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Le triomphe de la vérité

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Entretien avec Eusèbe Dossou, manager d’artiste: « Il n’y aura jamais une histoire d’amour entre Kèmi et moi »


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manager okIl est un manager d’artiste. Une carrière qu’il a engagée en refusant la majestueuse vie de bureaucrate qui lui était destinée à K@bed International, une entreprise agréée par Moov- dans laquelle il était pourtant chef d’agence. Il a nom, Eusèbe Mahugnon Dossou. Actuellement manager de la vedette béninoise, Oluwa Kèmy, l’homme a accepté de nous parler de lui. Mais pas de lui seul. Il lève un coin de voile sur les relations qui le lient à sa protégée Kèmy et partage avec nous ses rêves pour les artistes béninois.

L’Evénement Précis : On vous connait aujourd’hui comme manager d’artistes. Depuis quand avez-vous embrassé cette carrière ?

Eusèbe Dossou : Je dois d’abord dire que j’ai été musicien, batteur et je continue toujours d’ailleurs de l’être. J’ai commencé le management artistique en 2005. J’avais débuté avec le groupe « Les frères de sang». Après eux, j’ai travaillé également avec le groupe «All Baxx» et le groupe ivoirien «Magic System». C’est après tout ceci que j’ai réellement pris langue avec le management artistique.

Que fait en réalité le manager d’artiste ?
Il faut d’abord être dynamique. Je le dis parce que c’est une histoire de passion aussi. Car, en réalité, après mon Baccalauréat G1, j’ai fait aussi l’Informatique. Ceci m’a permis d’être embauché au CNHU. Après huit mois de service, j’ai quitté le CNHU. Grâce à l’actuel maire de Ouidah, j’ai fait un stage à MOOV, après quoi j’ai été embauché chez un agréé de la société de GSM qu’on appelle K@bed International. J’y ai travaillé pendant 4 ans pendant lesquels j’ai même été nommé chef d’agence. J’avoue que je gagnais bien ma vie. J’étais à 400.000 FCFA le mois. Et pourtant, je ne me sentais pas à l’aise surtout que je dois être tout le temps en veste, au bureau et tout ça. A l’époque, j’ai été même meilleur vendeur de MOOV dans les années 2006 où j’ai gagné une voiture. C’est alors qu’un jeudi 12 novembre 2006, je suis allé voir mon patron lui déposer ma lettre de démission. Il m’a demandé les raisons et je lui ai répondu qu’il me plaît bien de me chercher dans le monde des artistes. Tout le monde pensait que j’étais fou. Mes collègues et même ma famille ne s’en revenaient pas. Après cette démission, j’avoue que j’ai traversé une période dure parce que j’ai créé ma propre société. Et ça n’a pas été tout de suite la joie. Néanmoins, j’avais désormais le temps libre pour m’adonner aux activités culturelles tel que je l’aurais souhaité.

On sent en vous la passion de l’art. Aviez-vous été formé à cela ?
Je dois dire que j’étais formé dans la chorale. Et mon père sentait en moi déjà cette passion. Il n’en était pas d’accord. Il m’a alors envoyé chez feu Monseigneur Agboka qui m’a mis à l’Internat pour étudier au séminaire d’Abomey. Je profite de l’occasion pour vous raconter une anecdote. J’étais donc à l’Internat quand j’ai appris que ‘’Les frères de sang’’ voulaient venir donner un spectacle à Abomey. J’ai alors escaladé les murs de l’Internat pour aller suivre le spectacle. Et après, on m’a renvoyé de l’Internat. Je peux donc dire que c’est à cause de la musique que j’ai été renvoyé de l’Internat. C’est après ça que je suis revenu à Cotonou.

Vous avez donc démarré la carrière de management artistique avec le groupe ‘’Les Frères de sang’’. Comment ça s’est passé ?
Je dois avouer que notre aventure a été très belle. On a fait beaucoup de choses ensemble. On a donné aussi bien des spectacles au Bénin qu’à l’extérieur et nous nous sommes bien compris.

