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Le triomphe de la vérité

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Edito: La Chine sur le toit du monde


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Alain Peyrefitte a écrit un ouvrage prophétique en 1973: Quand la Chine s’éveillera… le monde tremblera. Ce réveil sonné il y a quelques décennies, donne déjà ses fruits les plus éminents. Le 4 décembre 2014, un site américain a annoncé que le pays est devenu la première économie mondiale. Oui, vous avez bien entendu, la grande Chine est désormais la première puissance économique de notre planète, détrônant par la même occasion les Etats-Unis. Le fait que ce soit sous un président noir que cet événement survient n’est qu’un détail. Le centre de gravité de l’économie mondiale n’est plus Washington, New-York ou San Francisco, mais Pékin, Hong Kong ou Shenzhen.
Le pays détrône cent quarante-deux ans de règne américain et remet à plat les vieux schémas géostratégiques.
En réalité, le classement porté à la connaissance du monde le 4 décembre dernier n’a rien de fantaisiste. Il a été élaboré par le Fonds monétaire international (FMI) et est calculé en parité de pouvoir d’achat (qui établit des équivalences entre les prix des produits). La Chine représente ainsi 16,5% de l’économie mondiale en termes de pouvoir d’achat, devant les 16,3% des Etats-Unis. Depuis l’année dernière, le pays avait déjà conquis le titre de première puissance commerciale du globe, toujours devant les Etats-Unis. La semaine dernière, l’éditorialiste américain, Brett Arends du site Market Watch, parlait d’un véritable « tremblement de terre économique ». Oui, cet événement pose encore des problèmes. Si l’on tient compte de la population (1,4 milliard d’habitants), la Chine passe au 89ème rang. Le produit intérieur brut par habitant du pays s’élève à 12 900 dollars contre 54 700 dollars pour les Etats-Unis. Aujourd’hui encore, la Chine est un pays émergent, pas donc un pays développé au sens plein du terme.
Mais la réalité est là : la Chine a surpassé ses propres prévisions. Le professeur Angang Hu de l’université Tsinghua (Pékin) explique que « l’ascension de la Chine ressemble à celle des Etats-Unis, il y a un siècle (1870-1913). Dans les deux cas, on note un taux de croissance fort et une contribution élevée à l’augmentation du PIB [produit intérieur brut] mondial ». Comme pour les Etats-Unis, ajoute-t-il, cette ascension « transformera non seulement la Chine, elle-même, mais reconfigurera le monde dans son ensemble ». Pour l’économiste du CEPII, Deniz Ünal, et déjà auteure en mai dernier d’un article sur le sujet, la nouvelle position chinoise, loin d’être une surprise, s’inscrit dans la logique des choses et l’économie chinoise n’a pas fini de monter en puissance. Le pays a connu près de trois décennies de croissance folle. On annonce qu’avec une croissance d’environ 7,3% cette année 2014, ce sera la première fois depuis la tempête financière asiatique de 1998 que le pays est en passe de rater son objectif de croissance annuel de 7,5%.
En tant que Béninois, nous devrons nous poser la question de savoir comment un pays qui était pratiquement au même niveau de développement que nous en 1960, en est aujourd’hui à la première place mondiale. Hegel, le grand philosophe allemand, avait pu écrire dans son fameux ouvrage intitulé Leçons sur la philosophie de l’histoire que « l’histoire du monde voyage d’Est en Ouest parce que l’Europe est absolument la fin de l’histoire, l’Asie le commencement ». La représentation même du monde mettait l’Occident au centre du monde qui se développe, en excluant les autres peuples de la modernité. La Chine a réussi, en quelques décennies, à faire mentir cette conception européocentrique, là où nous autres, Africains ou Béninois, végétons encore dans le sous-développement.
Les valeurs qui ont permis aux Chinois de se hisser à ce seuil sont sans contexte le travail, le travail acharné, devais-je dire, combiné avec une discipline de fer et un sens patriotique profondément ancré dans la culture. Dans mon propre village, pour dire de quelqu’un qu’il se fatigue trop à une tâche, on dit qu’il travaille comme un chinois. Car, dans les années 70, une mission de coopération chinoise avait été installée dans le village pour la production du riz. Les ingénieurs chinois se comportaient alors comme de parfaits paysans, ne se reposaient que rarement, au point qu’une expression populaire était née : « Travailler comme un Chinois ». Redonner le goût du travail, le sens de la discipline et la véritable valeur du patriotisme apparaissent dès lors comme les premiers pas vers la sortie de la nuit du sous-développement.

Par Olivier ALLOCHEME

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