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Le triomphe de la vérité

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Edito: Consommer local


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Ce fut un slogan en vogue dans les années 90, tout juste après la dévaluation du franc CFA. Consommons local. Loin d’un simple slogan publicitaire, c’est aujourd’hui un impératif économique de tout premier ordre.
Le Béninois, on le sait, n’est pas patriote. Du simple planton au ministre, voire plus loin, être fermement attaché aux valeurs nationales est perçu comme une faiblesse, un manque d’intelligence. Cette crise du patriotisme qui a pris une ampleur insoupçonnée dès après la conférence nationale, s’accentue aujourd’hui avec les errances de la gouvernance. Lorsque ceux qui nous dirigent ne sont pas des modèles, lorsque ce sont des antivaleurs et des antimodèles achevés qui sont promus, le citoyen ordinaire pense en son for intérieur qu’il a tort d’aimer son pays.
Et pourtant, nous le voyons tous, si la France est la Grande France que nous voyons, si les Etats-Unis sont ce qu’ils sont et si le Japon est ce qu’il est, c’est bien parce que chaque citoyen de ces différents pays a été éduqué dès le bas-âge à la préférence nationale. J’ai eu l’occasion, à maintes reprises, de découvrir comment les nôtres sacrifient les intérêts de notre pays du fait de cette crise nationale. Tout récemment, nos honorables députés ont crié au scandale quand ils ont découvert comment des cadres béninois ont cédé des pans entiers de nos eaux territoriales lors de négociations internationales. Bien entendu, les intéressés ont agi en connaissance de cause, après avoir reçu des dessous de table pour signer en notre nom à tous, des conventions internationales scélérates qui ont heureusement été dénoncées au parlement.
Consommons local, ce n’est pas un simple slogan. C’est un cri pour appeler les Béninois à préférer nos produits à ceux d’ailleurs. Les industriels chez nous, notamment ceux de l’agro-alimentaire, vous le diront : les jus de fruits, les huiles végétales ou autres pâtes alimentaires produits ici se vendent mieux ailleurs. Il ne faut pas attribuer à la seule érosion des valeurs patriotiques la responsabilité de ce phénomène qui tue nos entreprises. Sans aucun doute, le snobisme intempestif et les scories du colonialisme figurent parmi les causes du phénomène. Il y a surtout l’ignorance.
L’ignorance parce que peu de Béninois savent que même les produits provenant de France, d’Allemagne ou d’ailleurs, sont médiocres, mal faits ou même carrément dangereux. Combien de fois la France n’a-t-elle pas interdit des médicaments, des jouets ou encore de simples boîtes de conserve à la suite de dénonciations ou d’essais cliniques ayant montré leurs défaillances. En 2009, a éclaté en France, le scandale du Mediator, un médicament destiné au traitement du diabète de type 2 mais qui a finalement été retiré du marché suite à des pathologies morbides, notamment, l’hypertension artérielle pulmonaire ainsi que d’autres pathologies qu’il crée. En avril dernier, Nokia a décidé de rappeler 30 000 chargeurs de sa tablette Lumia 2520 suite à la découverte d’un risque d’électrocution. Pas plus tard que ce lundi 23 juin 2014, les constructeurs automobiles japonais Nissan, Honda et Mazda ont annoncé le rappel de près de quatre millions de voitures du fait de problèmes notés au niveau de leurs airbags.
Si ces cas s’étaient présentés au Bénin, quelques autorités seraient montées au créneau pour tirer à boulets rouges sur les faiblesses des entreprises béninoises en général, en oubliant que les erreurs font partie du progrès. Sans erreurs, la science raffinée du XXIème siècle n’aurait jamais connu les vastes évolutions qu’elle a enregistrées depuis le XIXème siècle. Il faut donc accorder aux produits béninois aussi le droit à l’erreur, et permettre qu’ils mûrissent au long des améliorations régulières qu’ils subissent.
Dès son avènement au pouvoir, le Chef de l’Etat avait promis que bientôt l’administration publique n’utiliserait que des mobiliers fabriqués chez nous par nos frères. Que bientôt, notre armée et nos corps paramilitaires ne s’habilleraient que de tissus fabriqués ici par nos artisans et nos industriels, comme c’est déjà le cas au Nigeria à côté. Huit ans après, les puissants lobbys ayant financé campagnes électorales et autres kermesses politiques ont réussi à empêcher ces réformes majeures qui eurent ouvert de nouvelles filières industrielles porteuses d’avenir. Nous continuons à enrichir les autres, en prétextant que nos produits à nous sont de mauvaise qualité.
La nouvelle aube économique de notre pays se lèvera quand chacun se rendra compte qu’acheter des chaussures béninoises, des cravates béninoises, des voitures béninoises ou des ustensiles de cuisine béninoises, c’est accroitre les chances de nos frères de trouver du travail et du Bénin de grandir.

Par Olivier ALLOCHEME

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