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Le triomphe de la vérité

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Edito: L’ébranlement du changement


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Le Boni Yayi fougueux est mort. Vive le nouveau Yayi, plaintif et timoré ! Peut-on dire que notre Président a vraiment peur désormais ?
Depuis l’électrochoc de Ouagadougou et la chute spectaculaire de Compaoré, le lexique présidentiel se veut nettement plus consensuel que d’habitude. Désormais, il y aura un avant et un après 30  octobre, date historique de la fuite du dictateur burkinabè.
Avant, le chef de l’Etat se montrait d’une inqualifiable arrogance vis-à-vis de tout le monde. Rejetant tous les appels au dialogue, c’est pourtant lui-même qui a insisté cette fois-ci pour que les assises se tiennent, même en l’absence de l’opposition. On peut même interpréter le geste comme le signe d’une peur, celle de se voir imputer la responsabilité d’un quelconque enlisement politique. Il convoque les assises, les tient quand bien même les conditions ne sont pas remplies et convie l’opposition à la compréhension et à la conciliation. Au vrai, les explications du ministre en charge des relations  avec les institutions tendent à montrer que l’absence de l’opposition a été perçue comme un frein à l’entente. Résultat, le Gouvernement qui a passé ces trois dernières années à rejeter l’éventualité même d’un conclave réunissant les deux parties, se voit obligé d’admettre qu’en fait de dialogue il ne s’agissait que de la « première journée » des discussions. Le fiasco de la rencontre de ce 05 décembre n’explique pas cette reculade en chaîne. Il y a aussi et surtout  la peur.
« Je suis fini, oubliez-moi », a-t-il admis dans la même foulée, en frôlant le ridicule le plus plat. Boni Yayi est fini et vient le clamer à la télé ! C’était impensable il y a encore quelques semaines et nous avons eu tort de ne pas avoir  analysé les implications psychologiques de cette sentence de mort que le tout puissant chef de la Marina prononce sur lui-même.  Car, cette déclaration sous-entend que désormais, il n’osera plus prendre d’initiative entrant en conflit avec les désidératas du personnel politique. A tout le moins, ceci implique qu’il prend conscience peu à peu de sa finitude, lui qui jadis s’arrogeait le rêve d’une éternité politique absolue, en foulant au pied toute éthique élémentaire. Samedi, une commission ad’ hoc a été mise en place pour préparer le dialogue politique. Elle servira à accélérer le processus et surtout à empêcher l’opposition de continuer à gloser sur l’absence d’un tel cadre de discussion.
Bien entendu, la chute du beau Blaise n’explique pas tout. Il y a la pression politique interne incarnée par l’union du personnel politique contre lui et les marches successives. L’unité du personnel politique s’est révélée d’une efficacité redoutable. Il est clair que ce qui s’est passé le 11 décembre relève de l’inédit et de l’historique. A voir la qualité des marcheurs, leur détermination et la voix commune qu’ils ont adoptée, Yayi avait pensé simplement qu’il lui sera désormais impossible  de renverser la vapeur. Par le passé, il pouvait jouer à opposer les uns aux autres, tout en se posant en pacifiste acharné. Exit, l’époque où, donnant quelques cacahuètes à la RB, il pouvait réussir à fragiliser l’UN. Quelques minables strapontins à certains membres du G13 et il pouvait briser en mille morceaux un groupe parlementaire des plus étincelants.
Non, cette époque est bien révolue. A tout cela vient s’ajouter la perte de la majorité parlementaire. C’est désormais un fait depuis vendredi dernier. La naissance du groupe parlementaire de Candide Azanaï reconfigure totalement et définitivement le parlement. Les députés de l’opposition, auxquels il faut désormais adjoindre la RB et les insatisfaits du pouvoir dont la liste s’allonge, représentent désormais plus de la moitié de l’hémicycle.  Le pire, dans ce registre, c’est qu’avec toutes les compromissions et forfaitures, de nouvelles manœuvres de diversion sont impossibles. Tout le monde a compris que le chef de l’Etat possède une déconcertante facilité  de revirement. Tous ont compris qu’il n’a aucune parole et  qu’il les lâchera  à la moindre incartade et selon son bon vouloir. Les registres du faux ayant été épuisés, il ne reste désormais plus qu’à voir la réalité en face. Plus personne ne veut aujourd’hui entrer en partenariat  politique avec lui : il est vraiment fini.
La véritable question est alors celle-ci : quelle surprise nous réserve le nouveau Yayi ?  Seul l’avenir nous répondra. Ayant fait l’unanimité contre lui, il pourrait revenir à ses vieilles amours en offrant quelques plats de lentilles  aux affamés du personnel politique, le temps de cuver un fiasco politique qui s’annonce mortel.

Par Olivier ALLOCHEME

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