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Le triomphe de la vérité

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Edito: Supercheries


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Quest-ce qui peut donc obliger un gouvernement qui vient de récolter 5.606 milliards de francs CFA à organiser un emprunt obligataire afin d’obtenir seulement 40 milliards ? Je n’arrête pas de tourner et de retourner cette question banale dans ma tête depuis l’annonce ce mercredi des 111,8 milliards obtenus par l’Etat béninois dans son emprunt obligataire.
La réponse ne tardera pas. Car, à y voir de près, les résultats de la table ronde de Paris n’ont rassuré personne, pas même le gouvernement. En fanfaronnant sur tous les toits avoir récolté à Paris, 5.606 milliards de FCFA à l’issue de sa table ronde des investisseurs, le gouvernement n’avait certainement pas mesuré les délais d’attente. Depuis près d’un an, nous attendons les retombées de Paris, retombées à la propagande desquelles le gouvernement a largement contribué en faisant croire qu’une pluie de milliards est descendue de chez les Blancs pour nous sauver au Bénin. 5.606 milliards ! On nous avait promis des infrastructures, comme le nouveau pont sur la lagune de Porto-Novo, des centrales électriques, le développement de projets agricoles innovants, etc. Mais les retards de l’aide multilatérale et bilatérale annoncée à Paris, ont aggravé les suspicions. Pourquoi diantre organise-t-on un tel événement alors même que les investisseurs locaux sont presque chassés de leur propre pays ? Des explications des uns et des autres, on a pu retenir la théorie du bling-bling financier : il fallait montrer aux abrutis béninois que les Blancs adorent Yayi et qu’ils sont prêts à appuyer son pouvoir de leurs milliards.
5.606 milliards de FCFA ! C’est en effet un chiffre vertigineux qui fut pourtant assorti de nombreuses conditionnalités  soigneusement dissimulées dans des discours feutrés mais fermes. Il ne fallait pas être expert en finance pour comprendre que tous les bailleurs de Paris exigeaient le renforcement de la bonne gouvernance et le respect des acquis démocratiques. Mieux, Paris, c’était des promesses qui demandaient du temps pour être transformées en engagements surtout en décaissements réels. Ceux qui espéraient des sacs de milliards descendus de New-York ou de Berlin, ont été désillusionnés.
Il ne faut pas chercher loin les raisons ayant poussé le gouvernement à se tourner vers l’emprunt obligataire. Mais on n’oubliera pas non plus qu’à l’époque, la plupart des observateurs avaient vu derrière les promesses espiègles des bailleurs de fonds, leurs engagements déjà exprimés au long des programmes et projets en place dans les accords de partenariats dont certains courent sur plusieurs années. Le gouvernement qui a embouché la trompette de l’appui financier (extraordinaire) s’est fait prendre à son propre jeu. Il a fait croire que ce sont de nouveaux apports extérieurs !!!
Bien entendu, l’emprunt obligataire qui s’est réalisé sur le marché financier sous-régional vient renflouer le trésor public en lui donnant de l’argent immédiatement disponible, afin de réaliser notamment les projets à court terme. Et ce n’est pas pour rien qu’il ne provient pas d’un appel   à épargne publique, donc ouvert au public. Il ne concerne que des institutions  financières qui savent que le remboursement est tout aussi impératif. Avec un taux de 6,5%, c’est un bon placement pour les institutions engagées. C’est loin des taux concessionnaires qui sont moins onéreux et plus souples pour les gouvernements, dans une période de rareté des ressources. Et les banques n’ont pas tardé à sauter sur l’occasion, en sursouscrivant cet emprunt à hauteur de 110%.
Dans le même temps, le gouvernement continue à s’endetter sur le marché financier. Hier encore, le conseil d’administration de la BOAD a approuvé un prêt en faveur du Bénin en vue du financement d’une nouvelle centrale électrique à Maria-Gléta et du renforcement du système de fourniture d’eau potable à Parakou et environs. Ce sont des signes qui ne trompent pas. Paris n’a pas tenu ses promesses et Boni Yayi veut malgré tout réaliser un minimum de projets portés devant les bailleurs en juin 2014.
La question justement est de savoir si ce recours compulsif à la dette correspond à nos capacités de remboursement et s’il ne suit surtout pas aux générations à venir. Pour le moment, faisons foi à ce que dit la CAA : l’endettement du Bénin ressortit à 32%, loin du seuil communautaire de 70%. L’emprunt obligataire apparait dès lors comme une opération cosmétique destinée à camoufler les illusions de Paris.

Par Olivier ALLOCHEME

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