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Le triomphe de la vérité

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Edito: Il faut dégager Fatouma Amadou Djibril


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J’ai bondi de mon fauteuil en entendant Fatouma Amadou Djibril hier sur Canal 3. Elle a fait la théorie parfaite de tous ceux qui en 2004-2005, avaient déjà tenté de maintenir Mathieu Kérékou au pouvoir : si le peuple le veut, sa volonté   sera faite et le troisième mandat aura lieu. Le peuple, c’étaient les Frédéric Béhanzin, les Lucien Mèdjico, les Kamarou Fassassi, les Fred Houénou et d’autres hurluberlus de la même engeance de vipères. A force de le clamer par mille braconnages médiatiques, le général lui-même y a cru. D’où ses nombreuses tentatives pour brouiller les élections et se maintenir par la force de la confusion. Ce fut un échec, et ceux qui veulent tenter le même coup de force devraient se rappeler ce fiasco qui va immanquablement se répéter.
Il est évident que la ministre de l’Agriculture n’a dit que ce qu’elle ressent comme étant l’intime  volonté de son chef. Sinon, avec les véhémentes dénégations de Boni Yayi devant le Pape Benoît XVI, les présidents Barack Obama et François Hollande, elle n’aurait jamais osé le démentir  avec une si grave constance et un si vaste aplomb. Mais ce faisant, elle est venue jeter le  doute le plus épais sur l’un des engagements les plus forts du chef de l’Etat depuis le début de son second quinquennat. Et les médias du monde entier ne vont pas manquer de saisir l’occasion pour gloser sur sa mauvaise foi. Cela rappelle le tragique Mobutu et le non moins sinistre Eyadéma. Tout homme sensé devrait, en effet, conclure que le chef de l’Etat béninois fait dire à ses ministres ce qu’il n’ose pas dire publiquement,  lui-même, de sorte à s’abriter demain derrière le paravent de la volonté populaire pour opérer le coup souhaité par un quarteron de ses partisans.
Au demeurant, la comparaison faite entre Franklin D. Roosevelt et Boni Yayi est particulièrement erronée et choquante. Si le trente-deuxième président des Etats-Unis a effectivement obtenu  quatre mandats présidentiels, il ne les a jamais faits en tripatouillant à son profit la constitution américaine.
Le vingt-deuxième  amendement qui impose la règle des deux   mandats présidentiels  n’a été adopté par le congrès américain qu’en 1947, c’est-à-dire deux ans après la mort de Roosevelt,  et ratifié en 1951. Et puis, quelle effronterie tout de même de comparer Roosevelt à Boni Yayi !
Si le chef de l’Etat avait le souci de ne pas se mettre à dos la communauté internationale, s’il croit vraiment que la fin de son second mandat ne peut être apaisée que si la classe politique nationale croit en sa parole, le seul acte fondateur et définitif qu’il a à poser, c’est de limoger ce ministre qui a osé hier démolir la paix politique en place depuis quelques mois. Elle a osé dévoyer la République en défiant la base légale de son existence qu’est la loi fondamentale. Mais ici, il n’y a pas que la constitution. Il y a toutes les décisions prises par la Cour constitutionnelle ces dernières années sur le sujet et qui interdisent formellement de parler d’un troisième mandat pour qui que ce soit à la tête du pays.
Le deuxième acte fondateur et définitif à poser après ce limogeage, c’est de faire interdire par tous les préfets, toute manifestation réclamant un troisième mandat. Ces marches sont, en effet, attentatoires à l’ordre public. Elles pourraient être comparables à des manifestations en faveur du braquage ou du viol. Aucun Etat sérieux ne devrait tolérer une marche ou une quelconque conférence de presse en faveur  de ces deux fléaux. Les éventuels apostats devraient finir en prison pour trouble à l’ordre public. Nous  ne pouvons pas accepter impunément l’exposition du crime comme objet de délectation médiatique.
Et dans ce sens, les associations de journalistes ainsi que les organisations faîtières de la presse béninoise devraient, dès maintenant,  se liguer contre ses velléités  en décrétant un embargo total sur ceux qui tiennent à mettre le Bénin à genoux. L’intervention de Fatouma Amadou Djibril est  un signal, involontaire peut-être, mais en tout cas la preuve que l’hydre de la révision n’a été cachée que pour préparer le terrain. Boni Yayi devrait dès maintenant saisir l’occasion que lui   offre la maladresse de son ministre pour frapper un grand coup qui fera date au double plan national et international.

Par Olivier ALLOCHEME

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