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Le triomphe de la vérité

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Entretien avec Kodjo Houngbèmè, producteur de deux jeunes artistes béninois: Des révélations sur Dibi Dobo et Petit Miguélito


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Kodjo HoungbèmèKodjo Houngbèmè est le responsable de l’agence Nouvelle Donne qui a produit Dibi Dobo et Petit Miguélito. Dans sa mission de détection de talents au profit de Trace-TV dont il est l’actuel directeur régional en Afrique, nous l’avons rencontré pour vous au FESPACO 2015. A cœur ouvert, il parle de son aventure de producteur avec Dibi Dobo et Petit Miguélito. Que de déceptions ! Découvrez.

L’Evénement Précis : Vous êtes présent au FESPACO 2015. Quelles sont vos motivations ?

Kodjo Houngbèmè : C’est un rendez-vous qui ne vient que tous les deux ans. Et quand on est amateur de l’image, de l’audiovisuel en Afrique, c’est important d’y être. Surtout quand on représente une chaine comme Trace TV qui a beaucoup de révélations. A l’heure où on entend passer au numérique, il est bien de venir au Fespaco, de regarder ces genres de marchés, de projets, de films pour pouvoir y détecter les talents artistiques.

Vous représentez également l’agence de production Nouvelle Donne en Afrique. Vous avez produit Dibi Dobo, Petit Miguélito et j’en passe. Quels sont vos critères de sélection des artistes à produire ?
C’est une question de sensibilité artistique et de vision. C’est vrai que chez nous, nous sommes amenés à recevoir beaucoup d’artistes, de maquettes, de chansons, de clips, mais moi je fonctionne sur les coups de cœur. Si la chanson me parle et que j’arrive à voir une vision de développement qui peut m’amener loin, au-delà du Bénin, c’est là que je vais commencer à bien positionner cet artiste-là. Sinon, si je vois que c’est trop communautaire et que je ne peux amener au-delà de nos frontières, bon, je ne positionne pas. Je peux donner des conseils afin que l’artiste s’améliore, puis c’est tout.  Quand j’ai commencé à m’intéresser à la production béninoise, j’ai justement l’idée d’ouvrir une fenêtre internationale afin que nous aussi, on soit présentés au-delà de notre pays. C’est ma mission.

Voulez-vous dire aujourd’hui qu’à part petit Miguélito, Dibi Dobo, il n’y a plus d’artistes qui puissent bénéficier de votre position actuelle ?
Actuellement, on discute avec Sessimè sur son dernier projet que j’aime beaucoup. Je pense qu’elle a le potentiel, je l’avais déjà repérée depuis qu’elle avait gagné à Star promo au niveau du savoir. C’est vrai qu’aujourd’hui, J’ai moins de passion à positionner un artiste béninois à l’international. Car, ça finit toujours mal avec les frères.

On a appris que vous avez eu des démêlés avec Dibi Dibo. Qu’est-ce qui s’est réellement passé ?
(Il sourit quelques secondes et répond) : « Des démêlés », c’est un grand mot. C’est mon petit, je l’ai aidé, j’ai fait ce que j’avais à faire. Souvent, quand il y a beaucoup d’expositions sur eux et qu’ils ne sont pas préparés à cela, ils pensent que comme ils sont sous les projecteurs, qu’ils sont arrivés et que la main qu’on va leur apporter, ils n’en ont plus forcement besoin. Alors qu’ils n’ont rien compris. C’est la complémentarité qui fait le succès. Ce que mes frères ne comprennent pas, au lieu d’être fidèles, honnêtes, respectueux des engagements. Or, moi je  fonctionne plus sur la base de la morale que du contrat. Si je veux bloquer, je bloque, mais je pense que la conscience a plus d’impact sur le côté spirituel. Il n’y a rien, moi je vis depuis, je continue mon chemin.

Il paraît que c’était un problème d’argent. Est-ce vrai ?
(L’air très étonné, il écarquille les yeux et répond) : Argent ? Quel argent ? Lui, il peut parler d’argent avec moi ? Dès qu’il y a un petit problème quelque part, les ragots prennent le dessus. Vous pouvez amener Dibi Dobo devant moi. Il va exposer ses problèmes et moi aussi je vais exposer les miens et vous allez comprendre s’il s’agit de problème d’argent ou pas.

Quelles sont actuellement vos relations avec Dibi Dobo ?
Il n’y en a pas.

Vous lui avez donc fermé le circuit, n’est-ce-pas ?
Pas du tout. Ce n’est pas de mon éducation. Je laisse la nature assurer. Dieu sait faire les choses. Quand tu fais quelque chose avec le cœur et qu’on te trahit, celui qui te trahit, généralement, ça ne prend pas.

