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Le triomphe de la vérité

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Edito: L’heure des comptes


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Claudine Prudencio n’en peut plus. Toute élue FCBE qu’elle soit, elle a eu l’outrecuidance de mettre les pieds dans les plats en critiquant le régime qui l’a faite ministre puis député. Elle a craché dans la marmite familiale FCBE. Et pourtant, elle  disait, parlant du Chef de l’Etat et avec le plus large sourire du monde : « Ce monsieur est notre papa bonheur. »  Ça c’est du temps où Claudine Prudencio était ministre de la culture et savourait le miel du pouvoir. Aujourd’hui, le langage en est tout autre. Et les propos qu’elle a tenus dans les médias hier confirment tout ce que  les observateurs les plus impartiaux ont pu dire: ce régime est un prédateur des investisseurs nationaux. Il en a une peur bleue et ne fait rien pour leur promotion. « J’ai fini, à mon corps défendant, par être du même avis que ceux qui pensent que les opérateurs économiques de notre pays ne sont plus les bienvenus chez eux, que l’Etat ne fait rien pour les encourager et protéger leurs intérêts, comme cela se fait dans les autres pays », révèle le député qui ajoute, amère et dégoûtée : «  Il y a des Chefs d’Etats qui ne voyagent jamais sans les opérateurs économiques sérieux de leurs pays. Ce n’est toujours pas le cas chez nous. Il y a quelques années, je considérais les critiques qui étaient faites dans ce sens comme non fondées. Le cas PETROLIN est si flagrant que je me dis que le développement que nous souhaitons tous pour notre pays sera hypothéqué si le Gouvernement ne change pas de méthode. » On n’a pas besoin d’avoir fait Harvard  pour se rendre compte que de telles déclarations sont d’une extrême gravité. Elles proviennent d’un apparatchik attitré du pouvoir et qui sait de surcroit quelles en sont les conséquences les plus immédiates. Car, il est clair qu’elle a dû user en vain de tous les moyens de pression dont elle dispose, en tant que député et surtout membre du bureau du parlement, pour que le Groupe Petrolin qui appartient à  son compagnon Samuel Dossou-Aworêt ne subisse pas ce malheureux sort.  Le drame, en effet, c’est que la société a déjà investi des milliards sur le projet et avant de se faire ravir la vedette par Bolloré. Elle sait plus que quiconque que de telles déclarations l‘écartent définitivement de la liste FCBE pour les législatives de 2015. De surcroît, elle va voir vidée de ses membres le parti UDBN qu’elle a créé en 2010. Par peur autant que par calcul, tous les cadres et autres opérateurs économiques ayant adhéré au parti  vont faire un rétropédalage  d’autant plus vif qu’ils savent très bien que le chef de l’Etat ainsi désavoué ne laissera pas passer une telle hérésie. Je n’ose donc pas imaginer le sort qui attend Claudine Prudencio. Il est même fort à parier qu’elle revienne sur ses propos, quand viendra l’heure de la vengeance de Yayi. A défaut, elle pourrait être la prochaine femme exilée politique du Bénin. A moins que son oncle, sous le parapluie duquel elle  s’est ostensiblement abritée pour se faire coopter au gouvernement, à moins que le Président Emile-Derlin Zinsou ne la protège des exactions du pouvoir. Il y a malgré tout un fond de vérité dans tout ce que le député a révélé. Cette vérité ahurissante que l’on peine à comprendre est que le régime Yayi est basé sur des paradigmes aussi insidieux que dangereux qui sont : la chasse aux opérateurs économiques locaux et la promotion des investisseurs étrangers. La preuve la plus ahurissante, c’est qu’on a tout dit de la table ronde de Paris, c’est qu’on en a tout dit sauf qu’elle se fera en réalité sans les opérateurs économiques béninois. On n’y verra pas Séfou Fagbohoun dont l’empire a été démantelé dès 2006, à l’avènement du régime. On ne verra pas Patrice Talon qui a réussi pendant des années à s’imposer dans le système Yayi avant que PVI, Coton et tentatives d’empoisonnement et de coup d’Etat ne finissent par l’en écarter. Enfin, last but not the least, on n’y verra pas Sébastien Ajavon, président du patronat béninois. Avec les déclarations de Claudine Prudencio, il est désormais clair que Samuel Dossou-Aworêt ne sera pas non plus de la partie. Avec tout ceci, dites-moi alors quel Béninois sera à Paris si ce ne sont pas que des menus fretins recrutés pour amuser la galerie ?

Par Olivier ALLOCHEME

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