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Le triomphe de la vérité

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Edito: Les minerais de la misère


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C’était bien prévisible. Le calcaire a fait l’objet d’un odieux marchandage à Adja-Ouèrè. Reçu en audience par le chef de l’Etat, le maire d’Adja-Ouèrè, les sages et notables de la localité sont allés plaider la cause de leur commune qui a donné son calcaire et ses terres pour l’installation de la Nouvelle Cimenterie du Bénin (NOCIBE), mais qui n’en tire strictement rien au titre de ses recettes. Huit cent hectares de terres donnés à une société qui ne paie aucun impôt à la commune. Voilà la stricte vérité.
En fait, la commune d’Adja-Ouèrè est comparable au Delta du Niger au Nigeria. Principale région productrice de pétrole dans le pays, le Delta est pourtant l’une des plus déshéritées. Les reportages qu’en font les chaînes de télé internationales en donnent des images d’une misère insoutenable, là même où l’on produit l’or noir qui enrichit le pays. Résultats, les frustrations  se sont transformées en révolte au point de générer des mouvements rebelles dont l’un des plus redoutables est le MEND qui réclame entre autres des infrastructures de développement pour la région.
Nous sommes à Adja-Ouèrè comme au Delta, la rébellion en moins. La NOCIBE excipe de son investissement de 200 milliards de FCFA dans la commune pour ne pas payer un seul copeck aux autorités municipales. La convention minière la liant à l’Etat indique même qu’elle ne paiera pas les taxes d’enlèvement d’ordures ménagères pendant vingt ans. Idem pour les sociétés contractantes ou prestataires de la société : elles bénéficient des mêmes privilèges pendant la même durée. Article 4.4.2.2 de la convention : « Pendant les quinze premières années de la période d’exploitation…. la Société, ainsi que celle qui opérera la centrale électrique bénéficieront d’une exonération totale : de toutes les taxes sur le chiffre d’affaires ou taxes assimilés, taxe sur la valeur ajoutée, de tous les prélèvements sociaux autres que ceux destinées à la caisse de retraite et à l’assurance maladie, ou parafiscaux de quelque nature que ce soit perçus au profit de l’Etat ou tous les organismes et collectivités publics, et exigibles sur tous biens, produits, marchandises, contributions, prêts, services reçus ou acquis par la Société, ou à elle rendus, ou qu’elle se livrerait à elle-même dans la mesure où ces taxes se rapportent directement ou indirectement à des opérations de la Société… de l’impôt sur les bénéfices industriels et commerciaux, y compris de l’impôt minimum forfaitaire ; de la patente, des contributions foncières des propriétés bâties ou non bâties, de la taxe de voirie, de la taxe d’enlèvement des ordures ménagères, et de toutes taxes annexes ; du versement patronal sur les salaires ; de la taxe sur les véhicules de sociétés… de l’impôt sur le revenu des valeurs mobilières pour tous les revenus versés par la Société à ses actionnaires et administrateurs… » Sur sept pages, la liste des exonérations douanières et fiscales accordées à la NOCIBE donne simplement le vertige.
Des subterfuges et manœuvres sont employés pour perpétuer ces avantages. En stipulant par exemple que les impôts et taxes à payer par la NOCIBE au terme des vingt ans d’exonération sauvage, doivent être déduits des investissements réalisés par la société dans la CEDEAO et dans l’UEMOA,  on comprend que ce sont des manèges qui donnent à la NOCIBE le droit de ne payer aucun impôt pendant toute la durée de la convention, c’est-à-dire pendant cinquante ans. Pendant cinquante bonnes années, la mairie d’Adja-Ouèrè ne tirera formellement aucun copeck des 200 milliards d’investissement réalisés sur son sol, investissements auxquels elle a participé en offrant son sol et son calcaire. Gratuitement.
Sans être xénophobe pour un sou, qu’il me soit permis, à moi qui passe le clair du temps à dénoncer ici la spoliation de mon pays par des intérêts étrangers, qu’il me soit donc permis de rappeler que la NOCIBE appartient à des intérêts étrangers, même s’il est aujourd’hui établi que de hautes autorités béninoises y ont leurs mains…et leurs pieds.
Les plaintes subreptices et timorées des autorités communales d’Adja-Ouèrè hier devant le chef de l’Etat trouveront-elles un écho un jour ? Je n’y crois pas.
Pas plus que je ne crois en un quelconque sursaut des cadres et autres responsables politiques de la région pour s’élever contre cette plaie ouverte sur le développement de leur localité. Ils ont tous peur des représailles qui s’ensuivraient.   Mais une chose est sûre, et les responsables de la NOCIBE et leurs acolytes fripons peuvent l’écrire quelque part : voler un peuple, c’est ouvrir une trajectoire de   déchéance. Tôt ou tard.

Par Olivier ALLOCHEME

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