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Le triomphe de la vérité

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Echanges « Sous l’Arbre à Palabres » avec Le professeur Agrégé, Me Joseph Djogbénou au siège de l’événement précis : « Je dénonce ceux qui prétendent diriger le Bénin et qui se taisent sur tout »


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L’allure gracile dans son costume bleu marine, Me Joseph Djogbénou fait son entrée, à pas rassurés dans les locaux du Journal, ‘’L’Evénement précis’’. L’avocat et professeur agrégé des universités, et tout nouvel homme politique, président d’honneur du parti « Alternative Citoyenne » est sous les feux des multiples questions des animateurs de ‘’Sous l’arbre à palabres’’, l’espace d’échanges par excellence du journal ‘’L’Evénement précis’’. 83e personnalité à s’installer sous cet arbre où beaucoup de choses se disent et se révèlent, Joseph Djogbénou aborde avec aisance et élégance les grands sujets de l’heure au Bénin : la gouvernance sous Boni Yayi, la révision de la Constitution, la polémique autour du troisième mandat, le droit de grève des magistrats, la table ronde de Paris…. Mais, il y avait aussi un sujet d’importance majeure pour lui : sa candidature à la présidentielle 2016. Me Djogbénou n’en fait plus aucun tabou et semble déterminé à faire prospérer ce projet, à 45 ans. Grosse ambition pour cet acteur intrépide de la société civile béninoise qui a été également un excellent journaliste, avec comme grand maitre d’alors, l’émérite confrère, feu Jérôme Badou.

Et si on en parlait

Nous venons de commémorer le 54ème anniversaire de l’accession de notre pays à la souveraineté internationale. Quel regard portez-vous sur le Bénin d’aujourd’hui après cinquante-quatre ans d’indépendance?

D’abord, je voudrais vous saluer, saluer l’Evénement Précis et les organes de presse présents à cette rencontre ainsi que l’initiative. Pour moi, c’est une forme de mutuelle de la qualité de l’information, mutuelle de la qualité du discours public. Et vous avez mon encouragement. Je pense qu’il serait bien intéressant que vous associiez désormais la presse télévisée. Sur la question des 54 ans d’indépendance, on peut voir le verre à moitié plein, pourquoi pas. Et puis on verra le verre à moitié vide. Quand on voit le verre à moitié plein bien entendu, nous ne vivons pas en 2014 comme nos parents ont vécu en 1960. C’est vrai que le pays a connu des évolutions sans doute certaines, que le taux de la scolarisation des filles a augmenté, que la qualité des prestations, de ce point de vue, a aussi sans doute augmenté. Mais le verre à moitié vide, est-ce que le pays tel que nos ancêtres l’ont légué, après 1960 nous l’avons encore ? Les 112 622 km2 que nous avons tous appris à la Maternelle et au Cours primaire, existent-ils encore ? La réponse est négative. Est-ce que la qualité intrinsèquement telle qu’on peut l’espérer en 2014 est celle que nous avons ? La réponse est négative. Est-ce que le pays est plus uni qu’en 1960 ? La réponse me paraît essentiellement négative. Je dirais en conclusion que nous avons beaucoup d’efforts à faire pour assumer notre qualité de Béninois. Voyez-vous, la dignité d’un être humain réside en la capacité à transmettre en mieux ce qu’il a reçu. Est-ce que nous sommes en capacité de transmettre en mieux ce que nous avons reçu ? La réponse, je préfère ne pas la formuler aujourd’hui. Sinon elle serait négative et j’aurai la crainte que nous n’ayons pas encore la qualité d’êtres humains, la qualité de Béninois dignes. Nous pouvons rendre différente cette réponse en construisant davantage, en nous engageant beaucoup plus. Nous pouvons espérer alors une réponse relativement affirmative. C’est dans cette perspective que je suis.

A l’occasion de cette fête nationale, le président de la République a présenté comme il est de tradition, un discours à la nation. Quelle analyse en faites-vous ?
C’est un discours de contexte. Mais ce discours de contexte a-t-il répondu aux éléments de contexte ? Est-ce que ce discours a fourni des éléments de réponses essentiels aux préoccupations déterminantes? Quelles sont les préoccupations déterminantes ? Ce sont les préoccupations institutionnelles. La qualité de nos institutions, le rapport qu’entretiennent nos institutions les unes à l’égard des autres. Est-ce que les réponses essentielles ont été fournies par rapport à la qualité de la vie ? Est-ce que les réponses de qualité ont été fournies du point de vue de la place du Bénin en Afrique et dans le monde ? Sans doute une chute à laquelle on pouvait s’attendre, une chute qui n’a pas atteint le degré où on devrait la placer. La promesse de l’organisation des élections à la fin de cette année, cette promesse ne peut pas être tenue. Nos populations ont droit à la sincérité et à la vérité. Les citoyens, il faut les tenir en responsabilité. Les élections municipales n’auront lieu que lorsque la Liste électorale permanente informatisée serait transmise à la CENA. Est-ce que cette liste peut être transmise avant la fin de l’année ? Est-ce que la CENA peut se mettre en mouvement avec les ressources financières qu’on dit que nous n’avons pas ? Rappelez-vous que la Cour constitutionnelle a instruit une requête de Serge Prince Agbodjan, lui demandant d’enjoindre au président de la République de convoquer le corps électoral. La Cour constitutionnelle dans ses éléments d’instruction, a obtenu et du gouvernement et du Cos-Lépi et de l’Assemblée nationale, des réponses dans le sens que chacun a joué sa partition mais qu’il n’y a pas de moyen. Est-ce que le chef de l’Etat a dit maintenant que les moyens sont disponibles ? Est-ce qu’aujourd’hui, vous journalistes, vous pouvez témoigner que le Bénin dispose d’une Liste électorale fiable ? C’est la question à laquelle il fallait répondre. L’organisation des élections dépend de la réponse à cette question. Pour ma part, je considère que les élections municipales ne pourront pas être organisées avant la fin de l’année.

En êtes-vous sûr ?
Ce n’est pas à moi de vous en donner l’assurance. Je veux avoir les éléments de l’assurance. Et l’un des éléments de l’assurance, c’est la transmission de l’instrument électoral à la Céna, c’est la dotation de la Céna et du Cos-Lépi des moyens pour l’organisation des élections. Ils n’ont pas les moyens.

Professeur, c’est comme si vous n’êtes pas du tout satisfait de la gestion qui est faite par le président Boni Yayi. Et s’il vous était demandé de vous essayer à un petit bilan de sa gestion depuis huit ans, qu’allez-vous dire ?
Je préfère me mettre dans une approche prospective. Je préfère moins parler du présent que de parler du futur. Nous avons fait des erreurs profondes. La première erreur que nous avons faite en 2006, c’est de nous atteler, y compris moi-même, à assurer la transmission du pouvoir à la fin de l’exercice de Kérékou sans nous poser la question de savoir qui va le prendre? Quoi sera traité ? Comment ce sera traité ? Nous ne nous sommes pas préoccupés de ça. C’est la faute, je veux dire à la fois déontologique, patriotique, citoyenne de l’élite.

