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Le triomphe de la vérité

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Sébastien Ajavon sur Canal 3 hier: « Les institutions de la République doivent se saisir des dérives actuelles »


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Sébastien Ajavon S netLe président du patronat n’est pas content. A travers une interview qu’il a accordée hier sur la Chaine Canal 3 à Golfe TV, Canal 3 et Soleil FM, Sébastien Ajavon a indiqué que sa société est l’objet d’une nouvelle forme de harcèlement faisant passer ses factures d’électricité de 40 millions à 150 millions en 28 jours de consommation. Il révèle aussi que le Chef de l’Etat a refusé de payer les 14 milliards que l’Etat lui doit, parce qu’il lui reproche d’avoir manqué de le saluer au cours d’une cérémonie publique. Enfin, l’homme indique qu’il n’est pas fait pour la politique, écartant du coup l’hypothèse de sa candidature en 2016.

 

Vous êtes un des opérateurs économiques  locaux. Vous savez que l’investisseur étranger est  beaucoup plus important

 

Sébastien Adjavon : Je vais vous expliquer. Un investisseur étranger cherche aussi à faire de bonnes affaires. Si quelqu’un vous dit qu’on va chercher un investisseur  quelque part, il vous a menti. Moi, là  où les bonnes affaires se trouvent, je sais comment faire pour y aller. En fait, quand on était allé à la table ronde, c’était pour qu’on s’asseye pour assainir l’environnement juridique des affaires dans notre pays, assainir tout ce qui n’allait pas.

Mais les chefs d’entreprises étrangers sont au Bénin

Mais ils sont combien ? Vous pensez que nous n’avons pas les moyens de faire tout ce que les gens font là ? Notez quelque part. Les montants qui vont être dépensés pour cette histoire de table ronde à Paris, demandez-leur des comptes. Et vous verrez qu’aucune des promesses qui seront faites là-bas ne sera réalisée.

Monsieur le président, le Bénin n’est quand même pas le premier pays à initier une table ronde pour accompagner son développement. Etes-vous contre l’initiative ? Si oui, pourquoi ?

Je vous donne la position du patronat. Le patronat dit : Nous savons que ce n’est pas une bonne initiative, mais nous accompagnons. Mais la position du président du patronat que je suis, c’est que quand je sais que ce n’est pas une bonne initiative, je n’accompagne pas. Mais je dois respecter la décision du Comité directeur du patronat puisque le comité a dit qu’on accompagne, le patronat sera donc représenté, mais pas au niveau où cela doit être.

Est-ce que là, vous ne  vous mettez pas en marge de  la décision du Comité directeur ?

Non, je ne me mets pas en marge. Puisque nous avons  tous reconnu que cette histoire ne va rien nous apporter. Nous y serons pour ne pas être l’échec de cette table ronde. C’est juste ça.

Mais là, c’est une complicité, monsieur le président

C’est justement ce que je viens de dire. Je ne serai pas complice de ce qui n’est pas bon. Mais vous savez, quand vous êtes dans une  association et que la volonté de la majorité demande d’aller dans un  sens donné, vous êtes obligés de suivre. Mais personnellement, je ne veux pas être complice. Et c’est pourquoi je suis en train de dire déjà ce que je pense de ça. Je peux me tromper. Mais prenons date.

Monsieur le président, cette table ronde est organisée pour attirer les investissements vers le Bénin. Pensez-vous que le climat est favorable pour les affaires au Bénin ?

C’est ce que je viens de dire tantôt. Vous voyez le braquage des entreprises et tout ça. Vous pensez qu’un étranger acceptera venir mettre de l’argent dans ça ?

Qu’appelez-vous braquage des entreprises ?

