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Le triomphe de la vérité

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Edito: Un petit pas dans la bonne direction


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Le budget général de l’Etat version 2015 a prévu des merveilles pour les entreprises béninoises. Il n’est pas utile de revenir sur toutes les réformes fondamentales prévues par la loi des finances à cet égard. Mais il y en a deux qui attirent notre attention, et qui incitent à dire que nos chroniques débitées sur les tonalités les plus acerbes ont servi à quelque chose. Oui, nos gouvernants sont en train de comprendre que pour développer une économie, il faut d’abord favoriser les producteurs locaux. Il aura fallu neuf ans de gouvernance pour que cette compréhension élémentaire de l’économie advienne.
Premièrement, l’Etat veut accorder une priorité au paiement des dettes intérieures au cours du premier mois de la gestion budgétaire. Il entend même consacrer 10% du premier chargement de crédits à l’apurement desdites dettes et 15% pour les nouveaux engagements jusqu’à apurement total des anciennes dettes. En août dernier, le tout nouveau ministre des Finances laissait entendre que la dette de l’Etat aux entreprises était l’une de ses préoccupations les plus fortes. Quelques mois plus tard, fin décembre dernier, faisant le point des paiements qui ont pu être faits au profit des entreprises, il a pu noter que la dette intérieure n’était évaluée qu’à 9 milliards de F Cfa, 9 milliards qui, du reste, étaient déjà en instance de paiement. Entre août et décembre, 95 milliards de F Cfa ont été payés aux opérateurs économiques privés. La politique envisagée est qu’en dehors de la période du paiement des salaires, 60 à 70 % des recettes de l’Etat soient consacrées au paiement des dettes intérieures. Le ministre est conscient qu’en payant les dettes intérieures, l’Etat relance la consommation qui donne du souffle à l’économie nationale. En dopant la consommation intérieure, cette mesure constitue une réponse de choix à l’exacerbation de la mévente sur nos marchés. « L’argent ne circule pas », disions-nous il y a quelques années au plus fort de la crise économique. En 2015, le gouvernement semble avoir pris la mesure de la situation.
Deuxièmement, au niveau des politiques économiques, des réformes ont aussi été envisagées. Il s’agit de la réservation de 60% des commandes de mobiliers de bureaux à la consommation locale, la réservation de 80% des commandes de vivres au profit des cantines, restaurants universitaires et prisons civiles à la production agricole nationale, un taux de 50% des commandes de la fourchette de zéro à cinq millions de francs CFA qui doit revenir aux Petites et Moyennes Entreprises (PME)… Toutes ces mesures entrent dans le cadre de l’incitation à la consommation locale avec pour corollaire, la participation effective de l’Etat à cet effort national.
Pendant les deux dernières décennies, le slogan « consommons local » est resté au simple niveau de slogan au niveau de l’Etat central lui-même. Pendant que le Nigeria, par exemple, préfère habiller ses forces armées avec ses propres treillis fabriqués dans ses usines, pendant que les uniformes des élèves bukinabè sont produits par des usines textiles burkinabè, le Bénin fait de l’importation de tout ceci un de ses leitmotivs. En oubliant royalement tout le gain que l’on peut tirer d’un contrôle effectif de tous ces produits de grande consommation.
Car, personne ne semble se rendre compte que la simple fabrication de ces milliers d’uniformes au Bénin est en mesure de donner du travail à des milliers de couturiers, à des industriels et offrirait une expertise pointue à des professionnels du textile. L’écrasement de toute velléité entrepreneuriale n’est pas seulement le fruit des exils forcés sur Paris ou ailleurs. Il est aussi le fruit de la destruction des opportunités publiques généreusement données aux entreprises étrangères qui font de grosses affaires chez nous. Aujourd’hui, l’Etat a décidé d’écouter nos cris de détresse, en créant une préférence nationale qui va de pair avec le patriotisme économique.
Mais cela ne devrait pas s’arrêter en si bon chemin. Les réformes engagées méritent réellement d’être élargies à certains secteurs vitaux comme l’agriculture. Dans une spéculation comme le riz, par exemple, l’Etat devrait commencer à fermer les vannes de l’importation, tout en investissant dans l’amélioration de la production intérieure de sorte à donner des revenus aux petits producteurs.
Tout cela nécessite une boussole et un courage politiques qui font cruellement défaut dans le système actuel.

Par Olivier ALLOCHEME

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