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Le triomphe de la vérité

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Entretien avec Désiré Vodonou après sa démission de l’Alliance Force Clé: « Mon avenir ne se trouve plus dans la façon dont est géré le parti »


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Désiré Vodonou netSorti de prison il y a quelques mois, l’honorable Désiré Vodonou a, à travers une interview accordée à la radio Soleil Fm, apporté des clarifications sur son départ de l’Alliance Force Clé. Un départ qui, selon lui, est dû à plusieurs facteurs. Parmi eux on peut citer la non-assistance dont il a été victime en prison par les membres de l’Alliance, le refus rencontré par ses propositions visant à renforcer le combat que mène l’Alliance. Etant tout de même ouvert au dialogue, Désiré Vodonou réaffirme sa volonté empreinte de prudence pour ne plus tomber dans le vide.

Soleil FM: Nous avons été très surpris de constater qu’il y a une lettre de démission signée de vous-même qui informe les Béninois que vous n’êtes plus membre de Force Clé, le parti pour lequel vous avez fait de grands combats politiques et qui vous a permis d’être député à l’Assemblée nationale. Quelles sont les motivations réelles de cette grave décision?

Désiré Vodonou: Merci monsieur le journaliste. Je crois que dans ma lettre adressée au président de l’Alliance nationale Force Clé, j’ai mis un peu ma motivation, ce qui m’a poussé à partir de l’Alliance nationale Force Clé. Mais je voudrais profiter de votre interview pour dire qu’un adage de chez nous dit: « Quand on ne sait pas là où on va, on sait au moins d’où on vient». Et pour être plus explicite, je crois que les responsables à divers niveaux de l’Alliance nationale Force Clé doivent pouvoir quand même comprendre que depuis ma sortie de prison où j’ai écrit une lettre pour dénoncer la non-assistance dont j’ai été victime, j’ai eu à expliquer que j’ai des questions auxquelles ils m’aideront à trouver des réponses. Face au diagnostic, après ma libération, j’ai posé des conditions afin que nous allions plus loin dans le combat que nous menons au sein de notre parti. Ça a été un refus catégorique. J’ai compris que, dans un parti, quand on est un militant comme moi et qu’on a vécu ces déboires, et vu l’évolution du pays, qu’il fallait réorganiser le parti. Mais, il y a eu une fin de non-recevoir. Et j’ai pris mes distances, parce que, vu la façon dont le parti est géré aujourd’hui, mon avenir ne s’y retrouve plus.

Est-ce qu’on peut avoir quelques idées des réformes que vous avez souhaitées en tant que grand militant de ce parti?
J’ai dit, d’abord, le président de l’Alliance nationale Force Clé, Lazare Sèhouéto qui est du Zou comme moi a des problèmes de relation avec les militants de la région. Et quand je prends la peine de voir un peu l’évolution du parti, je constate que le relationnel n’existe plus. Et ce relationnel fait que le parti est en train de perdre du terrain. Pendant mes quarante (40) mois d’absence, j’ai vu que toutes les communes que nous contrôlions, les forces que nous avons dans le pays se dispersaient. Pour ce faire, j’ai demandé qu’on convoque une réunion du Bureau politique où on pourra se dire les quatre vérités. Là, on doit pouvoir me faire comprendre pourquoi les choses se sont passées de la sorte. Et je l’ai exigé même, avant qu’on aille à la convention de l’Union fait la Nation. J’ai même proposé à ceux qui sont venus me rencontrer qu’on doit aller à un congrès extraordinaire ou à un conseil national pour dynamiser le parti et partir sur de nouvelles bases. Mais, ils se sont joués de moi; ils sont allés à la convention de l’Union fait la Nation sans la tenue de la réunion du Bureau politique de Force Clé. Ce sont les raisons fondamentales. J’ai même proposé qu’à l’issue du Congrès, Lazare Sehouéto quitte le poste de président du parti pour devenir président d’honneur. Je leur ai rappelé que je ne pouvais même pas devenir président du parti puisque je n’ai même pas encore recouvré mon droit civique; donc je ne dis pas forcément que c’est moi qui vais prendre les rênes du parti. Seulement, il y a un grave problème qui se pose ; un problème de relation entre le parti et tout le peuple béninois. En clair, il y a beaucoup de griefs contre le président du parti, Lazare Sèhouéto. Beaucoup de choses lui sont reprochées et j’ai dit: Changeons les choses parce que nous voulons aller loin. Et qui veut aller loin doit ménager sa monture. J’ai compris qu’on ne veut pas de mes propositions. Alors, M. le journaliste, vous comprenez aisément que mon avenir n’est plus là.

