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Le triomphe de la vérité

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Edito: Le sursaut de Nago


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Mathurin Nago est définitivement entré dans l’opposition. Ce que demandaient les patriotes depuis plusieurs années au président de l’Assemblée nationale a fini par se concrétiser sous la forme d’un Mouvement dit de sursaut patriotique (MSP) germé ce samedi.
La longue attente aura permis tout de même au professeur Nago de poser, pas à pas, les fondements de ce qui semble être une rampe de lancement de sa candidature pour 2016. Rampe de lancement ? Bien sûr. Il ne s’agit pas d’une démarche de cœur motivée par le souci premier du sursaut patriotique. Loin s’en faut.
Si c’est maintenant qu’il faut un sursaut patriotique au Bénin, il y a bien longtemps que le pays serait tombé en ruine. Il est vrai que l’occasion faisant le larron, c’est surtout l’affaire de la bretelle de Bopa qui a obligé Mathurin Nago à sortir des bois. Bopa, et pas Porto-Novo, et pas Dassa ou Pèrèrè. Bopa et pas mon pauvre village qui attend pour le défendre, un défenseur depuis des lustres et qui va attendre longtemps encore, tant qu’il ne verra pas naître un Nago culminant au sommet de l’Assemblée nationale, à deux doigts de la fin de son mandat et préparant activement sa candidature à la présidentielle. Voilà le Bénin, selon Nago. Un Bénin où n’existerait que Bopa et ses environs dans lequel les enfants des autres terroirs peuvent bien se faire tuer, se faire bâillonner sans jamais mériter la moindre attention de la part de la deuxième personnalité de l’Etat, voilà le Bénin ? Je veux croire que non.
Car, il y a bien longtemps que les Martin Assogba ont failli se faire tuer, bien longtemps que les Paul Essè Iko, Pascal Todjinou, Dieudonné Lokossou et autre Noël Chadaré ont été traités comme des délinquants, encore longtemps que les Lazare Sèhouéto et autres Abdoulaye Bio Tchané, Adrien Houngbédji ont été traités en parias pour avoir dit à Yayi d’arrêter la mauvaise gouvernance. Et jamais, au grand jamais personne n’entendit le moindre gémissement de Nago et de ses hommes d’aujourd’hui pour pleurer avec eux le pays que l’on détruit. Et même la fameuse bretelle de Bopa, personne ne se demande combien d’années de gabegie il a fallu pour que l’on en parle du haut des pupitres de l’Assemblée nationale. Pendant que ceux qui gémissent aujourd’hui participaient au festin présidentiel, d’autres avaient tiré la sonnette d’alarme ; et personne au sein de la mouvance ne les avait entendus. C’était même des fous qu’il fallait reléguer au quartier des parias.
Mais le temps, ce maître absolu des êtres et des choses finit par faire son œuvre. Même s’il a bien des points positifs (et il est élu et entretenu pour), le régime Yayi est l’un des pires que l’on puisse imaginer en système démocratique. Et je ne parle pas de l’équation économique restée un géant point d’ombre, mais de l’aspect politique. Il faut citer l’honorable Claudine Prudencio aujourd’hui déchaînée, elle qui nous tortura si affreusement avec son ‘’Papa bonheur’’. Ça, c’est du temps où, fraîchement promue ministre, elle tenait à le couvrir d’éloges pour rester longtemps à son poste.
« La situation politique de notre pays est tout à fait épouvantable, » a-t-elle admis samedi dernier. Et voilà le mot : « épouvantable ». Là encore, à chercher plus profondément, l’on se rendra compte que c’est parce que des contrats ont été refusés à son compagnon Samuel Dossou-Aworêt et qu’elle ne figure plus sur la liste dorée du gouvernement, qu’elle trouve le caractère « épouvantable » de la situation.
Y a-t-il pire hypocrisie que celle des gens qui croient être plus intelligents que tout le monde ? Ni Mathurin Nago, ni Adidjatou Mathys encore moins Claudine Prudencio n’avaient rien vu, ni rien entendu quand les Lazare Sèhouéto parlaient, quand les Urbain Amègbédji dénonçaient, quand les Théophile Montcho s’étranglaient de fureur contre le pouvoir.
Que faisaient-ils ? Bien sûr qu’ils étaient trop occupés à « manger » dans les râteliers du pouvoir pour entendre les cris de ceux que l’on torturait par mille gabegies.
Sont-ils qualifiés aujourd’hui pour se plaindre ? Non ! C’est trop facile de fermer les yeux sur les crimes qu’on a vu commettre pour aujourd’hui se pointer en sauveur de la patrie. C’est de l’indécence.
Pardonner est une chose, l’oublier en est une autre. Nous n’oublierons pas.

