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Le triomphe de la vérité

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Edito: La bravade en sus


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Christian Sossouhounto a choisi de ridiculiser Léhady Soglo, son désormais ancien mentor. On avait pensé que la fameuse lettre de refus n’était rien d’autre qu’un montage des services de renseignement. Mais non, elle est authentique, signée des mains même de Christian Sossouhounto qui sonne son départ de son berceau politique qu’est la RB. C’est cruel pour le parti, mais c’est ce qui devait arriver pour un jeune ministre.
Ce qui se passe, c’est que le parti des Soglo a mal apprécié l’influence qu’exerce sur un homme sa proximité avec le pouvoir. Aujourd’hui, le ministre frondeur est au cœur de l’exercice du pouvoir et voit, mieux que beaucoup au sein de son parti, comment un homme peut impacter les confins de son pays, de par son positionnement au Gouvernement. Il fait l’expérience d’une charge nationale dans l’intimité de la décision et de l’action. Tout engagé qu’il est dans cette œuvre qui le dépasse, lui-même, en lui conférant une nouvelle vision de la patrie et de ses compatriotes, il est certainement arrivé que l’homme, Christian Sossouhounto, ne soit plus le militant d’un parti mais le dépositaire d’une mission républicaine. C’est ce qu’il révèle, lui-même, au creux de sa lettre qui est en tout un modèle achevé d’exaltation républicaine. Sa responsabilité gouvernementale transfigure l’ancien Christian. Et face à son parti, il s’est posé certainement une question : l’homme ou la nation ? La réponse se trouve fort heureusement au sein même de la constitution qui lui prescrit l’obéissance au devoir républicain plutôt qu’aux injonctions partisanes.
Car, assurément, le militant RB avait tout à gagner en démissionnant. A moins d’une filouterie qui ne lui ressemble pas, son ancien mentor l’aurait positionné pour les législatives. Ce qui lui permettrait d’aller siéger à l’ombre du Palais des Gouverneurs, pour compenser les effets de sa démission. Mais ici, le ministre a opté pour une bravade douloureuse. Douloureuse en ce que, définitivement, il est un jouet aux mains du chef de l’Etat qui en fera ce qu’il voudra. Dans sa position actuelle où il n’est plus membre de la RB, sans être d’une quelconque des chapelles qui s’entredéchirent au Palais, le ministre est devenu un agneau solitaire dans un champ politique réputé féroce et sans pitié. Il s’est privé de l’appui politique de son parti et devrait en subir les contrecoups, y compris même au sein du Gouvernement. C’est un risque énorme qui peut se payer cash.
L’entrée en scène du roi d’Abomey et du député Malèhossou, élu RB lui-même, devrait lui assurer une certaine couverture, en attendant qu’un geste fort du chef de l’Etat ne lui redonne courage.
Ce qui est presque certain, c’est que le ministre n’a pas posé son acte, sans avoir mesuré le soutien de Boni Yayi. La lettre constitue, à cet égard, un facteur d’assurance, parce que le ministre aurait bien pu se taire sans répondre à son parti. En d’autres circonstances, il     aurait dû continuer à exercer ses charges, malgré les injonctions de son parti, sans s’attirer les foudres de Léhady qui ne manquera pas de le vouer aux gémonies.
Ce qui l’attend désormais au sein de la RB dont il est tout de même le secrétaire exécutif, c’est que Christian Sossouhounto sera soumis à l’autodafé habituel, suspendu voire exclu, diabolisé au sein des structures de base, noirci en définitive. Son sort politique est scellé.
Il faudra cependant se rappeler que la dynamique politique nationale est essentiellement mue par des considérations personnelles. Les groupements d’intérêts pompeusement baptisés partis politiques, se structurent et se désagrègent au gré de cette variante individuelle, sans que l’avenir nous promette un autre horizon possible. Le choix de l’infidélité au parti, peut donc s’appréhender comme le début d’une autre aventure individuelle pour le ministre résistant.
Pour sortir d’une situation potentiellement dangereuse pour son efficacité et son avenir, il trouvera dans les semaines à venir un point de chute. Et c’est là où la RB risque gros en termes de crédibilité de son discours. Ayant vu fondre l’effectif de ses cadres depuis quelques années, le parti ferait bien l’économie d’une vendetta. Ce serait une déchirure de trop à la veille d’une élection cruciale où le régime Yayi est en quête de mains suffisamment renseignées pour démolir la forteresse RB à Cotonou.

Par Olivier ALLOCHEME

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