Vous êtes donc coupable ?
Je fais partie de l’élite. En 2005, nous avons tous œuvré pour que la Constitution ne soit pas révisée et que Kérékou parte. A aucun moment, nous ne nous sommes attardés sur la question de savoir qui va prendre le pouvoir, quel est le contenu de la suite. Nous avons sans doute rejeté l’eau de bain avec le bébé. Donc la classe politique a été rejetée et nous avons confié le pouvoir à la personne qui paraissait le meilleur, qui était à l’extérieur. C’est une erreur déterminante et bien sûr, nous assumons cette erreur-là. Mais l’assumer, c’est faire en sorte que cela ne se répète pas. C’est pourquoi, je dis que je suis dans une démarche prospective. Quant à faire le bilan des dix années bientôt du régime Yayi Boni, je ne suis pas à même de le faire. C’est la femme du marché Dantokpa qui fera le bilan. Ce sont les travailleurs des sociétés qui ont été fermées qui feront le bilan. Ce sont les travailleurs du secteur du coton, de la filière du port qui feront le bilan. Donc, c’est le citoyen qui fera le bilan. Et de ce point de vue, je n’ai pas l’impression que le citoyen vous dira, comme on a l’habitude de le dire, que le bilan est globalement positif. J’ai l’impression que le bilan est globalement négatif.

Maître Djogbénou, si vous le voulez bien, nous allons parler de la société civile. Vous qui avez été un militant associatif, quelle appréciation avez-vous du rôle de la société civile au Bénin ?
D’abord, un élément de clarification. Ce sont les journalistes qui nomment, ce sont les journalistes qui baptisent, ce sont les journalistes qui désignent qui ils veulent comme société civile. Ce sont les journalistes et l’opinion qui ont besoin d’éléments d’identification des acteurs publics. Je considère que chaque citoyen a un engagement individuel vis-à-vis du pays. Que l’Etat est un grand espace comme au sein d’une paroisse. Les uns lisent les écritures, les autres nettoient, certains distribuent les cartons, d’autres aident à s’asseoir et que nous sommes tous dans la République, c’est-à-dire «res publica», la chose publique appelée à assumer une fonction sociale, politique, sécuritaire et économique. De ce point de vue, certains s’engagent pour prévenir le Sida, d’autres comme je le fais maintenant, contre l’Ebola. On a tous des engagements personnels. A des moments donnés de sa vie, il faut s’engager pour la cité. L’espace public peut être distingué en deux catégories. Il y a l’espace public partisan. Et il y a l’espace public non partisan. Ce que vous appelez société civile, je l’appelle l’espace public non partisan. Et de ce point de vue, c’est heureux. Depuis la colonisation, rappelez-vous, il y a des fondations du pays. La première fondation de ce pays, c’est la presse. Ça fait partie de la société civile. C’est l’élite qui bâtit la société civile. Et nous avons cette tradition, nous avons cette culture. Et j’en suis fier. Il y a une société qui génère les acteurs non publics. Nous sommes l’un des rares pays en Afrique de l’Ouest dans lesquels la parole est publique ainsi que l’action. Et cette parole et action publiques ne sont pas seulement confiées aux acteurs politiques. Bien entendu, est-ce que cela suffit, est-ce que le militantisme dans la société civile permet d’opérer le choix entre un aéronef qui coûte sept milliards et la construction des bâtiments pour abriter les étudiants ? Ce choix est un choix politique. Est-ce que le militantisme dans la société civile a permis d’éviter que la liste électorale qui nous a conduits aux élections de 2011 ne fût pas une liste contestable ? La qualité de la liste électorale est un choix politique. Est-ce que le militantisme politique a permis les nominations des personnalités de qualité dans les institutions ? La désignation et la nomination sont des choix politiques. Est-ce que le militantisme politique nous a permis aujourd’hui que le gouvernement prenne des mesures de restriction, des mesures de prévention en ce qui concerne le virus EBOLA ? (NDLR : L’émission a été enregistrée le 5 août 2014). A un moment donné, ceux qui ont l’expérience dans l’espace citoyen, non partisan, ont l’obligation de renforcer la qualité des ressources humaines dans l’espace partisan. Il faut faire en sorte que les bonnes personnes soient aux bonnes places pour que les décisions pensées soient prises. En conclusion, il y a une complémentarité entre les acteurs de l’espace de la société civile et les acteurs politiques. Les uns peuvent renforcer les autres.

Et le mouvement «Mercredi rouge» dont vous avez été l’un des instigateurs a célébré son premier anniversaire il y a peu. Est-ce que vous pensez que ce mouvement a été utile pour la consolidation de l’action publique ?
Je devrais vous laisser apprécier. Un acteur qui apprécie ses propres actes provoque une gouvernance catastrophique. Un acteur qui dit sur toutes les chaînes que tout ce qu’il a fait est bien, que la qualité de vie a augmenté, que le PIB est exponentiel, que d’ici 2020, le Bénin sortira des PMA et qui commente lui-même, ne commente pas de la manière la plus objective. Cependant, je vais vous proposer quelques éléments qui procèdent de constats évidents. A partir de Mercredi rouge, vous avez tout au moins observé que le Clergé s’est prononcé au sujet de la révision de la Constitution, que la plupart des Centrales syndicales se sont prononcées sur la révision de la Constitution et que finalement, cette préoccupation a fait l’objet d’une appropriation collective, citoyenne à l’instar du concept de Mercredi rouge. Et ceux qui font plus le Mercredi rouge, ce sont les travailleurs, ce sont les syndicats. Il y a donc une sorte d’élévation de la conscience sur les périls qui nous guettent. De ce point de vue, je pense que même s’il faut, dans la vie, nuancer, se regarder dans le miroir, il faut avoir le courage de constater quelques rides. Je considère dans cette relativité qu’il y a quand même quelques succès. Et que finalement, cette conscience élevée nous a un peu éloignés du péril qui est la révision de la Constitution. Voyez maintenant avec quelle prudence certains parlent encore de la révision de la Constitution. Ce n’est plus aussi fréquent. A chaque moment de la vie d’une nation, quand il y a des problèmes, il faut que des citoyens cherchent des solutions. Nous avons trouvé à l’époque que nous ne pouvons pas appeler les jeunes à exposer leurs corps aux balles. Nous ne pouvions appeler les jeunes à dégrader les bâtiments publics. Nous ne pouvions pas stimuler la confrontation, non des idées, mais des hommes. Nous avions considéré que le corps peut être une arme de protestation. Et qu’offrir pour une journée son corps à son pays, c’est la plus extraordinaire action patriotique de grâce. D’où l’idée du Mercredi rouge, d’où la couleur rouge. C’est l’auteur africain Ahmadou Kourouma qui a dit : « Quand on n’est pas d’accord, on dit non !». Dire non par son corps, au travers de la couleur de son habit. Je n’ai pas l’impression que cette initiative prenne fin. Regardez, pour le mouvement des magistrats, avec quelle spontanéité certains de nos compatriotes ont retrouvé leurs habits rouges. J’ai l’impression que, de temps en temps, on manifestera de cette manière dans ce pays. On exprimera sa colère de cette manière et pour moi, c’est une manière pacifique. Ce n’est pas une manière qui consiste à chercher des armes, ce n’est pas une manière qui consiste à saccager, à casser. C’est une manière qui consiste à se faire voir, à dire : « je ne suis pas d’accord ». Lorsqu’on n’est pas d’accord, oui, il faut dire non.

