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Le triomphe de la vérité

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Edito: Il n’y a pas d’argent


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La stratégie est connue, elle a même été expérimentée en 2005-2006 par Mathieu Kérékou pour semer la confusion. Il n’y a pas d’argent pour organiser les prochaines élections.

        D’un même élan, les Béninois s’étaient mobilisés pour que les  élections se tiennent à bonne date. Et les prophètes de mauvais augure ont été rangés dans  les décharges de l’histoire. Mathieu Kérékou est parti sur la pointe des pieds et Cosme Sèhlin, le bras exécuteur de sa funeste besogne en a eu pour son compte. Il a fini à la case prison. Huit ans après, la  même rengaine qui fit trembler la République a été entonnée depuis N’Dali par le chef de l’Etat en personne : il n’y a pas d’argent pour les élections.

        Il n’y a pas d’argent, et les marches loufoques qui crétinisent la République, ridiculisent nos cadres et bafouent nos  valeurs les plus profondes  s’organisent à longueur de week-end avec les deniers de l’Etat, avec l’argent issu de nos sueurs.  Il n’y a pas d’argent, avez-vous dit, mais l’on voit la multiplication des postes ministériels ainsi que la déroutante  kermesse   des remaniements qui distraient l’argent du contribuable. Dans un pays où les caisses de l’Etat sont véritablement vides, le gouvernement s’oblige d’office à une cure d’amaigrissement, en réduisant les dépenses somptuaires et les agapes inutiles. Au contraire, c’est maintenant que l’on organise une table ronde de Paris ayant coûté des centaines de millions au contribuable. De nombreux Béninois s’interrogent même sur la sincérité des assises de Paris quand on sait que les mêmes projets de la table ronde se sont retrouvés à Dubaï il y a deux semaines, en quête de financement dans le cadre de la conférence internationale des investisseurs de l’UEMOA.  

        Il n’y a pas d’argent, avez-vous dit, et le train de vie fastueux de l’Etat  continue. L’hélicoptère présidentiel continue à faire sa sarabande  sur nos têtes et nos routes cabossées détruisent les véhicules et les motos des enfants de pauvres.  Il n’y a pas d’argent, mais le gouvernement a trouvé le moyen d’instaurer de nombreuses exonérations fiscales et douanières au profit des sociétés appartenant aux membres de la galaxie FCBE ou à leurs bras financiers. Et toujours, on nous chante que les caisses de l’Etat sont vides, précisément quand il est question d’organiser les élections qui vont sonner le glas du régime du changement. Et pourtant.

Pourtant,  il y a moins d’un mois, c’est-à-dire,  le jeudi 04 septembre 2014, le ministre des finances en  personne laissait entendre ceci :  « Il y a 12 milliards de Fcfa inscrits au budget 2014 pour l’organisation des élections et la correction de la Lépi ». Il y a moins d’un mois. S’il y avait de si graves périls sur l’organisation des scrutins à venir, le ministre Komi Koutché n’aurait pas tenu ces propos directement sortis de sa bouche de ministre des finances. Personne ne peut mettre en doute ces propos de l’argentier national. Il ne les eût pas tenus que tout le monde aurait crié à la gabegie, étant entendu que les dépenses électorales sont des dépenses de souveraineté pour tout Etat qui se respecte.

        Oui, les élections coûtent cher au Bénin. Des fortunes gratuites se sont faites par ce biais, de somptueux palais ont été construits et des comptes bancaires bien gras ont été ouverts à l’étranger grâce à nos scrutins budgétivores. Personne ne l’ignore. Mais la décence  même interdit à ceux qui ont bénéficié de ce système d’en être aujourd’hui les pourfendeurs. Boni Yayi n’est pas qualifié pour nous dire qu’il n’y a pas d’argent pour les élections. C’est pour lui que la nation entière  s’est mobilisée en 2006, malgré les manœuvres du régime en place à l’époque, les mêmes manœuvres qu’il entame aujourd’hui pour faire capoter le processus électoral et la démocratie au Bénin. Si l’ingratitude avait un nom et un visage, on devrait les trouver au Bénin.

        Mais personne n’est dupe. Le chef de l’Etat n’a pas fait ces déclarations sans avoir pris toutes les dispositions requises pour noyauter les institutions qui lui sont toutes acquises. Depuis deux semaines, il a reçu des assurances supplémentaires. Il appartient à la Cour constitutionnelle, si elle en a  encore la dignité,  de sauver la démocratie au Bénin. Sinon,  il ne nous reste qu’à prendre nos destins en mains, individuellement et collectivement.

Par Olivier ALLOCHEME

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