Et vous avez entamé une nouvelle aventure avec Petit Miguélito. Comment cela se passe t-il ?
C’est la même chose. On m’avait prévenu, mais comme j’ai la passion d’aider mes frères, je l’ai fait. Mais aujourd’hui, voilà ce qu’ils font avec moi. En fait, le problème de nos artistes, c’est qu’ils ne sont pas préparés à passer le cap international. Ils manquent de rigueur. C’est ça le problème. Ils n’aiment pas respecter les règles qu’on s’est fixé au départ. Mais comme ça, ça ne peut pas marcher. Petit Miguélito, j’adore ce qu’il fait. Voilà pourquoi je lui ai donné une seconde chance malgré que tout le monde me dit qu’il va me trahir. Contre l’avis de tous, je l’ai aidé, mais ça n’a pas raté. Mais j’ai tout pardonné.

Donc Nouvelle Donne et Petit Miguélito, c’est encore le divorce ?
Divorce, je ne sais pas…

Si vous permettez, nous allons parler un peu de vous. Comment êtes-vous venu dans le show-biz ?
Je n’ai jamais été du show-biz. Je suis dans la production, détecteur de talents et développeur de carrière. La musique, c’est une passion pour moi, ma formation scolaire, ce n’est pas la musique. C’est vraiment la passion qui fait que depuis tout petit je ne me plains pas et j’ai évolué en France, j’ai eu mon label là-bas, j’ai fait vraiment de très grandes choses et à un moment donné, on a tourné en rond et parce qu’on a la maitrise, on veut aller loin. Moi, je suis très ambitieux et quand j’ai vu ça, je me suis dit que je vais essayer de partager ma petite expérience en Afrique. Donc, j’ai fait beaucoup Abidjan. Étant Béninois, je me suis dit que c’est stupide de ne pas faire la base du Bénin. C’est là que je suis venu au Bénin pour relever un grand défi que je me suis lancé. Celui d’œuvrer pour hisser à l’échelle nationale et internationale, des artistes que personne ne connaissait, mais qui ont du talent. C’est ainsi que j’ai pris le projet Dibi Dobo parce que j’ai entendu quelqu’un un fredonner ses chansons, je me suis dit qu’il peut aller au-delà. C’est là qu’on a commencé à travailler et je me suis investi, débrouillé pour le hisser haut. Mais, par la suite, j’ai été déçu. Car, là où je devais aller avec lui, je n’ai pas pu aller. Au bout de l’histoire, c’est tout comme si j’ai perdu le camp, et après ça, j’ai pris deux années pour vraiment prendre du refuge en allant en France.

Vous êtes aujourd’hui le directeur régional de Trace-TV qui est un véritable espace de promotion des artistes. Mais il est rare de voir les artistes béninois sur cette plateforme. Comment expliquez-vous ça ?
La première réponse est que je ne suis pas programmeur. Comme vous le savez, dans toute société, dans l’organisation, chacun a son rôle. Moi j’assure les activités au Togo, Bénin, Niger, Gabon etc. pour tout ce qui concerne le côté commercial, activation, ou bien tout ce qui concerne les concours de détection de jeunes talents. La programmation se fait par un Chinois. Il fait ce qu’il veut, moi je peux donner des recommandations qui peuvent être suivies ou non. Donc je n’ai pas la main pour dire que c’est moi qui vais faire rentrer les frères du pays. Je n’ai pas ce potentiel. Même si j’ai un coup de cœur, j’insiste et il peut toutefois refuser.

Une question personnelle : votre situation matrimoniale ?
Je suis marié. J’ai une femme et deux enfants. J’ai fêté 42 ans en décembre 2014 passé. L’industrie de la musique, je la vivais depuis l’âge de 19 ans lorsque j’ai effectué mon premier voyage aux Etats-Unis. Je suis vraiment passionné de la culture américaine, la musique afro-américaine. C’est pourquoi j’ai fait mon premier voyage là-bas. Je viens en Afrique, mon rêve c’est de faire la première major compagny comme Universal, Sony et autres.

Un mot à vos compatriotes béninois ?
Qu’ils persévèrent dans ce qu’ils font parce qu’il y a beaucoup de talents au Bénin. Il faut qu’ils fassent un travail de conscientisation, de professionnalisation et se disent que s’ils veulent franchir un cadre, il faut aller au-delà du bricolage. Sinon, il y aura quelqu’un au Bénin qui aura un clip qui va passer deux ou trois fois sur Trace-TV, mais il n’y aura pas de continuité. Il va falloir également qu’ils commencent par respecter les engagements qu’ils prennent avec les structures qui décident de les porter au-delà des frontières nationales.

Entretien réalisé par Donatien GBAGUIDI

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