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Le triomphe de la vérité

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Edito: Wanted!


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Boni Yayi a donc sauté dans une piscine vide. Il s’attaque à Aholou-Kèkè dans un dossier déjà pendant en justice, et pour lequel il devait gagner à se taire.
La lettre du secrétaire général du gouvernement à l’Autorité nationale de lutte contre la corruption (ANLC) vient très opportunément ouvrir un dossier contre un député resté aux côtés du chef de l’Etat depuis longtemps, sans que personne ne se soucie de ses sales casseroles. Il a fallu qu’elle quitte le navire déclinant du pouvoir pour que, comme par enchantement, le gouvernement les découvre. Il en est même si frustré qu’il demande à l’ANLC d’y voir clair pour le compte de la bonne gouvernance. Bien entendu, cette relance gouvernementale fait du bien à maitre Aholou-Kèkè. Non seulement, elle la met sur les devants de l’actualité, mais en plus, elle lui donne une nouvelle posture de victime face à ses électeurs de la vingtième circonscription électorale. Dans la sociologie politique du  Bénin, rien n’est plus doux, en période électorale que l’acharnement du pouvoir. Les citoyens, comme poussés par l’instinct de protection des faibles, prennent fait et cause pour la victime et se servent de leurs votes pour l’exprimer. Si la RB a pu conserver en 2008 la mairie de Cotonou, elle le doit en partie à l’éclatement de la bulle acharnement avant le scrutin, avec l’emprisonnement de Michel Makpénon, l’un des plus chauds partisans des Soglo. Le parti en a profité pour alimenter ses réseaux souterrains avant de reconquérir « sa » municipalité haut les mains. Il faut donc s’attendre à ce que soit décuplé le capital sympathie d’Hélène Aholou-Kèkè dans son fief. A moins qu’elle ait mal géré sa base durant l’actuelle législature. Il est même évident que dans  ce vieux dossier souvent soulevé contre le député d’Avrankou, le temps des explications est arrivé. Il y a désormais de quoi éclairer l’opinion publique sur ses tenants et aboutissants afin de le vider une fois pour de bon.
Le fait est qu’en se basant sur les écrits de la presse pour porter une affaire devant l’ANLC, le gouvernement montre la voie qu’il aurait dû suivre depuis longtemps dans des affaires autrement plus récentes et pour lesquelles il avait pourtant tous les moyens d’agir vite et bien. Si nous ne prenons que l’affaire machines agricoles ayant défrayé la chronique   peu  avant les législatives de 2011, le public béninois a pu constater que, loin d’avoir entrainé d’éventuelles sanctions administratives contre le principal intéressé, celui-ci a même eu droit à une promotion avec son alignement sur la liste FCBE. Cette année encore, le pouvoir a oublié qu’un certain Janvier Yahouédéou a soulevé des tempêtes dans ce dossier, et a aligné (encore !) le même homme pour les législatives qui s’annoncent. Mais il s’est très bien rappelé l’affaire Cissé puisque le nom de maitre Aholou-Kèkè y est cité.
On se rappellera toujours que l’actuel directeur de cabinet du Ministère en charge de la communication n’a connu sa promotion qu’après avoir été épinglé dans les concours frauduleux de 2013. Pour le récompenser à nouveau des fraudes massives de l’époque, il a été positionné suppléant de la tête de liste FCBE de la septième circonscription électorale, tête de liste qui se trouve être le ministre de la Défense, Théophile Yarou. C’est clair que Boni Yayi l’envoie à l’ombre de l’Assemblée nationale pour le préserver des éventuelles conséquences juridiques des fraudes mises à nu, si éventuellement un autre pouvoir venait à s’installer en 2016.
Qui a dit que la lutte contre la corruption est sélective ? Si l’on ne regarde que les actes qui se posent concrètement, sous les ombrelles de la lutte contre la corruption, cette lutte n’est pas seulement sélective. Elle est surtout politique. Politique parce qu’à voir le cas Aholou-Kèkè, la prétendue lutte pourrait permettre d’écraser les adversaires en utilisant le glaive de la justice. L’appareil judiciaire étant mis en coupe réglée, pourra alors être mis à profit pour les faire taire pendant un bon moment.
Mais c’est ne pas connaître les transformations en cours dans la maison justice, elle-même, où les juges, après la bravoure d’un certain Angelo Houssou et les déboires d’un Justin Gbènamèto, ont eu le temps de connaître les faces hideuses du yayisme revanchard. S’il fallait donc dire un mot au gouvernement qui a déjà échoué dans son combat contre Aholou-Kèkè, c’est celui-ci : il y a un mérite à se ressaisir quand les dérives vous mènent au chaos.

Par Olivier ALLOCHEME

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