C’est devant vous qu’ils sont allés braquer SODECO pour prendre des engrais non ? Vous avez vu aussi ce qui se passe dans les condamnations. Quand vous ne pouvez pas respecter les décisions de justice, vous pensez qu’un étranger viendra mettre ses ressources dans votre pays ? Vous voyez également ce qui est arrivé à notre compatriote Samuel Dossou. Il faudrait qu’on arrive à des procès,  qu’on dise qu’il faut payer tel ou tel autre montant à Samuel Dossou avec la société Petrolin. C’est quand même un Béninois à qui on est en train de créer des problèmes. Pourquoi c’est sur les Béninois que ces choses-là arrivent ? Pourquoi pas les étrangers parce que, eux, ils peuvent venir les frapper ici. Mais nous, on n’a pas cette force. Je trouve que ce n’est pas bien. Il faut que ces problèmes soient résolus et qu’on évite au Bénin de se présenter encore devant les tribunaux. Il y a les chemins de fer, le port en eau profonde de Sèmè. Attention. Si vous signez des accords, discutez avec les personnes pour qu’il n’y ait plus de litige. Je pense qu’il faudrait que le Chef de l’Etat aille dans cette direction. Car, de toute évidence,  la vérité finira toujours par triompher. La table ronde, nous, ce qu’on aurait souhaité, c’est qu’on nous dise, tel ou tel autre Président de la République ne  peut pas  dépasser ça. S’il fait ça, il faut qu’il paye le préjudice de sa poche. Si c’est ainsi, vous verrez qu’ils vont faire les choses dans les règles de l’art. Aujourd’hui, ils sont au service de l’Etat. Aucun préjudice ne les concerne. C’est pourquoi ils continuent de faire ça.

Qu’est-ce qu’il  y a  aujourd’hui lieu de faire ?

C’est que quand vous signez un accord, votre constitution devient alors votre contrat. Dans le contrat, on dit telle ou telle autre partie doit faire ci et ça. Et en cas de problème, on prévoit qu’on doit se présenter devant telle juridiction. Et cela est bien écrit dedans. Ce n’est donc pas parce qu’on a  des muscles qu’on peut bafouer les contrats. Dans un environnement comme ça, vous pensez que le faible qui est le privé,  qui plus est un étranger va accepter investir son argent  dans cette ordure ? Ce n’est pas possible.

Beaucoup disent que notre pays le Bénin a perdu sa visibilité à l’extérieur

Ce n’est pas moi qui le dis. Ce sont eux-mêmes qui le font savoir. Quand on dit qu’on ne veut pas respecter les décisions de  justice, quand on fait de l’arbitraire et on dit qu’on va au tribunal et que le tribunal aussi traine, c’est normal que les choses soient ainsi.

Quelle lecture faites-vous de la décision de la CCJA qui condamne le Bénin dans l’affaire Benin Control ?

Il y a quelques jours, j’avais dit que si le Chef de l’Etat acceptait de payer de sa poche les dommages et intérêts que cette histoire engendrerait,  on allait l’accompagner sur toutes les formes. Quand on a trop trainé, maintenant, les résultats sont là. Notre pays doit payer plus de 140 milliards. Vous savez, c’est comme si nos institutions n’existaient plus. Parce que quand le Chef de l’Etat détache ses bottes, nous avons des institutions qui doivent lui dire stop. Là où vous allez, vous êtes en train d’engouffrer le pays. Sur cette décision, en effet, certains sont aussi coupables. Il ne faut pas tout mettre sur le dos du Chef de l’Etat. Si le Chef de l’Etat fait quelque chose qu’il ne doit pas faire, c’est à ces institutions de le ramener à l’ordre. Elles peuvent aller même jusqu’à le démettre, ou dire : « Si vous allez là, on va vous démettre. »

Pensez-vous que ce soit possible dans l’environnement actuel ?

Oui, c’est ce que ça devrait être. Mais il se fait que les institutions aussi qui sont noyautées et on vit sans institution. C’est un gros problème. On  va à la Table ronde de Paris, et la cour de justice de l’OHADA prend une décision, et un ministre de la République se lève pour dire qu’on ne paiera aucun copeck.

A quoi peut-on s’attendre ?

Si à un  Béninois, on ne paie pas son argent, ce n’est pas à un étranger…

La Cour de justice n’a pas dit de payer obligatoirement les 160 milliards, puisqu’il y a une autre possibilité.

Moi je ne suis même pas d’accord pour qu’on paie   des montants comme ça  pour des  erreurs manifestes. Parce que des contrats ont été signés par Talon et par le gouvernement dans son entièreté. Si le Bénin devrait payer ça, je pense que ça fera date. Et ceux qui ont signé le savent très bien.

Le Bénin a dit a déjà dit qu’il ne paiera rien

Dans ce cas, le Bénin serait dans l’autre cas. Il sera obligé de remettre le PVI à Bénin Control.