Pensez-vous que « Mercredi rouge » a vraiment servi à quelque chose ?
Les problèmes d’éducation ne peuvent pas être réglés par un mouvement citoyen. Les problèmes de culture ne peuvent pas être réglés par un mouvement citoyen. Vous savez, il y a des envies qui sont limitées par l’impuissance physiologique. Certains sont dans la tentation mais ne peuvent pas aller dans la tentative. Lorsque vous avez des envies et que votre corps repousse ces envies, vous pouvez en parler, mais vous ne pouvez pas agir. Je n’ai pas l’impression que ce qui est dit soit une tentative. Ce qui est dit n’est que l’expression d’une tentation, une tentation limitée par l’impuissance physiologique, l’impuissance physiologique institutionnelle. Notre pays n’admettra pas le troisième mandat. Mais il ne suffit pas de le dire. Il y a lieu de l’affirmer, il y a lieu de manifester cela. C’est pourquoi j’ai fortement apprécié la manifestation des femmes intellectuelles, de notre élite féminine la fois dernière, qui consiste à dire très ouvertement que nous ne l’admettrons pas. Vous allez en entendre encore, mais de moins en moins, parce que oui, lorsqu’on exprime ces tentations, il faudrait que le corps manifeste son impuissance. Nous sommes dans un corps qui manifeste, qui réitèrera cette impuissance physiologiquement institutionnelle qui refuse le troisième mandat.

Ne pensez-vous pas que le non des femmes est une pression inutile, d’autant que le chef de l’Etat dit qu’il partira en 2016 notamment au président Obama et au Pape émérite Benoît XVI?
Il faut éviter de considérer que c’est un leader qui va rassurer son peuple sur son départ. C’est le peuple qui va assurer le leader de ce départ. Ce n’est pas Obama qui a élu le président de la République, ce n’est pas le Pape qui a élu le président de la République. Ce sont les citoyens béninois qui ont porté leurs suffrages pour l’élire dans un cadre constitutionnel. Il appartient aux citoyens béninois de se souvenir qu’à un certain moment, ils doivent en élire un autre. Quelles que soient les promesses que l’on a faites, promesses auxquelles nous n’avons pas assisté, il appartient à nous-mêmes de nous revivifier, de nous réitérer notre propre promesse de faire en sorte que le Bénin, un Etat politiquement stable, réalise l’alternance, et au-delà de l’alternance, qu’il y ait une véritable alternative. Le problème, ce n’est pas Boni Yayi, le problème c’est qu’il nous appartient à nous-mêmes d’être dans un état de veille permanente, dans un état d’éveil important pour qu’évidemment on puisse assurer M. Boni Yayi qu’il laissera le pouvoir en 2016.

La veille permanente, ne pensez-vous pas qu’elle pourrait être pour la Lépi ?
C’est un tout, parce que bien entendu, il faut que nous évitions de faire comme en 2006, que la question ne soit pas seulement de quelle manière la gouvernance actuelle va prendre fin. Que la question soit aussi, et de ce point de vue je suis d’accord avec vous, de quelle manière qualitative la gouvernance prochaine va s’installer ? Et la réponse à cette question passe par la liste électorale. Je ne dis pas permanente informatisée, parce que la liste électorale, c’est un outil au service d’une fin. La finalité, c’est l’organisation des élections. L’outil, le moyen, ne peut pas être plus important que la fin. Il nous faut une liste électorale de qualité, pour que la fin soit atteinte dans la qualité. Je pense que cette question est tout aussi importante que ça doit nous occuper. Ça doit nous préoccuper. Et je n’ai pas l’impression, je vous l’accorde, que nous nous en préoccupons assez avantageusement. Je vous rappelle néanmoins que nous avons saisi, à la suite du recours introduit par Alternative citoyenne, la Cour de justice de la CEDEAO sur les réponses que la Cour constitutionnelle du Bénin formule à l’égard des différents recours sur la liste électorale. La Cour constitutionnelle du Bénin considère que la liste électorale est plus importante que l’organisation des élections. Nous considérons que l’organisation des élections est plus importante que la liste électorale. Lorsqu’un véhicule ne vous amène pas à bon port, il faut le changer. Le port, la destination, c’est ça qu’il faut considérer, là où vous voulez aller, c’est ça qu’il faut considérer. Lorsque le véhicule est en retard, lorsque le véhicule n’a pas de carburant, il faut le changer. En venant au siège de votre journal, certainement que vous avez expérimenté des moyens de locomotion, et certains moyens vous auraient empêchés d’assister à cette rencontre et vous avez dû en changer. La liste électorale est un moyen. Le port, il faut le considérer. Si la Liste électorale permanente informatisée est en retard parce que nous n’avons pas les outils, parce que la qualité n’est pas suffisante, il faut que nous changions de véhicule parce que nous devrions arriver à bon port et dans la qualité. Parce que c’est arriver à bonne destination qui préserve la paix. Et nous sommes tous dans cette quête de paix, et si on ne le fait pas aujourd’hui, ça sera trop tard demain.

Vous êtes d’accord avec ceux qui parlent de liste ad’ hoc ?
Je reste sur ma position. Je dis qu’il y a une destination qu’il faut atteindre, et que la liste ne doit pas nous retarder. Si la Liste électorale permanente informatisée doit nous retarder, il faut changer de stratégie. C’est la question que nous posons à la cour de la Cedeao : est-ce que la Cour constitutionnelle du Bénin, est-ce que l’Etat béninois a raison de dire que sans la Lépi aucune élection ne sera organisée ? Sans la Lépi, la fin, l’alternance démocratique, la finalité de la préservation de la paix ne sera pas acquise et de ce point de vue, la Cour de justice de la Cedeao devra répondre. De ce point de vue, l’Etat béninois devra s’expliquer et cette explication est attendue. Et donc, nous nous en tenons à cette ligne : la Liste électorale permanente informatisée, c’est un moyen. Si vous avez une moto et une voiture et qu’il n’y a pas de carburant dans celle-ci, vous la laissez, vous prenez votre casque et vous prenez votre moto pour aller à l’heure à l’école, au service, au culte… Mais si vous tenez à votre voiture, vous n’irez pas à l’école, vous n’irez pas au service. Nous n’irons pas à l’élection présidentielle si nous tenons au véhicule sans carburant de la LEPI.

Peut-on donc reconduire la liste qui a servi au K.O ?
La question posée comme ça, c’est une sorte d’affront ! Non pas seulement à ma personne, mais à tout le pays ! Vous ne pouvez pas considérer qu’on doit reconduire une liste dont vous savez que le produit c’est le K.O. Et ce K.O, est un chaos et il faut l’éviter. Ce n’est pas le sens de mon discours. Considérez le sens de mon discours : c’est une question existentielle! Si vous voulez aller à un endroit et que vous avez plusieurs moyens et que l’un des moyens est défectueux, changez de moyen ! Je ne vous demande pas de changer de moyen pour aller mourir ! J’ai dit, il faut porter le casque! Nous avons l’ingénierie juridique, l’ingénierie technique pour faire en sorte que le moyen soit un moyen de qualité. Mais ne nous refusons pas cela et personnellement, la Cour constitutionnelle du Bénin a tort de considérer que le moyen est plus important que la fin, d’enserrer le pays dans une suspicion continue. La Cour qui est une Cour de régulation, enserre le pays dans une forme de suspicion permanente, dans une forme de crainte permanente à l’égard de l’organisation des élections. Elle a l’obligation déterminante de donner la solution par rapport aux moyens de qualité qui nous conduiraient à l’organisation des élections dans la paix. La qualité de la gouvernance dépend de la qualité de l’organisation des élections. La qualité de la paix dans une nation dépend de la qualité de l’organisation des élections. Et la résolution pacifique, la résolution anticipée, la résolution qualitative de la question de la dévolution du pouvoir, les membres de la Cour constitutionnelle savent que ce sont des questions majeures dans un Etat en voie de construction. La Cour constitutionnelle avait à charge de convier, d’imposer à toutes les institutions, en tant qu’organe de régulation, l’obligation de répondre de la manière la plus raisonnable possible à cette préoccupation majeure, de procéder à la dévolution du pouvoir, au moyen d’une liste électorale. Dans tous les pays, ce dont on a besoin, c’est d’une liste électorale. Il faudrait que l’élite assume sa responsabilité.