Quelle est la mission du manager dans la gestion de la carrière de l’artiste ?
Le management artistique, c’est un métier en principe qu’il faut apprendre. Je n’ai pas eu la chance de faire une école de management artistique. Mais la chance que j’ai eue, c’est d’avoir côtoyé des managers de grands artistes. Le premier que j’ai côtoyé est celui du groupe Magic System. C’est lui qui m’a formé. Pour revenir à votre question, je dirai qu’un manager a pour rôle de décrocher les marchés pour son artiste. Il doit pouvoir tout faire pour vendre son artiste. C’est pourquoi l’image a de la valeur pour le manager.

La pomme de discorde entre manager et artiste au Bénin, c’est l’argent. Etait-ce le cas avec ‘’Les Frères de sang’’, All Baxx et autres que vous avez managés ?
Non, pas du tout. On n’avait même pas de contrat, et pourtant on s’entendait bien. Néanmoins, je dois avouer que votre remarque est juste. Il en est ainsi ici au Bénin parce que les artistes n’ont pas encore eu cette formation nécessaire pour mieux comprendre le rôle du manager dans la gestion de leur carrière. Le manager doit en principe avoir un contrat en bonne et due forme avec son artiste. Ce contrat doit préciser les modalités de partage des cachets de prestation. Il devrait donc avoir une parfaite entente entre l’artiste et son manager. Mais ici au Bénin, les artistes n’ont pas encore eu cette compréhension de la chose. C’est pourquoi ça flotte.

Votre histoire avec GG Lapino, comment l’expliquez-vous ? Puisque vous dites que vous êtes son manager, mais lui il a toujours nié.
J’ai commencé par travailler avec GG Lapino en 2010. Et c’est bien lui qui m’a fait la proposition de travailler avec lui. J’ai accepté volontiers et on a effectivement commencé. Mais le problème qui s’est posé, c’est qu’on n’a pas fait un contrat de management. Donc, on travaillait ensemble comme si on était des frères et je lui gérais tout puisqu’il n’était pas au pays. Puisque partout, c’est moi qui le représentais et signais tous les papiers en son nom comme l’aurait fait un manager. Mais du fait des incompréhensions, sur un certain nombre de choses, nos voies se sont séparées. Vous me permettrez donc de ne plus aborder ces choses-là maintenant. Pour moi, c’est du passé. Lui et moi, on continue d’ailleurs de s’appeler.

Aujourd’hui, les gens vous connaissent beaucoup plus comme manager de Kèmy, une artiste qui est actuellement très en vogue au Bénin. Comment l’avez-vous rencontrée ?
J’ai connu Kèmy à ses débuts avec son producteur, feu BVT. A l’époque, elle était à Abomey. Ensemble avec BVT, on avait travaillé ensemble et on a même fait des tournées. C’est ainsi que lorsque j’ai des opportunités, je l’appelle pour qu’elle en profite. C’est ainsi qu’on fonctionnait. Mais un jour, elle m’a appelé et m’a proposé qu’on travaille ensemble. Je lui ai répondu que cela ne posait aucun problème. Je lui ai donc dit de juste tout faire pour m’écouter et respecter tout ce que je lui dirai de faire en tant que manager pour soigner son image. Elle a accepté. C’est ainsi qu’on a réellement commencé par travailler comme manager et artiste. Et ce que j’aime en elle, c’est qu’elle a toujours respecté ce que je lui demande de faire pour avoir de la valeur. Mieux, elle me respecte bien et le courant passe très bien entre nous. On vient de boucler deux ans déjà de relation de travail. Jusque-là, tout fonctionne bien.

Y-a-t-il un contrat de management entre vous ?
Non. On n’en a pas signé. Elle me l’a proposé, mais j’ai refusé. Vous savez, pour moi, la musique est plus qu’une question d’argent. Et c’est un don pour moi d’aider. Je refuse le contrat parce que ce que gagne un artiste béninois comme cachet ne paraît pas encore suffisant pour payer les services d’un manager. Elle m’écoute, respecte les consignes que je lui donne. Pour moi, c’est largement suffisant pour qu’on travaille ensemble.