Vous pensez que c’est possible dans l’état actuel des choses ?

Ils ont signé un contrat. Un contrat est respecté quand il est signé. Maintenant, tel que c’était parti, Bénin Control n’était pas du tout bien. C’était mal fichu. Si ça devrait se faire dans de telles conditions, il faudrait que le parlement apprécie. Tel que les choses se sont passées, on n’acceptera plus ça parce qu’on peut quand même s’entendre, surtout à partir du moment où il y  a eu un contrat. Cette histoire de PVI a fait énormément de mal aux entreprises du Bénin. Les gens ont perdu des prêts qu’ils sont allés prendre. Il ne faudrait plus que cela arrive  à nouveau. C’est ça la matrice  que nous avons déposée au gouvernement. C’est pour éviter qu’il  y ait d’autres Bénin Control. Quand c’est bien joué,  tout le monde apprécie. Il n’y a pas de PVI sans douanes. On ne peut pas faire de PVI sans les douaniers. On ne peut pas  faire de PVI, sans que le patronat  ne soit associé. Il y avait eu trop d’errances dans ce contrat.

Vous voulez dire qu’on peut avoir un arrangement entre Patrice Talon et l’Etat ?

Il est obligé. Bénin Control est obligé de faire des  concessions. Le Bénin ne peut pas lui arracher comme ça le PVI. Il faut discuter et parvenir à une solution. Mais, pour éviter la catastrophe à notre pays, il faudra que le Bénin regarde nécessairement pour que nous puissions avoir un PVI humain et correct. Je peux vous dire encore que  depuis les années 90, le PVI existait. Ce qui a été ajouté à ce PVI, c’est le scannage et le tracking.

Est-ce que le  patronat est disposé à faire la médiation entre Bénin Control et l’Etat ?

Patrice Talon est membre du patronat.  Je parle avec Patrice Talon mais dans les normes de ce que nous devons dire. Ce n’est même pas un membre simple mais un membre du bureau parce que le Groupe Talon est représenté et est vice-président à la CCIB.

Et pourtant il semble que l’Etat béninois n’a pas été écouté dans cet arbitrage

Je ne crois pas que ce soit la décision du Chef de l’Etat. C’est suffisamment grave. Vous montrez au monde entier que vous ne respectez pas les décisions de justice. On n’a plus besoin de parler. Dans ce cas, les investisseurs n’ont qu’à rester chez eux. Ça veut dire que si le Chef de l’Etat dit qu’il ne veut pas respecter une décision de justice, il y a parjure. En tout état de cause, c’est quand même les institutions qui ne jouent pas leur rôle.

Qu’est-ce qu’on aurait dû faire, selon vous ?

A partir du moment où il y a parjure, le Président de l’Assemblée fait ce qu’il doit faire. Le Chef de l’Etat en prenant fonction a juré de respecter notre constitution. A partir de cet instant où les lois de la République sont bafouées, on peut l’interpeller. Chacun répondra devant l’histoire. Ce que je tiens à vous dire, c’est que tout ceci se paie. Après, ils vont demander l’amnistie. Dans quel pays on gère et après, on demande l’amnistie. Tant que le pays serait comme ça, nous n’allons jamais nous développer.

Quelles appréciations faites-vous du pardon du Chef de l’Etat ?

Pour vous dire vrai, par rapport à cette histoire de pardon, je ne veux même pas savoir qui a raison ou qui a tort. Le Chef de l’Etat a dit : « Je pardonne ». C’est un acte de grandeur. Quel que soit ce qu’on peut dire.  Je ne veux même pas savoir, qui a raison ou qui a tort. Un plaignant est allé dire « je retire ma plainte, je pardonne ». Pour moi, c’est un acte de valeur. Mais c’est arrivé très tardivement. Il fallait poser cet acte depuis longtemps, parce que cette affaire, je vous le dis, nous a  fortement déshonorés au plan international. Quand vous allez à l’étranger, les gens vous posent la mêmequestion : « c’est quoi, cette affaire-là ? ». Le chef de l’Etat aurait pu en finir depuis avec cette histoire, et il n’y aurait pas de gagnant, ni de perdant. Même s’il devrait y avoir empoisonnement, il n’y a pas eu de mort. C’est ce que nous faisons nous autres, on pardonne tous les jours.