Par Olivier ALLOCHEME

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1 thoughts on “Edito: Le sursaut de Nago

  1. Dr. David VOGLOZIN

    Cher Olivier,

    Tout d’abord, grand bravo.
    J’attendais de vous, comme de la plupart de vos collègues journalistes, une prise de position aussi clairvoyante, face aux remous politiques en cours.
    Vous avez exprimé de la façon, on ne peut plus, concordante, les sentiments de ceux qui, comme moi, sont outrés par le comportement ultra-maladroit d’une grande majorité de nos soi-disant « honorables » et hommes politiques. C’est à juste titre que vous avez déclaré : « Y a-t-il pire hypocrisie que celle des gens qui croient être plus intelligents que tout le monde?
    Lorsque Nago mit sur le tapis l’histoire de la bretelle de Bopa, il ne faisait pas seulement preuve de maladresse, d’hypocrisie, mais aussi de niaiserie et d’inintelligence. En effet, il mettait ainsi en exergue les motivations d’une grande majorité de nos hommes politiques, du plus petit conseiller de mairie au sommet de l’état : à presque 100%, ils sont venus sur la scène politique comme à un cirque, pour « prendre leur part du gâteau » au plus vite. Vous avez bien dénoncé la niaiserie de Nago. Il n’a pas suffisamment de jugeote pour comprendre le caractère purement égoïste de son intervention. Ça saute pourtant aux yeux, et l’on n’a pas besoin d’être Agrégé, ni Docteur es …, pour s’en rendre compte. Pire, non seulement il ne s’est même pas rendu compte, jusqu’ici, de l’inintelligence de sa démarche politique, il affiche de plus en plus ses intentions. Pour mémoire, il n’y a pas si longtemps, Nago eut l’impertinence de déclarer que le « projet de révision de la constitution n’est pas opportuniste ». Donc, si Yayi Boni avait encore la moindre possibilité de rester au pouvoir, Nago aurait continué de défendre son chef et ses velléités antidémocratiques et anticonstitutionnelles ; il tairait toute dénonciation de la politique de Yayi. Nago et tous ceux qui viennent faire leur propre mea culpa aujourd’hui, sont simplement en train de s’évertuer à sortir, au plus vite, de la boue dans laquelle ils ne peuvent plus continuer de patauger. Et ils sont suffisamment inintelligents pour ne même pas penser que des observateurs comme vous et moi, ne sont pas dupes. Yayi Boni, Nago, et consort, ne savent même pas qu’ils font beaucoup honte au Benin, même dans leur façon de s’exprimer. Je souhaite que votre journal diffuse cet éditorial tous les jours, à côté des suivants ; c’est un véritable chef d’œuvre.
    L’un de vos anciens éditoriaux, dont le titre est, si je ne me trompe : « Ils paieront tous.. », m’avait aussi bien impressionné, par son caractère hautement éducatif du peuple. Je n’avais pas eu le temps de réagir en son temps. Il y avait été suggéré que ces « marionnettes » ne pourront échapper au verdict du peuple, que s’ils prennent le chemin de l’exil. Je crois qu’il faut plutôt éduquer le peuple dans l’optique suivante : séquestrer tous ces gens, et leur faire payer leurs malversations, avant qu’ils n’aient l’occasion d’aller mener des vies de pachas sous d’autres cieux. Le peuple Béninois a été, jusque-là, très patient. Je crains beaucoup que cette patience légendaire et ses conséquences immédiates que sont le laxisme et l’impunité, ne continuent de réduire, presqu’à néant, et pour longtemps encore, le progrès et le bonheur de nos compatriotes.
    Merci et bon courage.

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