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Le triomphe de la vérité

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Edito: Comme si un malheur n’arrive jamais seul


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L’honorable Chabi Sika est plongé dans une bourrasque dont il aura du mal à se sortir indemne. Déjà en proie à des querelles de positionnement sur la liste FCBE qui ont failli dégénérer le week-end dernier à Tchaourou, le voilà en face du pire : il doit s’expliquer sur un éventuel délit d’initié qui semble se dessiner de la lettre ouverte adressée par son collègue Comlan Léon Ahossi au chef de l’Etat, courrier dans lequel il est clairement établi que le député de Tchaourou a des accointances avec la société Gémalto en charge des opérations informatiques de la LEPI, via une société dont il est actionnaire majoritaire, la BUSINESS et ENGINEERING SARL. Au total, on retiendra que le député a utilisé cette société, pour recevoir de la Gemalto tout au moins un montant d’environ 105 millions de FCFA.
Ce n’est pas aujourd’hui qu’on reprocherait à un député béninois de faire du commerce. Au vu et au su de tout le monde, ils s’en donnent à cœur joie, envers et contre la loi et avec la complicité active de nous tous. Seulement, les révélations de l’honorable Comlan Léon Ahossi ne laissent l’ombre d’aucun doute. Il y a eu délit d’initié. Les dénégations courroucées de Chabi Sika permettront peut-être à la justice de le laver de cette boue épaisse. Mais à l’étape actuelle, sa défense est aussi solide qu’une toile d’araignée. Elle ne vaut pas grand-chose.
Derrière les révélations du député, se cachent des enjeux pour le moins graves. A l’étape actuelle, si les insinuations du député sont exactes, c’est qu’il faudra une contre-expertise de tout le fichier électoral, étant entendu que l’opérateur principal recruté pour son professionnalisme, est soupçonné de connivence aggravée avec un membre du COS-LEPI. Si tant est que la Gemalto est en relations occultes avec la BUSINESS et ENGINEERING SARL, il ne nous reste qu’à nous demander si leurs connivences ne se sont pas étendues à d’éventuelles manipulations. Si précisément, la Gemalto n’a pas bénéficié de rapports complaisants lors des évaluations ou des contrôles inopinés. Se demander aussi et surtout quelle est la qualité du fichier électoral fourni par une société qui contourne aussi dangereusement les lois de la République. La bombe d’Ahossi nous révèle en effet les jeux d’hypocrisie qui se jouent derrière les pétitions de principe. On ne devrait même plus se poser de questions quant à la fiabilité d’un fichier électoral fourni par un tel opérateur.
Mais la deuxième conséquence qui risque de surgir, c’est que le positionnement du député sur la liste FCBE risque de prendre un sérieux coup. Déjà devancé en cette matière par l’intendant du Palais, Adam Bagoudou, il court le risque d’une forclusion totale de sa candidature en tête de la liste des FCBE pour les législatives. Ce sera un beau prétexte pour le reléguer dans les profondeurs de la liste.
L’autre conséquence qui pointe à cet horizon déjà sombre, c’est le discrédit le plus total sur la démocratie béninoise et ses élus. Le pire de la concussion n’était pas arrivé dans la CPS-LEPI en 2011. Il s’incarne désormais dans les jeux corruptifs qui se jouent au sein du COS-LEPI. Car, tout ceci pourrait expliquer pourquoi la réalisation de la LEPI a coûté aussi cher et qu’il a fallu le forcing des organisations de la société civile, de la Cour constitutionnelle et même du chef de l’Etat, en personne, pour parvenir à un raccourcissement des délais. Face à une telle situation, ce sont les populations à la base qui sont découragées, désespérées. Ce que nos compatriotes disent de la politique est de plus en plus amer. Il fait même froid dans le dos, lorsqu’on le vit dans les villages et les quartiers, c’est-à-dire, au contact des populations à la base. Et lorsque des dribbles politiques du genre sont perpétrés, c’est toute la classe politique qui est mise dans le même sac. L’image de la politique est qu’il s’agit d’une activité de voyou. Résultat, je ne serais pas surpris que les partis et leurs leaders essuient le refus des populations de participer à leurs manifestations, sauf à être payées. C’était déjà visible dans bien des localités, Chabi Sika l’a aggravé.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que la seule chose qui blanchirait le député de Tchaourou, c’est qu’il se retrouve effectivement devant la justice pour laver l’affront. Et le plus tôt sera le mieux.

Par Olivier ALLOCHEME

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