Qu’est-ce que, selon vous, ce pardon peut induire comme impacts sur la vie sociopolitique et économique de notre pays ?

 Le pardon est une réhabilitation, à savoir que quand vous avez pardonné quelqu’un, et qu’auparavant, vous lui avez pris ses biens, vous devrez les lui retourner. Et si vous ne l’avez pas fait, c’est que vous n’êtes pas entrain encore d’appliquer le pardon. La  meilleure manière serait de dire, asseyons-nous, mettons tout à plat et voyons ce qui peut encore sauver cette nation. Avez-vous vu comment cette situation a empoisonné la  vie sociale, politique, économique et tout dans le pays ? C’est un gâchis pour notre pays. Mais c’est arrivé. Et je demande maintenant au chef de l’Etat de poursuivre dans cette direction. Et quand j’entends encore ses ministres réagir ainsi, je me demande où nous allons.

 Vous  avez sans doute des relations avec Patrice Talon. Est-ce qu’il s’est ouvert à vous sur ce sujet ?

 Non, depuis que cette décision de pardon du chef de l’Etat est tombée, j’ai appelé Patrice Talon et quelques-unes  des personnes alors détenues pour leur dire mes félicitations et cela s’est arrêté là. Moi, je discute avec des gens sur ce qui concerne notre pays. Et ce que je sais est que cette sentence a une date. Et regardez aussi la date du pardon. Mais peu importe,si le pardon  est arrivé après la sentence. Le pardon  est quand même arrivé, et ça, il faut s’en réjouir, quand c’est beau, il faut dire que c’est beau.

 Mr Sébastien Ajavon, quelles concessions auriez-vous fait au chef de l’Etat pour accompagner ce pardon ?

 Le problème est profond. Je dois d’abord dire qu’il n’y a pas de Pvi sans la douane, sans les opérateurs économiques, sans le patronat. Si vous ne voulez pas respecter vos engagements, vous devrez être prêts à  payer les 140 milliards. Ce dossier est dommageable pour la nation. Ce qui fait  le pluspeur, ce n’est même pas une décision du Bénin, elle émane de la Cour commune arbitrale de justice d’Abidjan, le monde entier est donc déjà informé, et je ne vois pas pourquoi, on ne doit pas prendre cette décision en compte. Et même si c’est le président de la république, les institutions doivent s’en saisir et montrer qu’elles jouent effectivement, chacune de leur côté, leur rôle.

Mr Sébastien Ajavon, en tant que président du patronat béninois, certains citoyens pensent qu’à la suite de Patrice Talon, le chef de l’Etat devrait vous adresser aussi un pardon au sujet de l’affaire des 14 milliards ?