Honorable, pourtant, il y avait un comité de médiation qui avait essayé d’aplanir vos divergences.
Vous savez, j’ai rencontré le président des adhérents directs, certains cadres à divers niveaux du parti. Mais si vous voulez la vérité, quand je suis sorti de prison et que j’ai écrit ma lettre ouverte, l’Union fait la Nation m’a envoyé une délégation. Quand la délégation est venue me rencontrer, j’ai donné mon accord pour rester à l’Union fait la Nation. Mais à une condition: il faut faire obligatoirement des réformes. Parmi ces réformes, j’ai dit qu’il faut mettre fin aux cachotteries ; je pèse mes mots. Il y a trop de cachotteries à l’Union fait la Nation. Mais si on ne règle pas ces problèmes, on ne peut pas aller loin. Et comme je ne veux plus sauter dans le vide, je voudrais qu’on refasse les choses et qu’on essaye de se dire certaines vérités pour poursuivre notre combat. C’est pour ça que j’ai pris l’initiative de consulter les différentes structures de l’Union fait la Nation. Ainsi, j’ai convoqué le bureau des jeunes de l’UN que j’ai écoutés pour savoir comment ils voient l’avenir de l’alliance. Après ça, j’ai convoqué le bureau des femmes de l’UN pour discuter avec elles afin de savoir comment ça va et comment on peut faire pour aller plus loin. J’ai convoqué différentes structures y compris les présidents de chaque parti composant l’UN ; et c’est dans le cadre de ces consultations que j’ai demandé de rencontrer le Bureau politique de Force Clé. Et, grande a été ma surprise quand on m’a interpellé pour me demander « en tant que qui je fais lesdites consultations »?
C’est quand cette question m’a été adressée que j’ai demandé de voir la composition du Bureau politique de l’UN, et j’ai constaté que je ne suis qu’un simple militant. Du coup, j’ai dit celui qui veut aller loin doit ménager sa monture. En tant que simple militant, on peut avoir des idées et les partager avec les autres. J’ai donc continué à faire mes propositions. Malheureusement, ils ne m’ont pas écouté, et ils sont allés au congrès. Et quand ils sont allés au congrès, ils ont verrouillé l’accès au Bureau politique en prenant une résolution qui dit que seuls les présidents des partis seront membres du Bureau politique. Il en est de même pour le président d’honneur du Bureau politique, le coordonnateur national, le coordonnateur adjoint et le président des jeunes. J’ai constaté qu’ils ont verrouillé et qu’ils n’ont pas voulu entendre ce que j’ai à dire avant d’aller à cette convention. Je me suis dit, ils n’ont pas voulu m’écouter pour entendre ce que j’ai à dire et les réformes que j’entends qu’on mène ensemble. J’ai proposé que nous sortions de Cotonou afin d’aplanir les divergences et repartir sur de nouvelles bases. J’étais prêt à financer cette sortie. Mais ils n’ont pas voulu, et ils ont forcé la convention. J’ai dit, comme Vodonou ne veut plus sauter dans le vide, je préfère me retirer. Et c’est pour ça que quand j’ai rencontré les vieux, je leur ai dit : comment peut-on demander à un parti auquel on a tout donné, toute sa conviction, toute sa combattivité, de convoquer un Bureau politique pour aller parler des questions qui concernent le parti, et on refuse. Tout de même, il s’agit de moi: à partir de ce moment, je ne sais plus ce que je cherche là. Ils ont dit, attendez! Nous allons régler, mais j’ai été surpris qu’on ne règle pas les préalables que j’ai posés avant d’aller à la convention.