On vous considère au barreau du Bénin comme un avocat doué et dans l’arène universitaire comme un enseignant hors pair. Qu’est-ce qui vous pousse aujourd’hui à embrasser une carrière politique ?
C’est vous qui m’y poussez ! Voyez toutes les questions dont on discute. Si à des moments donnés, l’élite n’assume pas… Moi j’ai 45 ans. J’ai la chance d’avoir 45 ans. Je veux espérer que vous aussi, vous aurez 45 ans. Dans quel pays sommes-nous ? Un pays sans route, sans hôpitaux. Sans route, vous allez fracasser vos têtes contre l’asphalte. On allait à Abomey une fois et l’un de nos amis a heurté un usager de la route. L’hôpital, CHD de Porto Novo n’a pas d’ambulance pour évacuer sur Cotonou. Et vous considérez que moi, je vais me contenter d’être enseignant, je vais me contenter d’être avocat, vous dites brillant ? Quelle est cette brillance dans une société de pauvreté ? Où se trouve la brillance, où se trouve la qualité ? La pauvreté est due à l’inorganisation, la pauvreté est due à l’absence d’engagement de celles et ceux à qui Dieu a donné le pouvoir de parler, le pouvoir d’agir, mais qui mettent ça dans le réfrigérateur. A cette forme de complaisance générale, oui, c’est vous qui me condamnez à l’action publique, à l’action politique. C’est votre devenir qui me pousse. Comment vous voyez, vous-mêmes votre profil dans 10 ans, dans 15 ans ? Si la Cour constitutionnelle maintient sa jurisprudence, si des voix fortes ne s’élèvent pas et que les élections ne sont pas organisées, vous pensez qu’il y aura des investissements dans ce pays ? Vous pensez que vous qui avez votre fortune, vous allez l’investir dans un pays politiquement fermé ? Pensez-vous qu’il y aurait de l’emploi, qu’il y aurait de la construction ? Pensez-vous que ces enseignants de qualité dont vous parlez, vont rester dans un pays fermé? Un pouvoir qui n’est pas dévolu au moyen de règles saines est un pouvoir non démocratique et tout pouvoir qui n’est pas démocratique se trouve toujours dans la tentation de la discrimination par la proximité. Et on parle de régionalisme ! Ce sont des liens de proximité pour mieux assurer, imposer ce pouvoir et c’est aux dépens du plus grand nombre. Il faut que l’élite s’engage et je ne parle pas seulement à mon égard. Il faut que l’élite africaine fasse une sorte de réconciliation. Parce que le coton, ce ne sont pas les paysans qui en profitent. Ce ne sont pas les paysans qui circulent dans les 4X4, ce ne sont pas les paysans qui sont dans les bureaux climatisés, dans les évacuations sanitaires. C’est l’élite et à partir d’un certain moment, j’ai commencé par dire que chacun doit répondre. Moi je réponds. En 2006, nous avons tous contribué dans cette forme d’indifférence intellectuelle à faire en sorte qu’on ne réfléchisse pas sur celui qu’on devrait choisir. Il faut aujourd’hui, choisir et moi je suis dans ce débat, je suis dans ce combat et j’y resterai, peu importe les risques auxquels cela expose.

Votre engagement n’a-t-il pas un lien avec l’homme d’affaires Patrice Talon que vous avez défendu ?
Regardez tout ce que nous avons dans ce pays. Regardez toutes les préoccupations que nous avons dans ce pays. Des questions de santé, des questions d’éducation, les questions d’énergie, les questions de transport. Pensez-vous qu’en 2006 on s’est engagé parce qu’il y avait l’homme d’affaires Patrice Talon ? Pensez-vous qu’en 2008, lorsque tous les militants de la RB ont été, je dirai suspectés de trafic de cartes d’électeurs, on s’est engagé à leurs côtés parce qu’il y avait Patrice Talon ? Pensez-vous que, à l’égard de Simon Adovèlandé, alors coordonnateur du défunt MCA, on s’est engagé parce qu’il y avait Patrice Talon ? Pensez-vous que moi je fus engagé, à l’université, et, à la fin, devenu président du Bureau exécutif fédéral parce qu’il y avait Talon ? Ayez un peu de considération historique. Il y a des êtres humains, des individus qui ne sont pas des sujets. Il y a des individus qui sont des citoyens, et l’engagement c’est le fait d’assurer, d’assumer sa qualité de citoyen. Que du point de vue de ma profession, je défende, je rencontre des personnes, je l’assume. Qu’en 2006/2007, je fusse devenu l’avocat de Gbadamassi, je l’assume. Vous ne le dites plus aujourd’hui. Que j’eusse contribué à lui faire bénéficier de la liberté provisoire, je l’assume. Je ne trie pas les êtres humains, je ne fais pas une défense discriminante, intéressante en soi, intéressée a priori. Je n’assure pas une défense idéologique, je n’assure pas une défense liée à la fortune. Pour ma part, c’est l’être humain qui compte et je l’ai fait à l’égard de la personne que vous avez indiquée mais avec beaucoup de fierté. Maintenant que tout est fini, il me reste l’honneur de son amitié. A moins que dans ce pays, il y ait une institution qui enlève à certains la qualité de Béninois, et au-delà, la qualité d’humain et là vous direz, peut-être avec raison, que je n’ai pas le droit de défendre un être qui ne serait pas humain.

La société civile, un tremplin pour la politique ?
Je ne parlerai pas de tremplin. C’est un espace de formation de l’être. Les enfants qui ont 15 ans, certains ont l’habitude de les emmener aux manifestations publiques, surtout lorsque ces manifestations ont lieu pendant les vacances. Regardez cette jeune fille arménienne, 13/15 ans, ce sont des jeunes français de 13 ans, 14 ans, 15 ans, qui n’ont rien à voir avec son expulsion de la France, aucun lien avec cette jeune fille, qui ont manifesté contre les autorités françaises. J’en vois, au bout de la passerelle, à Charles de Gaulle à Paris, lorsque nos compatriotes, lorsque les Africains sont expulsés, qui viennent avec des pancartes : « Monsieur, c’est notre camarade, nous voulons qu’il reste». Ce sont ceux-là qui deviennent des ministres français demain, ce sont ceux-là qui deviennent des présidents. Ne soyez pas racistes à rebours. Ne considérez pas que ce qui se fait ailleurs et qui est bien ne va pas se faire ici. Ne considérez pas que tous ceux qui sont dans l’espace public, qui ont des expériences n’ont pas de légitimité à assurer des fonctions politiques. Et alors, qui va assurer les fonctions politiques ? Regardez ce qui se passe. En vertu de quoi lorsque vous n’avez pas dirigé une association ou milité dans une association, lorsque vous n’avez pas tranché des conflits au sein d’une association, lorsque vous n’avez pas pris des responsabilités au sein d’une association, au sein d’un parti politique, en vertu de quoi vous allez diriger un pays ? Au nom de quoi vous allez demander à quelqu’un qui n’est jamais resté dans une association, dans un parti politique, d’accepter la contradiction ? Au nom de quoi vous allez lui dire qu’il m’affronte dans un débat public ? Au nom de quoi ? Parce qu’il n’a pas l’apprentissage ; parce qu’il n’est pas habitué ; parce qu’il n’en a pas la formation. Et donc, l’espace public est aussi un espace de formation pour la qualification de l’espace politique. Si vous parlez de tremplin, cela a une perception négative. C’est un espace de configuration, de formation, d’enrichissement pour l’espace politique. Et je vous renvoie également à la construction de l’Etat béninois avant la colonisation. Quel parti politique vous avez avant 1946, quel parti politique ? Ce sont des jeunes à l’époque comme vous qui militaient parce qu’assumant leur qualité d’élite, qui se sont préparés à assurer et à conduire le parcours vers l’indépendance. Où est-ce que vous avez trouvé Senghor, dans quelle école politique il a été formé ? Où est-ce que vous avez trouvé Césaire, dans quelle école politique a-t-il été formé ? Où est-ce que vous avez trouvé N’Krumah, dans quelle école politique a-t-il été formé, Nelson Mandela, dans quelle école politique il a été formé ? Les associations, c’est le berceau enrichissant du personnel politique d’un pays. Ce n’est pas un tremplin, c’est un espace consacré pour produire à la société des acteurs qui vont la gérer.

