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Le triomphe de la vérité

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Edito: La table des éléphants blancs


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Les éléphants blancs de Yayi trouveront enfin preneurs ! Mardi prochain, la table ronde permettra de financer quelques projets mirifiques  de Yayi 1 abandonnés faute de financement.

Bien sûr, on ne trouvera guère le mirobolant projet de ville moderne tout droit sorti des rêves de l’ex-conseiller technique à la promotion du changement. Avec son mentor d’alors, il avait prophétisé par bande défilante sur l’ORTB une ville à l’image de Washington devant être érigée bientôt entre Akassato et Allada. Le baratin  était bon pour les analphabètes, mais il a réussi à embobiner aussi bon nombre de demi-lettrés accros du changement. Le projet a fini dans les dédales obscurs de l’histoire.

Aujourd’hui, le gouvernement se rattrape sur les bons projets. C’est le cas du projet Epine Dorsale comprenant ports secs, port en eau profonde, infrastructures routières et un aéroport de classe internationale. Ce sont autant de volets pris en compte dès 2007 par un protocole d’accord global entre l’Etat béninois et la société Petrolin de Samuel Dossou-Aworêt. L’aéroport international de Glo-Djigbé a déjà fait l’objet de mille tractations et promesses. Le port sec de la même localité a même déjà été lancé avant que corruption et limogeages en série n’en scellent le sort. Les projets énergétiques proposés aux investisseurs ont tous fait l’objet de promesses ou d’engagement présidentiel ces dernières années. Quant aux aménagements agro-pastoraux proposés dans le pipeline de Paris, ce ne sont pas des projets neufs.

A voir donc de près, certains projets sont déjà en cours de réalisation. Le barrage hydro-électrique d’Adjarralla, par exemple. Il s’agira certainement d’additionner les réalisations et quelques promesses éparses pour faire monter la bulle au seuil annoncé de 2900 milliards. Avec un peu plus d’efforts et des annonces télévisées, nous dépasserons certainement les 120% !

Non. Malgré les risques évidents de mystification gouvernementale, la table ronde de Paris est une très bonne chose. Le recours aux institutions multilatérales et bilatérales ainsi qu’aux investisseurs nationaux et internationaux pour le financement du développement constitue une excellente solution à la rareté des ressources. Dans un contexte où nos Etats ont plus que jamais besoin d’effectuer des investissements structurants pour relancer la croissance, le recours à ce type de financement est aujourd’hui une aubaine. D’autant d’ailleurs que l’enthousiasme qui l’entoure est basé sur de grands projets mobilisateurs porteurs de plus-value pour les institutions et les Etats.

On retiendra les exemples plus récents, ceux de la Côte d’Ivoire et du Niger qui ont réussi à mobiliser des milliers de milliards de FCFA sur le marché international. Bien entendu, la relance de la machine productive est porteuse d’emplois et sert donc à faire face à  la demande sociale.  On n’oubliera pas non plus le regard inquisiteur du FMI et de la Banque Mondiale qui scrutent les chiffres de l’endettement. Le cas du Bénin est relativement  favorable, étant donné que notre capacité d’endettement reste intacte. Suffisamment favorable pour permettre que les bailleurs de fonds autorisent l’aventure de la table ronde.

Mais l’inquiétude de tous, c’est le succès de l’opération. L’Etat lui-même a déjà revu ses ambitions à la baisse, en passant d’une ambition chiffrée à près de 6000 milliards, il y a un mois,  à moins de 2900 milliards de FCFA aujourd’hui. En moins d’un mois, le gouvernement s’est tranquillement dégonflé de moitié, voyant sans doute la taille excessive de ses rêves. Mais sa crédibilité aussi pose problème. Dans un contexte où le récent communiqué du patronat béninois laisse entendre clairement que l’Etat n’est pas crédible, il est fort à parier que les investisseurs n’hésiteront pas à exiger de solides garanties avant de placer leurs fonds. Grave signe s’il en est, depuis quelques années, presque aucune banque primaire installée au Bénin ne fait plus confiance à l’Etat. Tous ces établissements ne financent plus les entreprises béninoises porteuses de contrats publics. Les entreprises se livrent  alors à une multitude   d’acrobaties pour exécuter leurs projets. Beaucoup refusent les projets publics ou ne s’engagent qu’en cas de financement international. Il n’y a  donc pas à redire : l’Etat a perdu la face.

L’astuce consistant à aligner les vieux projets en cours de réalisation devrait lui permettre de faire les effets d’annonces nécessaires. Même, là encore, il y a un fossé     entre les engagements publics pris par les investisseurs lors de la table ronde et les décaissements réels qu’ils opèrent après coup.

Par Olivier ALLOCHEME

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