les démons de la division sont devenus leurs pires ennemis ? Probablement. Il s’est levé une conscience citoyenne forte, déjà manifeste dans le taux de participation élevé, malgré les menaces de Boko Haram. Cette volonté a été plus forte que la peur, plus dense que les armes de la secte islamiste. Le Nigeria a réussi ainsi ce qu’il n’a pas pu accomplir, même en temps de paix. Les atrocités de Boko Haram commencent à semer les germes de la conscience.     J’ai toujours pensé que le Nigérian et sa conscience vacillante sont d’abord les clés du problème de ce pays. La grande propension des Nigérians pour l’argent facile et le luxe arrogant, l’absence de patriotisme et surtout cette élite politique corrompue      dans des proportions insoupçonnées, ne peuvent favoriser que les déviances qui empêchent le pays de décoller. C’est précisément à ce niveau que la situation du pays parait paradoxale.       Oui, le Nigeria a connu cette dernière décennie, une croissance qui dépasse les 7% l’an. Oui, en février, le pays s’est doté d’un ambitieux programme destiné à ralentir les importations pour encourager les exportations. Et quand les techniciens nigérians en parlent, je fonds presque en larmes en voyant comment se décline à quelques pas de Cotonou, ce dont j’ai toujours rêvé pour le Bénin : une vision de développement pour enrichir d’abord le pays.  Et oui encore, le pays a pu refaire ses calculs en 2014 pour devenir la première économie d’Afrique.  Mais tout cela parait dérisoire face à deux fléaux majeurs : la corruption des élites et l’obscurantisme religieux. Pour ce qui est de la corruption des élites dirigeantes, il faut simplement rappeler le cas d’un certain Sani Abacha, ancien dictateur déjà décédé, qui a réussi à cacher 1,1 milliard de dollars détournés (soit près de 600 milliards de FCFA)   sur des comptes au Luxembourg, au Liechtenstein, à Jersey, en France et en Angleterre. C’est carrément un record historique. La restitution des fonds fera du bien au pays, mais risque de ne pas résoudre pour autant la question de la corruption de ceux qui le dirigent.  Nouveau venu dans l’arène publique depuis 2009, Boko Haram et sa vision d’un islam moyenâgeux qui ferait honte au Prophète lui-même. Son éradication par la lutte armée ne pourra malheureusement pas enrayer les fondamentalismes abjects qui s’entredéchirent dans le pays. C’est une menace dont personne n’avait prévu la résurgence.      Comme on le voit, la démocratie à elle seule ne peut suffire à faire décoller une terre si riche d’espérances. Il faudra un leadership éclairé et ferme dont Mahamadu Buhari est le prototype annoncé.

Par Olivier ALLOCHEME

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