Alors maître Djogbénou, pensez-vous que cet engagement qui vous anime si tant et qui vous conduit aujourd’hui sans doute dans la scène politique ne serait pas perçu par un quidam béninois comme étant une préparation à aller contre la personne du président Boni Yayi ?
Depuis 2006, vous aurez pu comprendre que certains sont à leur place. Que tout ce qu’ils disent, s’est réalisé. Tout ce que nous avons dit s’est réalisé. Malheureusement, toutes les prévisions aboutissent, les préventions ont été légitimées depuis 2006. Vous pensez que c’est contre un homme ? Vous pensez que certains ne sont pas liés ? Je suis avocat. Vous pensez que je n’ai pas intérêt à avoir les dossiers de l’Etat ? Vous pensez ça ? Vous pensez que je n’ai pas intérêt à avoir la Sonacop, la Sonapra ? Vous pensez que je vais moi-même personnellement considérer la personne de Boni Yayi et me refuser d’avoir la Sonapra, la Sonacop, les dossiers de l’Etat à l’étranger ? Je n’ai pas l’expérience ni la légitimité de défendre l’Etat béninois à l’étranger ? Combien de phrases devrais-je prononcer pour avoir tout ça ? Vous pensez que je suis si inintelligent que la personne de Boni Yayi va vicier toute ma pensée ? Ce n’est pas la personne, c’est le système. Et moi j’aime vivre dans ce pays et j’aime vivre dans un pays de qualité. Voyez, je suis allé à l’école primaire de ce pays, au cours secondaire dans ce pays, à l’université dans ce pays et je n’en ai pas honte. Pourquoi contribuerai-je à faire en sorte qu’on ait davantage honte du pays ? Voyez. C’est le sens de mon engagement et quant à l’élection présidentielle, je vous ai dit, je serai de tous les débats, le débat de la construction de l’alternative, le débat des propositions déterminantes, le combat pour le choix et, je ne me déroberai pas. Le moment viendra où je vous le dirai de la manière la plus précise mais, je ne me déroberai pas. Je ne suis pas animé de complexes. Il y a deux complexes majeurs dans ce pays. Le complexe de l’argent et le complexe de l’extranéité avec son versant qui est celui de la proximité. Ce complexe qui voudrait surtout que celui qui est resté dans ce pays, n’ait pas de vocation à vous diriger. Lorsque le Béninois reste dans le voisinage de son compatriote celui-ci n’est plus légitimé à être apprécié et, a fortiori à le diriger. Il a fallu qu’Angélique Kidjo soit applaudie à Washington avant que nous l’élevions dans notre conscience ! C’est ce complexe qui nous conduit à chercher le dirigeant ailleurs. Si nous n’avons pas le dirigeant à Washington, nous allons à Lomé le chercher. Je ne suis pas gagné par ce complexe-là. Je serai de tous les combats, je serai dans tous les débats.

Vous infirmez donc la rumeur qui circule et qui dit que maitre Djogbénou a déjà déclaré sa candidature pour la présidentielle de 2016
Vous avez l’habitude de dire tout le contraire de ce que j’avance. Je vous dis, je serai de tous les débats. Si vous le voulez, de tous les combats politiques et j’ajoute que je ne me déroberai pas. Faites-en une lecture et un commentaire exégétiques à souhait !

Professeur Djogbénou à moins de deux ans de la présidentielle, sous Kérékou, le débat s’affirmait déjà. Vous êtes Sous l’arbre à palabre. Dites-nous : aspirez-vous à diriger les Béninois en 2016 ? Quelle sera votre vision ?
Quelle lumière vous cherchez ? Je dis que je serai de tous les débats, de tous les combats. Si l’élection présidentielle est un combat, je dis que je serai de tous les combats et vous voulez quelle lumière, vous voulez quelle compréhension ? Bien entendu, Sous l’arbre à palabre, ce n’est pas l’espace politique pour se prononcer sur les nouvelles visions. Je dis qu’un projet se construit. Je parlais de débat. Ce projet sera sur la table des débats. Je serai de ces débats et je serai de ces combats ; prions pour que Dieu nous donne la vie et ça ne se passera plus comme avant. C’est ce que je vous dis.

Comment ça se passera ?
Toutes les virgules des contributions seront commentées, toutes les virgules. Et chaque citoyen sera appelé. Je passe déjà de hameau en hameau. La situation du pays doit être expliquée, exposée. Nos putréfactions doivent être exposées, les projections doivent être déterminées, précisées mais il y a un temps pour tout. Le temps vient, il n’est pas si loin. Vous savez qu’il y a des combats importants, vous avez parlé de la liste électorale, c’est un combat extrêmement important. Vous parlez de l’organe politique et je vous ai dit que je ne suis pas convaincu que les élections municipales aient lieu en décembre ; c’est un combat important, il faut assurer cela. L’organisation des législatives, c’est un combat important. Le Bénin est un sujet de dissertation. Il faut une introduction, un corps du devoir et une conclusion. Mais, il ne faut pas faire le corps du devoir avant l’introduction.

Maitre Djogbénou, vous êtes le président d’honneur du parti Alternative citoyenne. Quelle est votre appréciation de la classe politique du Bénin ?
Je pense que la classe politique du Bénin mérite d’être renforcée. Notre position est celle-là et c’est pour ça que nous la renforçons. Regardez, nous sommes quand même en 2014. On nous dit que toute la classe politique est décrédibilisée et c’est en 2014 que nous avons cherché à constituer un parti politique. Sommes-nous tombés sur la tête ? Parce que l’expérience, la qualité de la gouvernance dépend de la qualité de la classe politique, dépend de la qualité des propositions politiques. Il faut que nous évitions la stratégie de l’autoroute de temps en temps, la stratégie de l’ascenseur, que nous pensions un peu à la stratégie des routes et des sentiers. Quelle est la stratégie de l’autoroute, la stratégie de l’ascenseur ? C’est celle qu’incarne une personne dont on dit qu’elle est au-dessus de tout le monde. Elle n’est impliquée dans rien, surtout elle vient de l’étranger, elle n’a pas de parti politique. Cette personnalité-là, elle quitte sa maison et elle chute à la Présidence de la République. C’est la stratégie de l’autoroute depuis 1990. Quels sont les résultats ? La stratégie des sentiers, c’est d’entrer dans un parti politique, c’est affronter les intérêts dans un parti politique, c’est apprendre à diriger une famille, c’est apprendre à diriger un groupe, c’est apprendre à faire un choix, c’est apprendre à discuter, c’est apprendre à orienter, c’est apprendre à gérer, c’est apprendre à avoir avec soi une classe politique en capacité de gérer, c’est apprendre à identifier les ressources humaines. Regardez comment on forme nos gouvernements. « Je veux quelqu’un du Mono-Couffo, est-ce que vous avez quelqu’un ? Surtout que ça soit une femme. » Or, cette personne-là n’a jamais contribué à votre projet politique, vous ne la connaissez ni d’Adam ni d’Eve.

