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Le triomphe de la vérité

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Edito: L’excès de dépenses


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Le Ghana risque d’aller en ajustement structurel. Accra a dû faire appel au Fonds Monétaire International (FMI) pour sauver ce qui peut encore l’être dans un contexte de désarroi et de mécontentement. Les Ghanéens ont en effet du mal à comprendre que leur économie jadis florissante soit aujourd’hui au bord de l’asphyxie.

         Le pays a enregistré en juin une inflation record de  15 %, un  déficit budgétaire  qui s’est  établi à 11,7%  et une monnaie nationale, le Cedi, dont la valeur s’est fondue comme de la  cire,  40 % par rapport au dollar depuis le début de cette année. Le prix des produits de première nécessité  est monté en flèche   dans un pays fortement dépendant des importations. Le Ghana n’est plus l’eldorado que nous admirons : le pays risque de retomber dans le marasme des années 80.

Mais pour que le pays retombe dans les vieux démons de la pauvreté, il y a certains rubiconds qui ont été allègrement franchis. Et si j’en parle ici, c’est bien parce que ce pays nous montre ces dernières années les conditions de la faillite d’une gouvernance. Il peut nous édifier par rapport aux contorsions auxquelles nous nous livrons  au Bénin.

C’est que le Ghana a fait une trop grande confiance en ses revenus pétroliers. Producteur d’or noir depuis 2011, le pays comptait également sur le cacao et le café ainsi que ses ressources minières. Mal lui en a pris.

L’augmentation des  salaires des fonctionnaires aura   gonflé les dépenses budgétaires au-delà des normes.A cela s’ajoute un endettement des plus lourds. Divers emprunts internationaux lui ont permis de s’endetter   en 2007 et  2013   et d’avoir des partenaires comme la  Chine. La dette publique, elle, a bondi. Elle est rapidement passée de 43 % du PIB en 2011 à 52 % l’année dernière. Au-delà des 70%, le poids de la dette ne sera plus soutenable.

        Si rien n’est fait, ce fleuron de l’économie ouest-africaine risque de donner le mauvais  exemple. Si j’ai tenu à montrer cet exemple,  c’est parce que le Bénin est désormais engagé dans les mêmes travers que le Ghana.  Lundi, la reprise des négociations entre gouvernement, centrales et confédérations syndicales a permis aux travailleurs de réitérer leurs revendications. Parmi elles, celles liées aux 25% d’augmentation aux enseignants retiennent mon attention.

        Le Ghana qui a connu de très beaux jours au plan économique avant la situation d’aujourd’hui nous donne une leçon : un Etat sérieux ne saurait vivre au-dessus de ses moyens. On connait l’exemple de la Grèce et de tous les autres Etats empêtrés dans la crise européenne d’il y a deux ans. Ils ont vécu au-dessus de leurs moyens, en faisant comme si les ressources étaient illimitées.

        En promettant des augmentations salariales en 2011 et surtout dans la fourchette des 25%, l’Etat béninois a simplement perdu de vue que l’impact de ces dépenses pourrait générer des déséquilibres graves dans sa trésorerie. Même lorsque le pays serait un pays pétrolier, le seuil élevé des augmentations promises s’apparente à une pure myopie. D’où le pays tirera-t-il donc l’argent ? Je l’ai dit et redit ici, sur cette même page : j’attends toujours le gouvernement qui acceptera de se mettre cette  corde au cou.

        La question est ainsi de savoir si les négociations pourraient prospérer dans le contexte actuel. Les déséquilibres macroéconomiques engendrés par des promesses fallacieuses sans lendemain, ne risquent que de s’aggraver en effet. On ne saurait reprocher aux syndicalistes de travailler à défendre leurs camarades. Bien qu’ici, il y ait encore des choses à y redire, il faut admettre que les travailleurs n’ont aucun intérêt à faire basculer le pays dans la situation actuelle du Ghana.

        Les résistances légitimes de l’Etat aux assauts répétés des centrales syndicales montrent tout de même que le gouvernement a pris la mesure de la menace qui plane sur nos têtes. Il manque pourtant de convaincre les Béninois  de sa capacité à resserrer les dépenses politiques, à réduire le train de vie de l’Etat.

Par Olivier ALLOCHEME

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