En clair, l’honorable Désiré Vodonou n’est plus aujourd’hui ni membre de Force Clé ni membre de l’Union fait la Nation?
Je ne peux pas être membre de l’Union fait la Nation tout simplement parce que c’est mon parti Force Clé qui a adhéré à l’UN. Mais je peux revenir à l’Union fait la Nation en tant que adhérent direct. Mais pour le moment, la question ne se trouve pas là parce que tous les problèmes que j’ai évoqués au début et qui n’ont pas trouvé de solution sont encore là. Donc à partir de ce moment-là, je n’envisage pas retourner à l’Union fait la Nation si mes préalables ne sont pas réglés.

Est-ce à dire que l’honorable est parti, mais qu’il reste toujours ouvert au dialogue?
Je reste ouvert au dialogue car on ne dit ‘’jamais’’ en politique. Mais souffrez que je vous dise qu’il y a quelque chose qui est très important pour moi quand j’ai quitté la prison : je ne sauterai plus jamais dans le vide. Et quand je ne trouve pas quelque part le sérieux qui peut faire développer ce pays, le sérieux qui peut parler de l’avenir de ce pays, je ne m’y mettrai pas.

Des rumeurs disent que c’est le chef de l’Etat qui vous aurait fait des promesses surtout vous permettre de retrouver votre droit civique. Est-ce vrai?
Je suis surpris de vous l’entendre dire. Retrouver mon droit civique, c’est un droit, puisque je continue de clamer mon innocence pour dire que je n’ai jamais été condamné dans ma vie. C’est purement politique ce qui s’est fait. Si Yayi, aujourd’hui, a la clairvoyance et l’honnêteté de me redonner mon droit civique, je le prendrai. Mais dire que ça fait partie de ces genres de combats et puisque je suis en train de faire le combat, le combat de la vérité, le combat pour que la vérité éclate, le combat qu’on sache que ce qui m’est arrivé a été purement politique. Mais moi, en réfléchissant, et en faisant ce que j’ai fait, je me suis dit qu’on n’a pas besoin forcément d’être un homme politique avant d’aider son pays.

D’aucuns disent que c’est peut-être la Renaissance du Bénin, votre tout premier parti qui vous tente ? Léhady Soglo serait en train de tourner autour de vous, il serait en train de vous faire la cour assidûment.
Écoutez, il n’y a pas ce présidentiable au Bénin qui n’est pas allé vers moi. Qu’ils soient de l’opposition ou de la mouvance, il n’y a pas ce présidentiable au Bénin qui n’ait pas envie de parler avec moi. Tout le monde parle avec moi parce que je suis Béninois. Tout le monde parle avec moi parce je défie les politiciens béninois. Qui parmi eux a investi dans le social plus que moi? Et si j’ai investi dans le social, c’est parce que je veux le développement de mon pays. C’est pour cela que tout le monde est en train de me faire la cour. Mais désormais, comme j’ai dit, je ne soutiendrai plus dans le vide. Et on n’a pas besoin d’être élu avant d’être utile pour son pays. Mais, j’ai mon mot à dire puisqu’il s’agit de mon pays. Je veux faire un combat républicain pour le développement de mon pays. Aujourd’hui, on s’étonne que c’est la Renaissance du Bénin qui est en train de me faire la cour. Alors que la RB a commencé par parler avec moi depuis que j’étais en prison. La RB a toujours parlé avec moi-même avant que je n’aille en prison,… quand j’étais à l’Assemblée, même quand j’étais à l’Union fait la Nation. On me dit toujours que c’est ma famille puisque c’est avec eux que j’ai commencé ma politique. Et j’ai toujours posé des préalables comme je suis en train de poser des préalables aujourd’hui à l’Union fait la Nation. Et tant que ces préalables ne sont pas réglés dans ces formations politiques, vous ne me trouverez pas avec eux.