Seriez-vous surpris que le prochain locataire de la Marina vienne du septentrion ?
Je ne fais pas ce débat. Parce qu’on a constaté que l’opposition attend en embuscade Je voudrais vous dire, la question n’est pas de savoir de quelle région va émaner le prochain président de la République. Regardez bien l’organisation des concours. Kora Zaki a organisé son concours déprécié, contesté. Sounton aussi a organisé son concours déprécié. Ce n’est pas le problème de l’homme, de l’être humain, c’est le problème de la qualité. Je veux vous dire Madame, moi je viendrai vous convaincre. Si vous considérez que c’est mauvais, votez pour qui vous voulez et après, vous allez assumer. Ma conscience me dit qu’il faut convaincre chacun de nous. S’il est du Nord, du Sud, de l’Est ou de l’Ouest, je passerai partout convaincre. Si vous procédez par un choix régionaliste, vous aurez le passage du pouvoir par Kora Zaki et Sounton et vous aurez le même concours. La question est dans la qualité de l’être humain, la question n’est pas dans l’affiliation régionale ; la question c’est dans la compétence, la question c’est dans la responsabilité. Je suis dans ce combat.

On a remarqué que c’est du Nord que viennent les compétences …
Je n’ai pas dit ça. Je ne dis pas ce qui se passe, je dis ce qui va se passer par rapport à moi, ma position. C’est de convaincre si vous êtes la meilleure, convainquez chacun de nous que vous êtes la meilleure. Si je suis le meilleur, je convaincs chacun que je suis le meilleur sur ce que je vais faire, sur la manière dont je vais le faire, sur les assurances que j’offre ; c’est ce que chacun de nous devrait prendre. Je vais utiliser un mot bien gros, j’abhorre, j’ai en horreur ceux qui s’estiment être en capacité mais qui se taisent sur tout, je les ai en horreur. Ceux qui voient le pays réduit à la portion congrue, qui se taisent sur tout, surtout lorsque ces personnes font partie de l’élite, je les ai en horreur. Il faudrait que nous puissions nous exprimer, il faudrait que nous puissions nous convaincre les uns et les autres. J’ai en horreur ceux qui passent de foyer en foyer distribuer de l’argent. On ne distribue pas les idées, on distribue de l’argent. J’ai en horreur ceux-là. Et donc, il faut convaincre chacun. Mon problème, si vous venez à moi et que vous êtes du Sud et que vous me demandez de voter pour vous et que vous ne me proposez rien, je ne voterai pas pour vous, c’est ça. Si je me présente devant vous, ne dites pas que c’est le professeur, ne dites pas que c’est l’avocat. Qu’est-ce que je vais faire ? Qu’est-ce que je vous propose, qu’est-ce vous allez devenir dans 20 ans, quelles sont les perspectives pour que vous évoluiez ? Quelles sont les perspectives que vous ne mourrez pas à 45 ans ? Quelles sont les perspectives évidemment qu’il y ait des routes d’accès, de sortie dans ce pays ? Quelles sont les perspectives ? C’est de cela qu’il s’agit. Maintenant si vous voulez une alternance régionale, que ce soit dans la qualité. Il faut éviter la stratégie Kora Zaki-Sounton. C’est de la qualité qu’il est question.

Maitre Djogbénou, parlez-nous de vos relations avec les acteurs politiques
Je peux vous parler de mes relations avec les citoyens du Bénin parce que les acteurs politiques sont aussi des citoyens du Bénin que je rencontre en tant que citoyen que je tente de convaincre sur ce que nous faisons, sur les perspectives que nous avons et sur les enjeux déterminants pour ce pays. Que pour une fois au moins, l’élite propose vraiment. Je ne suis pas désespéré à l’idée de considérer qu’ils entendront cela et qu’ils entendent et qu’ils apprécient cela. Je n’ai pas le sentiment qu’il y ait une sorte de repoussoir, de rejet. Je pense qu’il y a de la considération mais j’ai l’impression aussi qu’il y a de l’attente, mais chacun se déterminera le moment opportun.

Pouvez-vous nous exposer quelques grandes lignes de votre vision au plan politique et au plan économique ?
Si vous considérez que je suis un citoyen du Bénin, que je remplis les conditions, que je n’ai aucune pathologie qui m’éloigne des fonctions auxquelles chaque citoyen dans mon état, dans mon statut peut aspirer, je serai de tous les débats. Ne pensez pas seulement aux élections présidentielles. Pourquoi vous ne pensez pas aux élections législatives ? Je serai de tous les débats. Après cette précision, je voudrais vous dire que le pays a besoin de réformes bien pensées, de réformes structurelles. Le pays a besoin que l’on s’attèle à des priorités extrêmement importantes. Je vais vous en énoncer quelques-unes. L’espace n’étant pas consacré à cela, le temps ne permettra pas d’aller dans le détail. Il y a à agir au plan politique sur une pratique constitutionnelle novatrice. Voyez, l’on parle de la révision de la constitution. Est-ce que l’on a profité de toutes les utilités de notre constitution ? Les utilités de la constitution, c’est dans la pratique constitutionnelle. Et cette pratique constitutionnelle doit nous permettre non pas de régresser, mais de progresser. Quelques éléments. Le premier élément, vous savez bien que les présidents de certaines institutions sont nommés par le président de la République, notamment les présidents de la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC) et celui de la Cour suprême. Il est admis dans ce pays qu’évidemment il faille évoluer. Mais cela passe-t-il nécessairement par la révision de la Constitution ? Il me semble que le président de la République peut procéder à cette désignation par des mécanismes d’identification des présidents qui soient des mécanismes objectifs. Pourquoi ne pas penser à une désignation par les pairs que confortera le président de la République ? C’est une pratique constitutionnelle. La constitution ne sanctionne pas le président de la République qui choisit parmi les pairs, la personne ayant la capacité de diriger l’institution. Il a la prérogative de diriger le Conseil supérieur de la magistrature.
La question de la justice est une question extrêmement importante et j’en reviendrai. Pourquoi ne pas renoncer à siéger au Conseil supérieur de la magistrature ? Pourquoi ne pas insister sur des pratiques saines qui pourront être prises en compte dans l’avenir par les générations qui vont nous succéder dans le cadre des révisions qui pourraient intervenir ? Pratiques constitutionnelles saines, principes sains de gouvernance. Dans nos discours, j’ai entendu certains dire que ce sont les populations qui sont les problèmes. Mais c’est plutôt l’élite qui est le problème. Elle attend des autres qu’ils suivent ses paroles mais elle, l’élite, peut se permettre de se comporter par des actes qui s’en distancent. Pour moi, il faut une gouvernance par l’exemple. Si vous ne pouvez pas assumer ce que vous incarnez et conseillez, il ne faut pas demander à l’autre de le faire. Regardez l’enthousiasme avec lequel nos compatriotes ont commencé par aller ponctuellement au service en 2006. Oui, c’est bien parce qu’il y a en ce moment-là une pratique saine que l’on appliquait soi-même. Moi qui suis dans nos universités, quand je viens à 8 heures, vous ne verrez aucun étudiant venir en retard. Je n’ai pas de garde de corps. Mon mobile ne sonne pas au cours et donc ceux de mes étudiants ne sonnent pas non plus. Il faut une gouvernance par l’exemple. Si vous voulez que les fonctionnaires viennent au service à l’heure, venez aussi à l’heure. Moi, qui ai un cabinet, venez voir à quelle heure mes collaborateurs viennent au boulot. Vous ne verrez rarement un agent venir après l’heure. Parce que les Béninois sont comme tous les autres citoyens du monde. On ne peut pas dire que les autres citoyens ont des gènes de bons comportements et que les Béninois ont des cellules génétiques de mauvais comportements. Les Béninois sont en quête de modèle. Tous les peuples du monde sont en quête de modèle. Pour moi, ce sont des modèles de proximité que vise la gouvernance par l’exemple. Et si vous voulez que je développe quelques priorités, je le ferai.