 (Rires.) Moi-même, j’ai eu à entendre certains concitoyens,  me rapporter que le gouvernement, selon les informations qu’ils auraient reçues, m’aurait déjà payé les 14 milliards en question. Je vais vous dire, ce qui s’est passé.En décembre 2013, j’ai reçu l’appel par le biais d’un ami, l’archevêque de Cotonou, Mgr Antoine Ganyè, qui me demandait de venir le  voir dans cinq minutes, et que c’était très important. J’étais dans mon bureau à Djeffa, j’avais d’autres rendez-vous, mais je les ai tous arrêtés, et je me suis rendu là-bas. Et  à ma grande surprise, celle que j’avais en face de moi était la directrice de cabinet du chef de l’Etat. C’est ainsi que Mgr Ganyè me dit, ‘’je laisse la directrice du cabinet vous transmettre un message du chef de l’Etat’’. Et ce message, disait qu’il me demande pardon et qu’il veut me payer les 14 milliards, mais de laisser les dommages et intérêts. Je me suis alors demandé, qu’est-ce qui arrive ? Vous bloquez les affaires d’une entreprise pendant des années, et vous  venez maintenant demander de laisser les intérêts en pertes et profits ? Et au Mgr Ganyè de me dire, mon fils, de grâce, ce que je viens d’entendre, je souhaiterais que tu fasses un effort, et je lui ai dit, ‘’Mgr, comprenez, il  s’agit ici d’une affaire financière’’, tout en finissant pas dire, ‘’Mgr, il n’y a pas de problème, il me paye tout de suite, et j’abandonne les intérêts’’. On me propose alors de payer par tranche, et non en un seul bloc. Et j’ai refusé. Mais Monseigneur  est encore rentré dans le jeu, et ils ont convenu de me payer sur deux ans. J’ai  alors dit à Monseigneur  que c’est par devoir de bonne foi que j’accepte cette proposition. Je leur  ai alors dit de me payer 70 % tout de suite et les 30 % au cours des deux ans retenus. Mais puisque cette affaire est déjà pendante devant le tribunal, je leur ai alors proposé de faire un protocole d’accord que nous soumettrons au tribunal. Ce qu’on a eu à faire depuis décembre 2013. Et le 04 janvier 2014, j’étais à la messe d’anniversaire de Me Ganyè à  Sèdjèdénou, de même que le chef de l’Etat.J’étais assis non loin de lui. Il y avait le garde du corps du Chef de l’Etat qui était à côté de moi. On a fini la messe et naturellement je ne l’ai pas salué parce que je ne peux pas dépasser le protocole pour aller le saluer, parce que c’est le Chef de l’Etat et il lui faut du respect. On était en public. Dans d’autres conditions sans protocole, je peux aller le saluer car jusqu’à l’heure où nous parlons, il reste et demeure le  chef de l’Etat. Quel que soit le problème que nous avons en commun, je dois le saluer en public. Je peux refuser d’aller le voir en privé mais  en public, je lui dois du respect.  Il m’a même envoyé un courrier pour dire que je ne l’ai pas salué. Mais quand je vois le chef de l’Etat, quel que soit le problème que nous avons en commun, je suis tenu de le saluer.  A la date d’aujourd’hui, il n’y a rien eu. C’est pourquoi je dis que je veux voir la suite du pardon du Chef de l’Etat.

« Moi, j’ai pardonné et je suis sincère »

A vrai dire, à partir du moment où on a eu à faire la table ronde, ils sont allés plus loin en me convoquant à la police. Vous me devez de l’argent et vous me convoquez à la police…..Après tout ça, vous venez dire que vraiment,  on vous a fait trop de mal. Les taux perdus en intérêts sont déjà plus de 6 milliards de francs CFA. Moi, j’ai pardonné et je suis sincère. Mais le pardon n’est pas un oubli. Si je pardonne et que je demande  quelque chose en même temps, qu’on ne me fait pas, c’est que c’est devenu faux puisque le pardon était conditionné,  vous me remboursez mon taux brut. Mais ça n’a pas été fait. Depuis ce temps, je ne parle plus avec le chef de l’Etat. J’ai perdu le contact. J’ai décidé de rester à l’écart, car je ne veux pas être comptable de mauvaise gestion. Je ne gère pas encore bien mon entreprise. Quand j’entends certains dire que c’est une responsabilité collective, je demande au nom de quoi ? Moi, je ne suis pas dedans. Mais je peux vous ajouter que le Chef de l’Etat a demandé à Monseigneur Ganyé de m’amener pour qu’on finisse cette histoire. Mais j’ai dit que moi je n’y vais pas et qu’il peut me tuer pour cela.  C’est parce que j’ai refusé qu’il a compris qu’en public, je n’ai pas voulu le saluer. J’ai demandé ce que j’irai faire avec le président de la république qui m’a dit qu’il reconnaît avoir mal fait et qu’il veut régler ça, mais ne le fait pas. Cela est en privé. Si c’est  public, avec ma charge, je suis obligé de répondre. Quand il s’agit d’une étincelle, j’ai le droit aussi de dire non. Ce n’est pas parce que c’est le chef de l’Etat. Même mon père quand, il me fera certaines choses, je vais le fuir…..C’est une façon de marquer sa défaite.  Si après m’avoir fait tout cela, sans rien comprendre,je vais encore me diriger vers lui ? Je dis non.

Ça fait des années que cette histoire dure. On a eu à se voir plusieurs fois pour ça, mais ça n’a pas été exécuté. Là, je me demande l’intérêt que j’ai à aller discuter encore avec lui.  En tout cas, si la justice attend 10 ans avant de délibérer, on attend. Si les entreprises qu’il essaie d’enterrer sont encore là, on verra. Mais qu’il sache qu’il est en train de faire du mal à tous ces employés, à  ceux que vous voyez et aux familles. Mais ça se paye. Moi, j’ai pardonné en tout cas, parce qu’on me l’a fait mais je continue de vivre. Et c’est parce que j’ai des employés qui m’ont aidé  pour que je sois là aujourd’hui que je continue. Mais c’est inacceptable.