Vous voulez donc dire que contrairement aux autres artistes, Kèmy n’a pas de caprices ?
Non, ce n’est pas ce que j’ai dit. Les artistes demeurent toujours ce qu’ils sont. Kèmy a également ses caprices, mais cela ne l’empêche pas de respecter ce que je lui impose en tant que manager. Moi, par exemple, je reconnais que je me fâche très vite. Mais quand ces moments arrivent, elle essaie de tout faire pour que je me calme. Ça, à mon avis, c’est une qualité que je lui reconnais. Vous savez aussi que pour travailler avec les femmes, c’est compliqué. Les gens ont l’habitude de beaucoup nous critiquer. Bien que j’ai une femme et des enfants, les gens racontent que je sors avec elle. Ce qui est totalement faux.

Voulez-vous donc nous certifier qu’il n’y a aucune histoire d’amour entre vous et Kèmy ?
Il ne peut même jamais avoir une histoire d’amour entre elle et moi. Et ce que les gens ne savent pas, c’est que Kèmy et ma femme ne cessent jamais de se voir au cours d’une semaine. Kèmy vient au moins une fois la voir à la maison au cours d’une semaine. Et elles restent ensemble pour parler. Elles dorment même parfois ensemble chez moi. Vous comprenez donc que dans ces conditions, il ne peut jamais avoir une histoire d’amour entre nous. Que les gens retiennent tout simplement une fois de bon que ce qui nous rassemble, c’est le travail et la gestion de sa carrière d’artiste. Et mon rêve pour elle, c’est qu’elle s’impose également sur le plan international.

Est-ce le défi de cette année 2015 ?
Absolument. C’est pourquoi j’ai déjà changé de stratégie. Je fais donc tout pour qu’elle aille à l’international. Le but est de montrer que nous aussi, nous pouvons imposer nos artistes au public du monde.

On vous reproche de mépriser les autres artistes qui vous sollicitent pour travailler avec eux. Pourquoi faites-vous ça ?
Il ne s’agit pas d’une question de mépris. La vérité, il y a certains artistes qui n’aiment pas qu’on leur dise la vérité. Quand ils t’amènent leur produit et que tu leur proposes de le retravailler afin que cela puisse être mieux vendable, ils estiment que c’est un alibi que tu inventes pour les refouler. L’autre chose, en tant que manager formé par l’OIF, on m’a appris à avoir des principes dans mes relations avec les artistes. Par exemple, je ne peux pas avoir un artiste qui peut sortir n’importe comment, aller fréquenter les bars et consorts avec des femmes, aller à la plage. L’autre chose, si on me demande la position d’un artiste que je manage, je dois pouvoir le dire avec précision. Cela veut dire donc que je dois être informé en temps réel sur toutes les sorties de mon artiste. Même si c’est pour aller voir son copain ou sa copine, je dois pouvoir être informé. Parce que c’est à moi qu’on s’attaquera si jamais quelque chose lui arrivait. Mais quand tu leur parles de ces principes, ils pensent que tu exagères et que c’est du mépris. C’est ça la réalité. Sinon, la vérité, c’est que moi-même, je veux bien manager plusieurs autres artistes. Ce n’est pas que la musique de Kèmy que j’aime. J’aime tout simplement la musique béninoise.

Le management artistique nourrit-il son homme au Bénin ?
Je vous réponds oui. Puisque c’est de ça que moi je vis aujourd’hui. Et je ne suis même pas prêt à changer de métier. J’ai vu des gens à l’extérieur qui m’ont dit que je peux vivre de ça, j’y ai cru et j’y suis maintenant. Et je ne regrette même pas d’avoir démissionné de MOOV où j’avais une bonne situation.

La polygamie, ça vous tente ?
Oh, non. J’ai une femme avec qui j’ai eu plusieurs enfants. Je ne vais d’ailleurs jamais prendre deux femmes.

Un mot pour conclure cet entretien ?
Je dois avouer qu’aujourd’hui, l’Etat s’investit mieux dans la promotion de notre culture. J’en veux pour preuve l’augmentation du Fonds d’aide à la culture qui est passé de 1 milliard à 3 milliards. Ça nous stimule, nous autres qui avons fait l’option d’investir dans le milieu artistique à mieux travailler pour la promotion de nos artistes. Compte tenu de ce coup d’espoir que l’Etat nous donne, moi je me suis désormais engagé à imposer à l’international, trois à quatre artistes béninois. C’est un challenge que je m’emploie à réaliser.

Entretien réalisé par Donatien GBAGUIDI

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