Les priorités de Maître Djogbénou
La première priorité, c’est l’énergie. Je ne considère pas qu’en 5 ans, on va régler le problème de l’énergie. Elle passe à la fois par la production, la distribution et le renforcement technique. La prochaine gouvernance va poser les fondations de la résolution lucide et durable du problème. La deuxième priorité, c’est l’éducation. L’arme atomique du Bénin, c’est l’éducation, c’est la capacité que les jeunes auront à assumer demain, c’est leur capacité de réaction. Il faut une réforme du système éducatif, il faut une réforme de l’approche de l’éducation. Nous sommes un couloir. Les 122.622 km2 constituent un couloir, le couloir qui est une fenêtre sur le Nigéria, le Niger ou le Burkina. Si vous êtes dans mon couloir, vous devez savoir parler ma langue, être cultivé. Et dans le couloir, si le peuple n’est pas un peuple de qualité, celui qui vient va rebrousser chemin. Nos étudiants doivent avoir une culture de la qualité. Ils doivent être en capacité d’être consommés par les usines modernes au service d’un Nigéria qui finira le siècle avec un milliard d’habitants et sera dans le peloton des Etats développés. Or, le Bénin apparaît comme le pose-pied pour la conquête et le service industriel, technologique et culturel du Nigéria. Ce ne sera que par la réforme de l’approche de l’éducation. Je suis personnellement songeur sur l’efficacité de l’approche par compétence (APC). L’APC est une approche qui permet de produire des ouvriers pour les usines. C’est une approche expérimentée au Canada et aux Etats-Unis. Vous voyez l’étendue de ces Etats, avec des usines ? L’APC permet de faire en sorte que les jeunes soient rapidement consommés par les usines. Quel est le résultat ? L’APC ne paraît pas en lien avec notre système, notre statut de couloir, notre culture. C’est possible qu’on mette en place une usine d’eau minérale pour servir le Nigéria. Quand les autres changent, nous n’avons pas la qualité de ressources humaines qui suit. Est-ce que vous avez encore vu des vulcanisateurs dans ce pays ? Il faut anticiper sur tout cela. Donc, avoir un système éducatif qui consiste à considérer que le Bénin fait 10 millions d’âmes pour un marché de proximité de 300 millions de Nigérians pour le moment. Il faut considérer que le Nigéria n’est pas un problème mais plutôt une solution. La troisième priorité est l’administration territoriale. Je pense à une réforme de l’administration territoriale. La question est de savoir si, avec l’état actuel de l’administration, on pourra répondre à notre conception du développement. Est-ce que l’administration locale nous permet d’être une nation ou un Etat ? Nous avons une administration décentralisée à un niveau et, aux autres, fortement centralisé. Nous avons le département qui est une construction de Napoléon qui vise à identifier les citoyens là où ils sont dans une perspective sécuritaire. Et nous avons une constitution de 1990 qui célèbre le citoyen qui veut une société, une nation. Je ne pense pas à la départementalisation. Je crois qu’à la place du régionalisme, il faut la régionalisation pour permettre à l’Etat d’être partout. Il faut, au travers de la nouvelle réforme, contribuer à la transfiguration du sujet en citoyen, de la diversité culturelle, ethnique et sociale une richesse pour la construction de l’Etat et de la nation. Mais la quatrième priorité qui n’est pas des moindres est la justice. Je suis de la justice. Il faut une réforme de structure. Pas celle qui se passe à l’Assemblée nationale. Je vais vous donner un exemple. Tentez d’aller à Porga et précisément à la gendarmerie et dites que vous avez perdu quelque chose et que c’est telle personne à Porga qui l’a volé. On va présenter cette personne au procureur. La distance entre Porga et Natitingou est de 120 kilomètres. Avec quoi, il va présenter cette personne-là ? Le code de procédure pénale lui impose de la présenter au procureur en 24 ou 48 heures. Déjà la gendarmerie n’a pas les moyens pour établir le procès-verbal. C’est l’un des protagonistes de l’affaire qui financera le déplacement. Nous sommes dans une sorte de privatisation de la justice pénale. Parce que, pour que cette personne soit vite présentée, il faut des moyens de transport du justiciable. Et donc, c’est nous-mêmes qui payons la justice. Les crédits pour les gendarmes, les officiers de police sont confiés au ministre de l’intérieur et à celui de la défense. C’est à dire que les moyens pour assurer la vie et la subsistance des fonctionnaires qui servent la justice sont confiés à d’autres Ministères mais ces personnes sont utilisées par la justice. Quelle gabegie ! Il faut une réforme qui place sous l’autorité de la justice un personnel qui sert la justice, une réforme qui permette d’utiliser les mêmes moyens avec plus d’efficacité. Lorsque vous confiez au Ministère de l’Intérieur du matériel pour toutes les gendarmeries, ça va passer par les directeurs, centraux, techniques, généraux, départementaux…et ira à Porga, amoindris. Vous interrogez toutes les gendarmeries, tous les commissariats, on vous dira que quand on livre les véhicules, on ne pense pas au carburant. Les agents doivent être entretenus aux moyens de quoi ? Cette réforme passe aussi bien par la structure que par le financement de la justice. Je finirai par la réforme de la santé. La santé a besoin aussi d’être financée. Quand je parlais de la gouvernance par l’exemple, le président de la République doit être nécessairement soigné par des médecins d’ici. Quand on vous dit que c’est le chirurgien qui a soigné le président qui doit vous opérer, vous avez plus d’assurance. Et si le président de la république est soigné par un chirurgien béninois au Bénin, vous ne pensez pas que pour sa propre survie, il va mieux s’intéresser aux problèmes du secteur ?

La table ronde de Paris constitue l’une des actions du gouvernement pour faire venir des investisseurs au Bénin. Comment appréciez-vous ces actions ?

