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Le triomphe de la vérité

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Edito: Qu’il nous ramène là où il nous a trouvé


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Le bond du Doing business 2015 en est-il vraiment un ? La question mérite d’être posée au regard de la célébration ce mercredi des 16 places  gagnées par notre pays dans le classement 2015. A en croire donc la Société financière internationale qui édite chaque année le classement, il est de plus en plus facile de faire des affaires au Bénin. Et la preuve, c’est que nous sommes 151ème contre 167ème l’année dernière.

        Oui, il s’agit bien d’une avancée. Des réformes majeures ont été introduites qui ont permis d’améliorer l’environnement des affaires.  Ainsi donc, notre pays a sensiblement amélioré les conditions de création et d’existence des entreprises. Sur les dix indicateurs sur lesquels les Etats sont évalués, le pays a fait un bond qualitatif en ce qui concerne la création des entreprises où il passe de la 173ème place à la 117ème, selon la Banque mondiale. Le pays a,en effet, annulé le capital minimum requis pour créer une entreprise. Un guichet unique de formalisation des entreprises (GUFE) a vu le jour. Le Bénin a également renforcé la protection des actionnaires minoritaires en imposant la nécessité d’informer le conseil d’administrationdes opérations entre personnes ou entités apparentées et en permettant aux actionnaires de consulter les documents relatifs à ces opérations. Il faudra désormais nommer des commissaires aux comptes chargés de l’examen et de la vérification de telles transactions. Parallèlement une section du tribunal de première instance de Cotonou a été dédiée au commerce, ce qui renforce l’exécution des contrats. On notera également que le nombre de documents exigés à l’import a été réduit.

        Ce sont quatre réformes majeures qui font du Bénin le plus grand réformateur d’Afrique pour cette édition 2015 du rapport de la Banque mondialemais aussi le deuxième au monde après le Tadjikistan. Dans le classement général, le Bénin est septième en Afrique de l’Ouest, et vingt-cinquième sur quarante-sept économies d’Afrique, en ce qui concerne l’environnement global des affaires. Quelques pays nous devancent en Afrique, notamment le Ghana, le Mali, la Côte d’Ivoire ou encore le Togo. Mais nous devançons le Cameroun (158ème), le Sénégal (161ème), le Burkina Faso (167ème) ou le Niger (168ème). Le premier pays d’Afrique en la matière demeure l’Ile Maurice qui garde la tête de peloton depuis de nombreuses années, les derniers étantla République centrafricaine (187ème), laLibye (188ème) et l’Erythrée (189ème).

        Oui, il y a des avancées. Seulement, il reste encore beaucoup à faire pour améliorer l’environnement des affaires chez nous, en dépit du classement. Par exemple, à l’heure où je vous parle, il y a encore beaucoup d’entreprises prestataires de services, à qui l’Etat reste devoir. Evoquant le problème en août dernier, le ministre des finances avait soutenu qu’il sera débloqué environ deux milliards pour parer au plus pressé, dans les semaines à venir. Plus de deux mois plus tard, rien ou presque n’a été fait pour honorer cet engagement. Des entreprises sont asphyxiées par ces dettes publiques qui durent parfois depuis des années.

        Mais il y a également ce que tout le monde connait : la politisation outrancière des relations Etat-entreprises. De ce fait, la plupart des opérateurs économiques béninois sont tenus d’avoir des parrains politiques pour la survie de leurs affaires. Il est clair que le classement Doing Business ne tient pas compte de ce facteur qui reste au Bénin d’une importance capitale. Tout le monde est témoin des tracasseries fiscales multiples imposées aux entreprises imposées soupçonnées à tort ou à raison d’être de connivence avec l’opposition. Je suis convaincu du reste que s’il n’y avait pas eu l’appréhension que certains entrepreneurs intègres   sont des dangers pour des rêves d’éternité, nous aurions fait l’économie de certaines guerres inutiles.

         Du fait de cette attitude qui a sacrifié beaucoup d’entreprises de chez nous, le classement Doing Business a longtemps défavorisé notre pays. Lorsqu’on sait qu’en 2006, au moment où le régime actuel prenait les rênes du pays, le Bénin était 121ème mondial et qu’aujourd’hui il est parvenu  après mille efforts à la 151èmeplace, nous sommes en droit de lui demander de nous ramener simplement au niveau où il avait pris le pays, en matière de facilité des affaires.

        L’environnement des affaires s’est fortement dégradé au Bénin depuis 2006. Le Doing Business permet au Gouvernement de corriger une partie des énormes erreurs qu’il a commises  contre les entrepreneurs nationaux.

Par Olivier ALLOCHEME

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