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Le triomphe de la vérité

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Edito: A quoi bon le 08 mars


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Cette année encore, la journée internationale de la femme (JIF) sera marquée du sceau du folklore. Comme il y a un an, nous aurons droit au long mois de la femme ponctué de fêtes folkloriques vantant les mérites de nos sœurs, filles, copines, amies, mères et épouses. Et pour sûr, elles en ont bien besoin pour exorciser l’antique marginalisation dont elles font encore l’objet. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, en 2015, une bonne partie des hommes de toutes conditions considèrent les femmes et les filles comme de simples adjuvants au service des plaisirs du monde masculin. Et dans nos villages, des pères de familles continuent d’être les principaux obstacles à la scolarisation de leurs enfants filles ou même à leur simple épanouissement en tant qu’être humain. Bien entendu, dire cela dans le grand Cotonou de 2015, c’est comme raconter des histoires à dormir debout.
Et pourtant, ces formes de stigmatisation de la femme existent en ville sous des formes plus ou moins violentes avec  les mêmes résultats. Autant certains parents dans les zones rurales empêchent leurs filles d’aller à l’école, autant certains maris interdisent à leurs épouses de continuer leurs études en ville ou même d’exercer leur métier. Autant, au nom de la tradition, l’on oblige les filles à se marier au village, autant en ville certains supérieurs hiérarchiques imposent des droits de cuissage à leurs collaboratrices avant de leur accorder des promotions, en instaurant des chantages inhumains. On ne compte plus les stagiaires femmes qui finissent dans le lit de ceux qui sont censés les encadrer pour obtenir un diplôme ou un emploi. Et nous voyons tous comment  se perpétuent, au nez et à la barbe des bonnes mœurs et de la loi, les violences physiques à l’égard des femmes.
Tout cela est le signe de la survivance tenace  des obscurantismes du passé, sous des formes plus ou moins pernicieuses mais tout aussi nocives qu’il y a des décennies.
Le plus grave, c’est qu’en réalité, les femmes ont dû internaliser dans leurs subconscients leur infériorité sociale, au point de devenir l’un des problèmes de la démocratie béninoise. Soit celles qui luttent pour leurs droits, trouvent dans le combat féminin des tremplins pour la conquête de strapontins politiques qu’elles convoitent en secret, soit ce sont les hommes eux-mêmes qui utilisent l’appât de l’argent pour les conquérir dans leurs initiatives politiques.
Aujourd’hui, peu de femmes croient encore à leurs propres mérites intrinsèques. Le mal le plus pernicieux est, en effet, qu’elles se croient incapables de travailler par leurs propres efforts pour acheter leur propre voiture, construire leur propre maison, bâtir leur propre fortune, sans l’apport d’un homme. Il existe à cet égard une véritable malédiction féminine qui veut que mille campagnes de sensibilisation ne parviennent pas à éradiquer ce sentiment de dépendance, source de bien des malheurs.
Les 08 mars comportent ainsi un enjeu social énorme, dans le processus d’amélioration de la condition féminine. Mais concrètement, les véritables avancées sont encore lentes. La gratuité de la césarienne, les microcrédits ainsi que la gratuité de la scolarisation au premier cycle de l’enseignement secondaire sont autant d’acquis fondamentaux obtenus ces dernières années. Le régime Yayi a cru bon capitaliser ces avancées, en transformant les femmes en des machines de mobilisation électorale. Danseuses des aéroports, applaudisseuses au diable, préposées aux bruits des meetings, recruteuses pour meetings, voilà les bas rôles qui leur sont conférés contre les microcrédits. Et la plupart constituent les fers de lance du militantisme FCBE. Elles sont convaincues que l’argent public qui leur est octroyé sous forme de microcrédit provient de la poche de Boni Yayi. C’est pourquoi d’ailleurs les taux de remboursement de ces microcrédits, agités devant l’opinion publique, ne sont que d’une crédibilité dérisoire. On sait que sous le boisseau, se met en place un autre discours parallèle clamant que les femmes bénéficiaires tiennent en ces microcrédits leur part du gâteau national. Ceci explique bien, dans une grande mesure, l’activisme féminin pro-FCBE, notamment au sein des couches les plus vulnérables. On ne le dira jamais assez : la pauvreté des femmes, est une arme de destruction massive.
Le 08 mars mettra-t-il un terme à cette exploitation éhontée de la misère féminine ? Il faut en douter. Le bétail électoral, si facile à manipuler, demande des changements en profondeur de notre modèle sociétal. La JIF va y contribuer si les femmes, elles-mêmes, parviennent à une conscience nationale suffisamment élevée pour résister à leur instrumentalisation.

Par Olivier ALLOCHEME

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