Lorsqu’un gouvernement est à la fin de son mandat, sa signature n’est plus aussi forte pour engager les investisseurs. Les questions dont on a dit qu’elles ont été discutées à Paris sont des questions qui méritent d’avoir une légitimité politique. Je profite de cette question pour appeler tous les investisseurs à la cohérence face à un gouvernement en fin de mandat et dont on sait en premier lieu, qu’il n’a aucune perspective de réitération de son mandat et de deux, qu’il est dans une situation politique très difficile. Néanmoins, ces investisseurs sont libres de s’engager, mais je leur conseille d’avoir les outils les plus importants pour souscrire des assurances et d’avoir des fonds de garantie déterminants. Les questions de Paris sont des questions qui doivent être politiquement débattues. En vertu de quoi, si je vous dis que je vais construire un terrain de football, vous n’allez pas préférer un hôpital ? Ce sont des investissements qui engagent le Bénin sur la durée et nous allons dans une des échéances politiques qui permettent ce débat. Je trouve donc que le moment est inopportun et que le mécanisme n’est pas adéquat. Toutes ces questions sont des questions politiques. Et c’est leur règlement politique qui est le meilleur assureur de l’investisseur. Je pense que s’il y a des engagements qui sont des engagements sains, ils seront confirmés. L’Etat est une continuité.

Le rôle des élites
Il y a une convergence de situations malheureuses. Mais pour ma part, l’éloignement de l’élite est le refus par l’élite d’assumer sa responsabilité. Le confort que nous voyons ailleurs, nous le préférons à nous-mêmes. Au lieu de transformer ce confort venu d’ailleurs en un confort collectif. Quand je vais à l’aéroport, j’aurais préféré que tous les policiers se mettent au garde-à-vous, prennent ma valise et me conduisent jusqu’au salon d’honneur. Je viole ainsi les règles de sécurité et quand je descends à Paris, je ne vois aucun policier venir me chercher. C’est le comportement de l’élite africaine. Vous êtes ministre, vous refusez d’aller au service à l’heure. Les voies exigües, vous les empruntez comme tout le monde et vous prenez votre gyrophare, vous créez des nuisances sonores, vous troublez la paix des autres. Vous les bousculez, vous vous prévalez de votre pouvoir. C’est ça l’élite africaine. Vous sortez de votre bureau à une heure du matin où il n’y a même pas une mouche sur la route, mais vous mettez le gyrophare, vous mettez les klaxons. C’est ça l’élite africaine. Ce qui nous ruine, c’est le refus de l’élite à considérer que tout pouvoir qui ne s’exerce pas avec humilité s’humilie. L’élite africaine qui refuse souvent de porter la lampe que Dieu lui a donnée. Et pourtant elle ne constitue pas 10% de la population. Mais c’est cette élite qui ne veut pas être dans les rangs des supermarchés, c’est cette élite qui ne veut pas respecter les règles, c’est cette élite qui brûle les feux et quand on l’arrête, elle préfère montrer sa carte au lieu de montrer ses pièces. C’est cette élite qui corrompt et c’est ça qu’il faut surtout changer. C’est l’élite qui doit assumer sa responsabilité, c’est elle qui doit atteindre un degré de sagesse qui soude la société et l’élève. Or, la sagesse, c’est l’humilité. L’élite responsable, c’est l’élite qui prend d’assurance à sa voiture, qui est à jour, parce que c’est elle qui montre la voie. Ce n’est pas elle qui viole la loi, qui viole les règles. Mais l’élite africaine, c’est une élite qui a son esprit ailleurs et son corps en Afrique. Et cet ailleurs vient ruiner l’Afrique. Regardez tous nos aéroports, il y a le salon d’honneur. Le salon d’honneur, c’est le salon de la famille de l’élite, et nous ne savons pas quelle impression, quelle image nous donnons. Le copain français sort par le salon d’honneur. Mais c’est lui qui renseigne son gouvernement sur cette complaisance sécuritaire dans nos Etats. Et c’est ce qui fait que Georges Bush va être reçu à l’aéroport plutôt qu’au Palais. Parce qu’évidemment, nous ruinons tout le crédit que nous pouvons avoir auprès des autres. C’est l’élite qui est concentrée sur son existence personnelle en étant indifférente aux douleurs et aux malheurs collectifs. C’est avec douleur que nous avons observé que certains membres de cette élite nous organisent des élections catastrophiques en mars 2011, et l’année suivante, arborent non sans fierté, les insignes françaises, en allant à l’Ambassade de France voter à l’occasion de l’élection présidentielle de 2012 en France qui sont organisées avec qualité.

Que vous inspire la fièvre Ebola ?
Je veux que chacun de nous prenne conscience de la gravité de ce qui risque d’arriver. Je n’ai pas l’impression que l’Etat ait pris les mesures. Quelles sont les mesures qui auraient dû être prises ? La suspension provisoire de tout convoi de jeunes. Nous sommes dans la période des vacances. Cette mesure devrait être prise en priorité. Les colonies de vacances, il faut les interdire provisoirement. L’interdiction de la chasse et de tout produit dérivé pendant cette période. Nous éviter de consommer la viande de brousse pendant deux ou trois mois va permettre d’éviter la contamination. Il y a des mesures de précautions qu’il faut prendre. L’escargot que nous aimons tant, les Ivoiriens l’ont interdit. Et pourquoi ne pas le faire chez nous ? Nous devons interdire la consommation de la viande d’agouti, éviter les échanges par groupe. Si vous avez l’occasion d’effectuer un transport dans un véhicule qui n’est pas un véhicule de transport en commun, il faut le faire. Parce que la question de santé, elle est prioritaire. Si nous voulons diriger ce pays, il faut encore y trouver des hommes et des femmes. Voilà les Américains, quand ils ont eu un ou deux contaminés, ils ont envoyé un avion, les Espagnols, ont fait de même. Quel avion viendra nous chercher, nous autres ? Et de ce point de vue, je n’ai pas l’impression que la gravité de la situation ait été prise en compte par le gouvernement. Ce n’est pas le problème du Ministère de la santé seul. C’est le problème des Ministères en charge de l’Education, des Sports. Les championnats pendant cette période doivent être suspendus s’ils sont en cours. Ce sont des mesures majeures qui doivent être prises. Je ne suis pas un spécialiste. Mais il faut appliquer ce que l’on appelle le principe de précaution. C’est cela mon coup de gueule si vous me le permettez. Il faudrait que les responsables à divers niveaux prennent les mesures parce que ça va les atteindre et atteindre chacun de nous si cela survenait. C’est l’une des maladies très rares qui se trouve dans l’absolu de traitement égalitaire. Cela ne distingue pas le riche du pauvre. Qu’est-ce que moi j’ai fait dans mon cabinet. J’ai réuni tout le personnel. Des mesures de protections ont été prises. Vos toilettes doivent être renforcées en produits de nettoyage. La propreté doit augmenter en qualité parce que si l’un parmi vous est atteint je suis atteint. Il y a une chaine de solidarité dans cette maladie. Positivons-la.

Votre mot de fin
Je suis très heureux. Vous êtes un formidable jury d’agrégation. Il est vrai, je n’avais pas besoin de faire beaucoup d’efforts pour répondre à vos questions parce que la vérité n’a pas besoin d’être construite autrement. C’est le mensonge qui a besoin qu’on y fournisse beaucoup d’efforts. Si vous trouvez que des choses ont été dites de la manière la mieux construite, c’est parce qu’elles sont vraies. Je voudrais que vous puissiez poursuivre parce que nous sommes dans des échanges. Notre pays nous impose de contribuer dans la qualité à sa relève, à sa reconstruction. Après, ce sera la période de la décision. Mais il faut échanger d’abord. Je vous félicite d’avoir cet échange et de m’avoir reçu.

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