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Le triomphe de la vérité

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Edito: Au bonheur des dames


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2015 est officiellement appelée «année de l’émancipation économique des femmes en Afrique » par l’Union africaine. L’organisation panafricaine  valide aujourd’hui les résultats  de nombreuses études qui ont conclu que donner du pouvoir économique à la femme, changera à coup sûr le visage de nos pays.
Au Bénin, il faut se réjouir de la politique des microcrédits qui a pris un véritable envol après 2006. Il y a encore quelques semaines, le chef de l’Etat faisait des promesses fermes d’augmentation de la cagnotte devant les femmes bénéficiaires accourues nombreuses au Stade de l’Amitié. Oui, bien sûr, il s’agit  de la politisation d’une demande sociale forte, sur fond de démagogie rentière. On a pu faire croire à ces pauvres dames que ces fonds constituent leur part de la prospérité du Bénin. Bien entendu, ce discours officiel vient couvrir l’autre discours politique adapté aux bas-quartiers et aux villages dans lesquels on a fait entendre à tout ce monde que c’est « l’argent de Yayi » envoyé aux femmes. Et l’argent de Yayi ne fut pas remboursé, entrainant les hauts cris d’orfraie des autorités hypocrites. C’était de l’argent politique. L’on a fait de la politique autour d’une manne financière dont l’utilité est avérée.  En exploitant la misère populaire.
La question est de savoir si cet argent politique a servi au moins à réduire la pauvreté. Elle est de savoir comment il a pu aider les femmes à produire mieux pour mieux vendre.
Là du moins, on a fini par comprendre, dans le cadre du Fonds national de micro finance (FNM),  que l’argent distribué en plus des formations adaptées peut être vecteur de transformations structurelles de notre économie. C’est à cela que travaillent aujourd’hui la plupart des femmes.
La femme est un agent économique de premier plan et il a fallu  ces dernières années pour le comprendre.      Représentant  52% de la population, les femmes béninoises sont, depuis longtemps, reléguées à  la périphérie, là où elles ne font que leur petit commerce informel. Souvent avec une énergie que peu d’hommes peuvent déployer.   Bien que le continent africain recense l’un des plus forts taux de participation des femmes à la vie active (derrière l’Asie), les emplois précaires demeurent, en effet, la norme. Des études réalisées dans quatre pays d’Afrique subsaharienne ont ainsi révélé que les agricultrices travaillaient en moyenne 467 minutes par jour contre 371 minutes pour les agriculteurs.
Mais elles n’ont pas accès aux facteurs de production comme les hommes.  Au Malawi, par exemple, une étude récente a révélé que les parcelles exploitées par des femmes avaient un rendement inférieur de 25% à celui des parcelles exploitées par des hommes. Pourtant, on estime que si les femmes avaient le même accès que les hommes aux intrants agricoles (semences, engrais etc.), chaque jour, dans le monde, entre 100 et 150 millions de personnes cesseraient de souffrir  de la faim.
Mais elles ne peuvent développer leur entreprise à cause du manque d’accès au financement. De plus, dans le monde du travail, les femmes sont souvent reléguées à des secteurs moins productifs.   .
L’augmentation du nombre des femmes sur les bancs du parlement au Rwanda et en Afrique du Sud a permis de réaliser des avancées législatives importantes. Au Rwanda, par exemple, une meilleure garantie des droits fonciers des femmes a entraîné une augmentation de 18% des investissements des exploitantes sur leur terre, soit le double du niveau d’investissements observé chez les hommes.
Ce sont des mutations qui peuvent être dupliquées au Bénin avec un changement des mentalités. Car, malgré toutes les avancées modernes, les modèles anciens prospèrent encore. La mentalité d’éternelle assistée inculquée aux femmes, les empêche d’aller au bout de leurs efforts. Même au sein des femmes intellectuelles, la tendance généralisée à attendre l’homme est encore ancrée. Cette mentalité prend des proportions alarmantes au sein des plus jeunes.  Sa source se trouve notamment dans nos cultures.
Le rôle économique de la femme en cette année  de célébration, devrait inciter le Gouvernement à engager une  politique globale sortant nos mères, nos sœurs et nos épouses de ce statut ambigu de bétail électoral qu’elles ont actuellement.

Par Olivier ALLOCHEME

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