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Le triomphe de la vérité

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Edito: Deux morts en un mois


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Un an déjà qu’a été tué aux encablures de Kpédékpo le lieutenant-colonel de marine, Isidore Hounsou.  C’était le 08 juin 2013. Presque un an jour pour jour, le policier Roland Padonou a été abattu ce samedi au carrefour Steinmetz.  Sa mort succède à celle de Sergio Dénon abattu, lui aussi, il y a quelques semaines à Mènontin.
L’émoi qui étreint nos forces de sécurité face à ces événements tragiques   relance les questions  qui reviennent chaque fois que nos hommes en uniforme se font tuer face aux hors-la-loi. Sont-ils assez équipés ? Leur formation est-elle aussi pointue et rigoureuse qu’on veut nous le faire croire ? Quelles sont donc leurs conditions de vie et de travail ? Et enfin, leurs ayant-droits pourront-ils bénéficier de pensions pour faire face au vide laissé ? Ce sont autant d’angoisses surgissant  au détour de ces morts violentes. Et imméritées.
Roland Padonou, Sergio Dénon et les autres n’ont pas mérité de tomber sous les balles de ces bêtes immondes. Même si elle peut paraître normale pour ceux qui exercent le métier des armes, cette mort n’en est pas moins une. Elle laisse des familles ébranlées, des mères effondrées, des enfants traumatisés. Des êtres brisés.  S’y ajoute l’innommable indignité de certains internautes qui poussent le crime jusqu’à l’abjection en affichant la photo du corps du policier baignant dans son sang…On aurait dû faire l’économie d’une barbarie supplémentaire.
La gloire du malfrat est le drame du citoyen honnête. Et sous cet éclairage, on peut toujours voir que les malfrats de samedi ont bénéficié d’une situation étonnamment favorable. Le policier était seul au moment où ils passaient. Soldat solitaire, soldat mort, dit-on souvent. Cette maxime fondamentale au sein des forces de sécurité n’a apparemment pas été respectée à l’heure précise où le drame devait se dérouler. Esseulé, il ne pouvait que subir le sort tragique qui a été le sien face à six braqueurs armés. Ceci montre un premier niveau de défaillance. Le second réside dans la mission même de la police nationale dans une municipalité de Cotonou qui dispose d’une police propre. En principe, l’existence d’une police municipale épargne à la police nationale des tâches comme la régulation de la circulation. Dans bien des cas, il y a doublon sur nos artères avec la présence conjointe des deux forces, l’une étant visiblement de trop malgré les efforts de cohésion qui existent. Mais le sujet est bien plus préoccupant que les petites accommodations qui se mettent en place au sein des agents pour pallier les insuffisances décisionnelles de leurs autorités.  Il est évident que la police nationale devrait se départir des tâches de régulation routière pour se concentrer proprement sur la sécurité.   Le dire ainsi semble beaucoup plus facile que de le réaliser dans les faits quand on sait les nombreuses résistances existant au sein de la troupe et de la haute hiérarchie. Le poids des rançonnements pèse plus lourd que les risques dans la balance des décisions rationnelles qui doivent être prises pour corriger la situation.
La police qui sauve est la même qui est couverte d’opprobre sur nos routes pour les  rançonnements dont ses agents sont devenus des adeptes invétérés. Nous savons comment certains agents de cette corporation vivotent avec des salaires de misère qui ne sont rien en comparaison des bakchichs qu’ils grappillent chaque jour. Les «petits» cinq cents francs faisant de grands fleuves, on en rencontre qui, gagnant en-dessous de cent mille FCFA par mois, n’en érigent pas moins de belles demeures certains s’achètent même des voitures au-dessus de leurs moyens. Toute répression efficace de ces pratiques est subordonnée à l’amélioration subséquente et conséquente des conditions salariales de ces agents. Nous savons tous qu’elle ne suffirait pas à endiguer des pratiques si profondément ancrées dans les mœurs policières que personne ne croit vraiment à la possibilité de leur suppression définitive. Mais elle offrirait aux autorités toute la latitude nécessaire pour avoir la main lourde lorsqu’il s’agirait d’infliger les sanctions qui s’imposent.
Car ici aussi, l’indiscipline liée aux soutiens en haut lieu, le népotisme, la corruption dans le recrutement des nouveaux agents et la fraude aux concours sont connus. Plus que le manque de moyens, ils constituent les fléaux qui fragilisent l’autorité hiérarchique. La multiplication des périls pourrait ainsi, paradoxalement, aider à reprendre les problèmes de la police là où on les avait laissés : l’amélioration du leadership au sein de l’institution.

Par Olivier ALLOCHEME

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