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Le triomphe de la vérité

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Edito: La ruine des milliardaires


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Ils se sont tous ruinés en amenant Yayi au pouvoir. Les milliardaires qui avaient usé de leurs milliards pour financer les campagnes multiples du chef de l’Etat en ont  aujourd’hui pour leur compte. Soit le pouvoir s’est retourné contre eux, soit ils se sont ruinés en ayant les mêmes réflexes que les politiques.
Les hommes d’affaires entrent en politique comme on entre en affaire. Ils en attendent des dividendes et y misent à fonds leurs avoirs et leurs biens, parfois avec une prodigalité pharaonique défiant les lois de la gestion.  Le politique au Bénin ne peut prospérer sans l’onction du monde des affaires. Mais lorsque l’homme d’affaires se dresse dans une posture politique, il descend au plus profond de la fosse.
Faut-il en condamner les partis politiques ? J’hésite. C’est eux qui sont chargés d’animer la vie politique, mais cette animation, elle-même, ne peut se faire qu’à coup de millions voire de milliards, dans un pays d’indigence et de misère où les populations elles-mêmes réclament à cor et à cri, leur part du cadeau ou du gâteau national. Ce sont ces populations qui transforment les politiques sans idéaux en  distributeurs automatiques de billets de banque. Un ministre du Gouvernement a pu être surnommé dans sa commune « Baba billet », en hommage à sa facilité déconcertante à couvrir de sa manne les foules ignares et grotesques. Et cette manière de faire la politique est ce que l’on appelle pompeusement au Bénin « maîtriser sa population » ou encore « travailler sur le terrain ». « Travailler sur le terrain », c’est répandre dans la masse des affamés de nos villages et de nos quartiers, sacs de riz, bidons d’huile, casseroles, sel et sucre. Il ne faut pas s’étonner si les prochains mois nous donnent à voir des innovations soporifiques dans le champ de la corruption des consciences.
Le fait est que tout homme ou tout parti fonctionnant sur ce train dispendieux a besoin d’être alimenté par un riche nabab qui lui donne inconsciemment sa fortune, en attendant d’être remboursé une fois au pouvoir. Et c’est là où nous entrons dans un cercle infernal de corruption où la vertu, la morale ou même les idées ont très peu de place. Le dieu argent règne en maître sur la politique béninoise, que cet argent provienne des labyrinthes de la drogue et de l’escroquerie internationale, ou même de sociétés légalement constituées.
En regardant les choses de plus près, il n’est pas aujourd’hui compliqué de voir la détresse de ceux qui ont œuvré de leur fortune à l’avènement du changement ou de son cousin germain, la refondation. Le plus illustre d’entre eux reste Patrice Talon. Son sort est connu : exilé de force à Paris, il voit pourrir ses entreprises au Bénin et sa fortune part à petits feux depuis plus de deux ans et demi de querelles. El Hadji Sassif, le milliardaire de Parakou : lui, il a presque tout perdu. Le fait même d’avoir soutenu Bio Tchané en 2011, puis d’avoir fait un monumental revirement peu après la catastrophe de 2011, l’a encore plus plongé dans la déchéance. L’Etat lui doit des milliards et lui fait au surplus un chantage grotesque.
Séfou Fagbohoun. L’ancien milliardaire n’est plus aujourd’hui que l’ombre de lui-même. Il est sans doute le tout premier de la bande à avoir subi de plein fouet les amers délices du changement. Il fut emprisonné et ne  fut jamais jugé.
Babatoundé Oloffindji Razaki. Le patron du groupe Tundé est allé jusqu’à faire campagne personnellement pour le chef de l’Etat et ses alliés en 2006 et en 2011. Mal lui en a pris. Aujourd’hui, ses sociétés sont dans la tourmente et l’homme d’affaires,  jadis prospère, a dû licencier près d’une centaine d’agents l’année écoulée pour ne pas faire faillite.
Mais la véritable question qui se pose est de savoir pourquoi les opérateurs économiques qui ont financé le changement à un moment ou à un autre, finissent dans la déchéance. A l’exception notoire de la société Adéoti et Fils, spécialisée dans les BTP, ils sont tous aujourd’hui sur la braise.
C’est qu’en réalité, l’argent politique est un poison pour l’entreprise. Lorsqu’il en sort ou lorsqu’il y entre abondamment, il corrompt les habitudes et tue les trésoreries. Le harcèlement de Yayi a fait le reste. Faut-il alors conseiller aux chefs d’entreprises de ne plus entrer en politique ? Non, mais juste une participation citoyenne qui ne fait pas du chef d’entreprise un distributeur de billets.

Par Olivier ALLOCHEME

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