Je dirai que quand il y a pardon, on essaye de régler les problèmes qu’il y a.  Quand il y a pardon, il y a possibilité de corriger les problèmes. C’est pourquoi, je dis même le pardon de Talon doit être suivi de tout et doit être réhabilité. C’est pourquoi, je dis que j’attends la suite du pardon….Ayant touché ma foi jusqu’à aller voir l’archevêque  et ne pas respecter ça, je dis qu’il ne reste rien…..D’autres entreprises auraient eu  le dixième des problèmes que j’ai eus, et elles auraient déjà fermé. Moi, je  remercie l’Eternel.

Vous savez très bien que, par rapport à la croissance économique, moi j’ai toujours mon franc-parler. Ce n’est pas ce que  les institutions de Bretton Woods viennent dire ici qui est important. Parce que  les documents qu’on leur donne, c’est sur cette base-là qu’ils font leurs calculs. Dans les documents qu’on leur a donnés, ils disent qu’on ne doit rien, qu’on n’a aucune dette intérieure. Mais nous tous savons qu’il y a des dettes intérieures. Qu’est-ce qu’une croissance ? Est-ce que la croissance se ressent sur la population aujourd’hui ? Depuis qu’on faisait l’émission, vous avez vu combien de fois il y a eu de coupures. C’est grave ! L’énergie électrique, c’est un facteur de croissance. Nous avons la fibre optique. Aujourd’hui, l’Internet est devenu un outil indispensable, même au plus petit garçon que nous avons. L’internet, c’est la pièce maitresse de tout développement. Nous avons la fibre optique. Mais nous sommes parmi les derniers à être à l’internet. Chez nous on travaille, pendant peut-être deux semaines, on n’a pas l’Internet. Est-ce que vous pensez qu’en n’ayant pas ce facteur-là, on peut atteindre une croissance de 5% ?

Avec l’avènement de Boni Yayi, on sent qu’à la tête du département des technologies et de la communication, il y a une volonté, un dynamisme qui a besoin de l’appui d’un certain nombre d’investisseurs,  de vous par exemple, des opérateurs économiques. Pourquoi n’initiez-vous pas de projets dans ce domaine-là, par exemple ?

Le problème, c’est qu’on ne peut pas initier de projet parce qu’on peut venir nous prendre ça encore de force.

 

Vous ne voulez plus rien investir dans votre pays ?

On est Béninois, on est obligé d’investir. Je vais vous dire ceci : vous avez vu, il parait qu’il y a une société qui est arrivée et il y a eu exonération, jusqu’aux intrants qui vont être utilisés. Mais nous, on est en train d’investir encore 5 milliards et dans les 5 milliards, on est en train d’assainir l’environnement. On fait des pavages de voies et dans tout ça, on n’a pas eu un centime d’exonération. C’est grave ce qui se passe.

 

Est-ce que le Gouvernement a peur de  mettre en place des mesures incitatives pour attirer les investisseurs ?

Je vais vous expliquer. Les mesures incitatives doivent être des mesures pour tous. Ça ne doit pas être des mesures à la tête du client. Pourquoi, moi, on ne me donne pas l’exonération et on la donne à un étranger ?

 

Peut-être parce que vous ne l’avez pas demandée ?

Je suis au Ghana. On ne demande pas l’exonération, les lignes sont tracées. Quand vous allez faire tel investissement, vous avez droit à telle exonération. Le ministre ne vous connaît même pas. Vous ne voyez personne. Les gens sont déjà là, tout est bien fait et là, ce n’est plus une question de dire ‘’ lui, on ne va pas lui donner l’exonération’’, comme si c’est leur argent. On construira notre pays comment ? Regardez, ça c’est la facture de la SBEE. Ils m’ont envoyé 150 millions de facture.

 

Vous êtes un grand consommateur

J’étais à 40 millions. Avec le délestage. C’est comme si on s’organise pour gruger les entreprises. 150 millions ! Nous avons les papiers et même si notre justice est sous le boisseau, on va  le faire quand même et on mettra sur leur responsabilité le fait de ne pas avoir rendu justice. On ne peut pas continuer comme ça. Ça veut dire quoi ? On veut m’éliminer. Ils ont tout fait et comme ça n’a pas pris, maintenant on envoie des factures de 150 millions.

