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Le triomphe de la vérité

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Edito: La chasse aux milliardaires


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Désiré Vodonou accueilli comme un héros, Vodonou comme un messie, Vodonou comme un sauveur. Les populations de Zogbodomè, de la région Agonlin et du plateau d’Abomey ont dressé un véritable tapis rouge au milliardaire déchu après son séjour carcéral. Dimanche, la messe d’actions de grâces qu’il a organisée, a permis de mobiliser l’énorme foule de ses sympathisants accourus de partout. Celui qui a été poursuivi pour divers chefs d’accusation tendant vers l’escroquerie est carrément devenu un Dieu vivant pour les populations de sa région.
Il en est ainsi parce que les gens ont l’impression qu’on en veut à Vodonou non pas pour escroquerie, mais parce qu’il constituerait une menace pour le pouvoir. Dans un pays normal, c’est l’Etat même qui protège les milliardaires. Au Bénin, on les enferme ou on leur envoie le fisc.    Il est vrai que dans la plupart des cas, l’on s’empresse de dresser tapis rouge aux étrangers en s’acharnant contre les nationaux, un peu comme si l’investissement ne devrait provenir que de France, des Emirats du Golfe, de Chine  ou de Turquie. C’est une conception absurde qui ne mérite pas qu’on la critique.
Mais alors, comment expliquer cette myopie ? Une anecdote avant de répondre à cette interrogation. Mathieu Kérékou, président, avait eu un geste de haute portée envers Vodonou.    Un jour que son jet privé avait été cloué au sol à Cotonou par des administratifs qui le soupçonnaient de se livrer à des trafics douteux, c’est en plein conseil des ministres que le général a sommé le ministre des transports d’appeler immédiatement l’aéroport pour libérer l’avion. « Pourquoi êtes-vous jaloux de son succès ? », avait-il fulminé devant ses ministres ébahis.  Si cette mésaventure était advenue aujourd’hui sous les feux du changement, chacun imagine la suite.  Un autre exemple, El Hadj Sassif. L’entrepreneur installé surtout à Parakou a été littéralement coincé par l’Etat même qui le soupçonnait d’avoir des liens avec l’opposition. Alors que l’Etat lui devait quatre milliards de FCFA pour différents marchés exécutés en toute transparence au profit du gouvernement, il s’est entendu dire qu’il   ne sera jamais payé tant qu’il ne changera pas de position politique et tant qu’il n’entrera pas dans les rangs FCBE. Tout juste après le K.O de 2011, il était parmi les tout premiers à organiser des prières en l’honneur de Boni Yayi. Ceux qui ont opéré des actions de déstabilisation de ses entreprises ont dû ricaner dans l’ombre, satisfaits de leurs coups.
Il en est de même du redressement fiscal  mené contre Sébastien Ajavon. Seulement qu’ici, personne n’a réussi à  faire taire le Président du patronat soupçonné à tort de velléités politiques. Même s’il avait été prouvé qu’il est politiquement engagé, où donc est le problème ? Dans un contexte démocratique comme le nôtre, les opérateurs économiques devraient être protégés de l’hystérie de ceux qui gouvernent et qui croient que leur pouvoir pourrait vaciller  devant des puissances d’argent.
C’est au nom de cette peur  que le puissant groupe Fagbohoun a été démantelé. Il n’en reste aujourd’hui qu’un passé flamboyant, quelques reliques et surtout l’amertume d’avoir été berné par un pouvoir qui voit les riches nationaux  comme de potentiels  challengers pour les joutes électorales. Ils sont traités en ennemies par les pouvoirs publics. Souvent, ce sont les magistrats qui sont mis à contribution pour les enfermer, le temps de noircir leur image auprès de leurs partenaires.
C’est en cela d’ailleurs que la stratégie employée pour déstabiliser les milliardaires béninois est d’une extrême gravité. Des réputations construites pendant des décennies sont anéanties en quelques mois, pour des mobiles purement fallacieux. Et c’est un peu comme si nous étions retombés dans les errements des années 1960-1970, funeste période pendant laquelle nos chefs d’Etats ne se souciaient de rien d’autre que  de la sauvegarde de leur pouvoir. Au prix d’entreprises fermées, de réputations à jamais ternies, d’emplois perdus et de régressions sans nombre, l’on sacrifie à la politique et ses dérives, tout ce que le pays peut faire de bien pour créer de la valeur ajoutée. En lieu et place, qu’est-ce qu’on y met ?  Rien, sinon  une conception dépassée de l’économie elle-même.
Je souhaite que se relèvent  Vodonou Désiré, Séfou Fagbohoun, El Hadj Sassif, Patrice Talon et les autres qui ont subi les foudres de ce pouvoir. Je veux espérer que leurs rêves d’hier ne mourront pas. J’espère et je crois en leur pouvoir de résurrection.

Par Olivier ALLOCHEME

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