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Le triomphe de la vérité

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Edito: L’absence de confiance


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Le Bénin est particulier en son genre. Les relations interhumaines sont marquées chez nous par le déficit criard de confiance des uns vis-à-vis des autres. Dans les milieux économiques et commerciaux, ce phénomène comporte des conséquences graves.
Il n’est que de voir la difficulté des gens à se mettre ensemble dans chaque corps de métier exerçant dans la ville de Cotonou par exemple. Ici, c’est un expert comptable qui exerce en singleton, là un informaticien qui a créé son affaire qu’il gère tout seul, là-bas encore, c’est un médecin qui a mis en place sa clinique solitaire et la cache à ses confrères. Pourquoi avons-nous tant de difficultés à travailler ensemble ? Telle est la question.
Soyons d’abord clairs. Il est possible de rester ensemble, de construire une affaire ensemble et de la mener jusqu’à terme. La preuve, la majeure partie des grandes entreprises que vous voyez fleurir dans la ville ont pour point de départ des projets conçus ensemble qui ont mûri et donné des fruits. Les compétences réunies et les ambitions fécondent des énergies positives qui portent loin des projets conçus parfois dans la douleur et le dénuement. Vous verrez rarement une entreprise individuelle qui ait pu éclore et aller à terme sans que des individus soucieux de travailler ensemble n’y aient mis leur savoir-faire, leurs relations mais aussi leur foi et leur détermination. Il y a des exemples éloquents qui ne méritent pas tous d’être cités ici. Le cas le plus immédiat qui me vient à l’esprit, c’est celui de la Coopérative du Meuble qui produit des mobiliers. Installée à Cotonou depuis 1966, c’est une entreprise qui réunit essentiellement des menuisiers ayant décidé de fédérer leurs compétences pour donner naissance à une entreprise qui les nourrit, eux et leurs familles depuis près de cinquante ans. Un autre exemple, c’est celui de certains cabinets d’avocats. Le cas que je connais le mieux est celui de maitre Joseph Djogbénou qui a créé son cabinet avec d’autres avocats comme Roch Gnahoui DAVID, Alain BALOGOUN Raoul HOUNGBEDJI. Parmi eux, de grandes compétences comme celle de me Rock C. GNAHOUI DAVID Docteur en Droit Privé et surtout Agrégé des Facultés de Droit Privé comme son patron Maitre Joseph Djogbénou. Ce sont des individualités actives qui se sont mises ensemble pour construire.
Ces cas sont pourtant des exceptions dans l’univers béninois marqué par l’individualisme. L’égoïsme exacerbé, l’égotisme même, la méfiance excessive et la culture de l’obscurantisme sont à la base de cette situation. Certains chefs d’entreprises sont si imbus de leurs personnes, qu’ils réduisent leurs partenaires au statut d’esclave aussitôt les entreprises constituées. Souvent, ces changements radicaux interviennent même une fois que les unités ont entamé leur ascension, après que les partenaires qui ont décidé de souffrir ensemble pour récolter tout aussi ensemble, voient enfin les fruits de leurs sueurs prendre forme. Et c’est en ce moment qu’un seul, celui qui est censé être le directeur général s’engage dans un bras de fer avec les autres, dans le seul dessein d’être le seul maître à bord. Parfois aussi, ce sont les collaborateurs qui trouvent que le DG tire trop de bénéfice de l’entreprise et décident de lui en arracher les clés. Dans tous ces cas, au mieux, l’on se retrouve devant les tribunaux. Au pire, chacun prend la route de son village pour livrer la guerre à ses adversaires par gris-gris interposés, comme nous savons si bien le faire.
Et c’est pour éviter ces dangers, que la plupart des Béninois préfèrent rester seul pour créer leur entreprise, quoi que cela puisse coûter. Entreprises familiales par excellence, elles n’existent que pour gérer la subsistance de leurs fondateurs, sans le regard inquisiteur de quelque associé que ce soit. De sorte que ces unités ne deviennent vraiment grandes que par miracle.
Pour lever des milliards et fonder une entreprise de taille moyenne ou même de grande taille, l’on est heureusement obligé de compter sur des associés qui peuvent être connus ou inconnus. Chaque type d’expérience de ce genre est rigoureusement encadré par la loi qui protège les investissements consentis par chacun. Malheureusement, les partenaires prennent rarement le temps de lire ces dispositions légales et se retrouvent dans des imbroglios qui les conduisent au tribunal ou chez leurs féticheurs au village.
Une chose est sûre. Créer une entreprise seul peut s’avérer bénéfique. Mais avoir des associés dignes de confiance ou même des collaborateurs traités comme de véritables partenaires constituent des leviers d’une cruciale importance pour tout succès éclatant.

 

 Par Olivier ALLOCHEME

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