 

Vous n’allez pas payer cette facture ?

Mais moi-là, je vais trouver ça où ? Vous savez ce que ça fait ?ça fait près de 2 milliards. 1milliard 800 millions pour l’année. Est-ce que je gagne ça ? Nous devons payer les charges, payer les employés et tout. Maintenant, comme je ne suis pas encore mort, on m’envoie des factures de 150 millions. Je ne vais pas me laisser faire. Vous avez vu ce qui se passe avec Benin Control ? Il faut faire des contrats. Les chefs d’entreprises, faites bien vos contrats, la vérité jaillira toujours.

 

Qu’est-ce que l’instabilité fait perdre au pays ?

Je viens de vous donner l’exemple ? Je viens de recevoir 150 millions alors que j’ai utilisé des groupes électrogènes? Certains vous disent ‘’Assassinez-les, les entreprises qui travaillent-là, assassinez-les’’.

 

Pourquoi êtes-vous toujours dépendant de cette énergie, pourquoi ne prenez-vous pas votre liberté en termes d’énergie électrique ?

C’est ce que nous sommes en train de faire. Nous serons obligés de prendre notre indépendance énergétique. Vous savez, j’aurais bien voulu faire les turbines à gaz. Les turbines à gaz de Maria Gléta, c’était nous qui devions faire ça en privé.

Qu’est-ce qui vous empêche de le faire maintenant ?

Parce que vous devez demander des autorisations encore à l’Etat et ça peut être un blocage.

Le Chef de l’Etat est sorti dernièrement et a fait appel aux investisseurs…

Mais comment voulez-vous faire un contrat avec l’Etat qui demain peut vous dessaisir ? Devant vous ça se passe non ?

Finalement, c’est une bonne excuse, cette affaire de Benin Control ?

Ce n’est pas aux étrangers de venir investir chez vous. Si vous voyez un étranger venir, c’est qu’ils lui ont  donné même peut-être le sous-sol, ils ont tout donné.  Sinon, quelle est l’attractivité du Bénin ? L’environnement juridique est pourri, le braquage avec la fiscalité. On peut vous sortir.

On est quand même en démocratie au Bénin, M. Ajavon ?

Quelle démocratie ? C’est ça ? Si c’est ce que vous appelez démocratie…

Vous vous exprimez-là…

On ne peut pas tout nous prendre. On doit lutter pour qu’on ne nous prenne pas tout. Et c’est notre liberté qui nous reste qu’on est en train d’utiliser. Je paie pour l’Ortb. Vous avez vu dans la loi de finances-là, ils ont mis de l’argent qu’on paie, mais je n’ai pas le droit d’aller m’exprimer sur l’Ortb. C’est comme si c’était devenu une chaîne privée.

On va vous laisser conclure

Je dirais simplement qu’il ya longtemps que je n’ai plus parlé, parce que je laisse le Gouvernement travailler, et moi aussi je fais mon travail, de mon côté. Je voudrais demander au Chef de l’Etat, à l’heure où nous parlons encore, de persévérer dans sa ligne de pardon et de joindre l’acte à la parole. Il ne suffit pas de dire ‘’je pardonne’’ et ne pas joindre l’acte à la parole, et de ne plus permettre à ceux qui vivent de ça de continuer d’en vivre .Ceux qui travaillent doivent vivre de leur travail. Vraiment, je l’implore et j’implore notre Seigneur de lui venir en aide pour qu’il comprenne qu’enfin il faut calmer les choses parce que toute attaque mérite réplique et ce n’est pas bien pour notre pays.

 

Le président Ajavon en politique, est-ce que c’est vrai ?

Ce que j’ai fait toute ma vie, ce sont les affaires. Vous avez vu que je ne veux même pas aller faire de contrat avec l’Etat. Est-ce que quelqu’un qui est formaté comme ça peut aller faire de la politique ? La politique, quand on vous dit qu’ils sont à droite, il faut savoir que peut-être c’est au milieu qu’ils sont en train de passer ou à gauche. Chacun a son métier et Dieu a déjà fait ses œuvres.

Entretien réalisé par Canal3, Golfe Tv et Soleil Fm

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