Est-ce à dire que l’honorable veut être seul, c’est-à-dire, créer son parti politique si les conditions se réunissaient?
Je ne compte pas être seul dans le combat républicain dont je parle. C’est toujours dans l’union qu’on est fort. Et si je trouve des personnes qui pensent de la même façon que moi ; des personnes qui ont le souci du développement de ce pays ; des personnes qui pensent que le politique doit être au service de la nation, je crois que je peux me mettre avec ceux- là pour le bien-être de ce pays.

En clair, Désiré Vodonou reste dans le social avec sa fondation
Oui, j’ai été toujours dans le social. Je continuerai dans le social. Je l’ai dit dans la lettre ouverte au chef de l’État. Je continuerai dans le social et tant que Dieu me donnera les moyens, je vais continuer dans le social. En continuant dans le social et pourquoi pas dans la politique? Parce que je suis Béninois et les choses qui concernent le Bénin m’intéressent. Les jours à venir, vous saurez si je vais continuer la politique ou si je ne vais continuer que dans le social.

On sent que vous voulez faire les deux parce que quand on a goûté à la politique, on ne raccroche pas facilement.
Je faisais la politique sans demander des comptes. Désormais, ce que je vais dire à ma population, je serai plus politique qu’avant. Et dans cette politique, c’est rien que des intérêts pour ma Nation, c’est rien que des intérêts pour ma population. Je ne ferai plus la politique où je donnais de l’argent, je mettais de l’argent sans pouvoir savoir ce qu’on en faisait ; puisque désormais je veux être autour de la table, de toutes les négociations parce que j’ai toujours défendu le bien-être de la population et c’est pour le bien-être de la population que j’ai quitté Force Clé.

Il parait qu’après votre sortie de prison, vous avez verrouillé la 24ème circonscription électorale
Vous savez, verrouiller la 24ème, c’est osé. Comme je l’ai dit à tous ceux que j’ai rencontrés, ce n’est pas une nomination. Chacun de nous ira voir les populations pour leur dire ce qu’on peut leur offrir, ce qu’on peut leur faire puisque nous sommes là pour les défendre. Désormais, je suis un politique et j’irai vendre ce que je sais faire et chacun d’eux ira vendre ce qu’il sait faire et la population pourra décider. Dire que j’ai verrouillé, c’est trop dire. C’est le terrain qui commande, et après les élections on aura le temps de constater.

Nous sommes au terme de cet entretien et j’aimerais vous demander si vous avez quelque chose pour conclure. Un appel aux populations qui vous aiment.
Je voudrais demander au peuple béninois, le calme. Le calme, la discipline et l’esprit de discernement. J’ai cru entendre des rumeurs et des supputations de part et d’autres. On me demande s’il a pardonné. Celui qui a pardonné, pourquoi il claque la porte? Je suis un homme de conviction et quand on est un homme de conviction, on doit savoir ce qu’on veut. Je voudrais simplement dire au peuple béninois que ma conscience politique ne me reproche rien. J’ai été fidèle; j’ai été le fidèle des fidèles ; j’ai fait un combat de militant et j’ai voulu continuer le combat de militant mais j’ai compris que ceux avec lesquels je suis ne sont pas dans un combat de militant. Ce sont des combats de compromission ; des combats d’émargements. Et à partir de ce moment, j’ai pris mes distances et je voudrais appeler tout le monde au calme. Le peuple appartient à nous tous, chacun de nous, politiques, nous irons sur le terrain, vendre de quoi on est capable et c’est au peuple de choisir. Sur ce, que tout le monde se calme. Ce n’est pas la fin du monde. Aujourd’hui, je ne suis pas d’accord avec eux, demain je peux être d’accord avec eux si ce que je demande et ce que je dis se réalise puisque c’est pour le bien-être du pays que je le fais.

 Entretien réalisé par Soleil FM

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